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LOT 28

A Louis XIV Commode attributed to Noël Gérard

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COMMODE D'ÉPOQUE LOUIS XIV Attribuée à Noël Gérard
En placage de bois noirci, incrustations de laiton, étain, écaille et corne teintée, ornementation de bronze ciselé et vernis, le plateau orné au centre d'un médaillon à décor d'une scène champêtre animée d'une rivière inscrit dans une réserve, la façade bombée ouvrant par six tiroirs sur quatre rangs, les chutes à motif de mufle de lion et rinceaux, les entrées de serrure à motif de sphinges adossées, les pieds à enroulement d'acanthe ; petits accidents
H. : 83,5 cm (32 3/4 in.)
l. : 134 cm (52 3/4 in.)
P. : 61,5 cm (24 1/4 in.)

A Louis XIV gilt-varnish mounted, ebonised, tin, tortoiseshell, horn and brass-inlaid commode, attributed to Noel Gerard

Cette commode d'aspect bombé ouvre à six tiroirs disposés en quatre rangs, dont trois sur toute la largeur et trois autres plus petits à la partie inférieure. Elle est entièrement recouverte en marqueterie en contrepartie de laiton, et d'écaille rehaussée de nacre et de corne polychrome et présente un décor de rinceaux, de vases de fleurs et de palmettes sur le corps, alors que le plateau bombé en façade est cintré par une réserve ovale, qui renferme un paysage avec un édifice, des personnages et des chevaliers au bord d'une rivière, le tout animé par des oiseaux, des insectes en vol et de volutes finissant avec des mascarons représentés de profil. Le plateau est ceint par un quart-de-rond mouluré de cuivre, alors que les montants sont parés d'importantes chutes ornées de rinceaux d'acanthe à jour et de protomés de lion exécutés en bronze doré, ainsi que les sabots, les entrées de serrure dont trois sont cantonnées de sphinges, les mains à rosaces tournoyantes et la petite agrafe de tablier à rosace entourée de volutes et de feuilles d'acanthe.

Notre commode appartient à un groupe formé par plusieurs commodes de ce modèle, dit "à pont", soit à deux, à trois, ou à quatre rangs de tiroirs, lequel, selon Pierre Grand (1), pourrait être relié au commerce du marchand ébéniste Noël Gérard. En effet, deux commodes en sarcophage ou à la Régence à deux tiroirs recouvertes en marqueterie de laiton et d'écaille, l'une de l'ancienne collection Kotschoubey (2) et l'autre vendue à Monaco (3) (fig. 1), sont identiques pour la forme et pour la parure de bronzes à une commode en bois de placage, autrefois dans la collection de Madame Camoin (4) et portant l'estampille N.G., identifiée par Alexandre Pradère (5) comme étant celle de Noël Gérard.

Or, les deux premières commodes à revêtement de cuivre et de laiton présentent le même décor marqueté et les mêmes bronzes que la nôtre et que l'ensemble du groupe de commodes " à pont " : on retrouve ainsi les chutes très amples en bronze décorées de mufles de lion, aussi bien que les mêmes rinceaux marquetés sur les tiroirs en façade. La plupart d'entre elles sont dotés de trois rangs de tiroirs (6), et une seule, en première partie (7), est munie, comme la nôtre, de quatre rangs de tiroirs (fig. 2).

Parmi les commodes à trois rangs de tiroirs conservées, seulement deux sont recouvertes en marqueterie en contrepartie, l'une au château de Versailles (8), la seconde dans le commerce de l'art parisien (9), cette dernière estampillée F.L. pour François Lieutaud (Fig. 3-4).

La présence de l'estampille de Lieutaud sur une commode de cette série associée à l'aspect très répétitif des motifs marquetés sur toutes les autres, soit à deux, à trois ou à quatre tiroirs, indique que derrière cette production, confiée de toute évidence à plusieurs ateliers d'ébénistes parisiens, se trouvait un même marqueteur, vraisemblablement Toussaint Devoye (?1753) et surtout un même commanditaire, en l'occurrence le marchand-ébéniste Noël Gérard, comme l'a démontré Pierre Grand. Devoye, qui avait réalisé avant 1720 des marqueteries pour Nicolas Sageot, fournissait aussi un autre ébéniste, Pierre Moulin, qui avait épousé en 1712 la belle-s?ur de Noël Gérard, avec lequel tous les deux entretenaient des relations de travail. Rappelons qu'à son décès en 1736, Noël Gérard possédait l'un de plus importants commerces d'ébénisterie et d'objets de luxe de Paris, qu'il avait installé dans les années 1720, à l'enseigne du "Magasin Général", dans l'ancien hôtel du collectionneur Jabach, rue neuve Saint-Merry. Pendant les dernières années de sa vie, il concentrait tout l'effort dans la direction de son activité de marchand, ayant vraisemblablement réduit considérablement le travail d'ébéniste. Hormis quelques pièces, son inventaire après décès ne fait ainsi était ni de meubles recouverts de cuivre et d'écaille, ni d'outils de marqueterie. Plusieurs commodes y sont inventoriées, mais elles sont toutes recouvertes en bois de placage ou en bois noirci. Cependant, rien n'empêche de penser que Gérard avait déjà écoulé par le biais de son commerce des commodes en marqueterie de cuivre et d'écaille, soit livrées par Sageot avant sa cessation d'activité en 1720, soit produites par Pierre Moulin, ou bien par François Lieutaud, soit, enfin, exécutées dans son propre atelier et recouvertes de décors marquetés par Toussaint Devoye lui-même, que ce dernier produisait en nombre.

(1) Pierre Grand, Le mobilier Boulle et les ateliers de l'époque, "L'Estampille-l'Objet d'art", 266, février 1993, p. 48-70.
(2) Vente, Paris, Mes Lair-Dubreuil, 13-16 juin 1906, n°382, puis, vente, Paris, 23 mars 1982, n°100.
(3) Sotheby Parke Bernet, 25-26 juin 1983, n°290.
(4) Vente, Paris, Drouot, 2 avril 1987, n°133 ; une autre commode similaire recouverte en placage de bois, mais pas estampillée, vente, Paris, Me Kohn, 13 décembre 2001, n°12.
(5) "Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution", Paris, Eds. du Chêne, 1989, p. 110-114.
(6) Sotheby's, Londres, 26 juin 1953, n°117, Sotheby's, Monaco, 3 mars 1990, n°247, Christie's, Londres, 10 juin 1993, n°66, Christei's, New York, 19 mai 2005, n°131, puis Christie's, New York, 20 avril 2007, n°141, enfin, une autre avec des chutes d'un modèle différent était présentée en 1998 à la Biennale des Antiquaire de Paris par la galerie Gérard Orts.
(7) Christie's, Paris, 21 juin 2006, n°224.
(8) Inv. OA 5097.
(9) Présentée en 2016 à la BRAFA par la galerie Léage, Paris.

Veuillez noter que l'estimation de ce lot est de 150.000-200.000 ?, et non 100.000-150.000 ? comme indiqué au catalogue.
Please note that the estimtate for this lot is 150.000-200.000 ?, not 100.000-150.000 ? as stated in the catalog.

Estimation 150 000 - 200 000 ?

Sold 195,000 ?
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21 May 2019
France
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COMMODE D'ÉPOQUE LOUIS XIV Attribuée à Noël Gérard
En placage de bois noirci, incrustations de laiton, étain, écaille et corne teintée, ornementation de bronze ciselé et vernis, le plateau orné au centre d'un médaillon à décor d'une scène champêtre animée d'une rivière inscrit dans une réserve, la façade bombée ouvrant par six tiroirs sur quatre rangs, les chutes à motif de mufle de lion et rinceaux, les entrées de serrure à motif de sphinges adossées, les pieds à enroulement d'acanthe ; petits accidents
H. : 83,5 cm (32 3/4 in.)
l. : 134 cm (52 3/4 in.)
P. : 61,5 cm (24 1/4 in.)

A Louis XIV gilt-varnish mounted, ebonised, tin, tortoiseshell, horn and brass-inlaid commode, attributed to Noel Gerard

Cette commode d'aspect bombé ouvre à six tiroirs disposés en quatre rangs, dont trois sur toute la largeur et trois autres plus petits à la partie inférieure. Elle est entièrement recouverte en marqueterie en contrepartie de laiton, et d'écaille rehaussée de nacre et de corne polychrome et présente un décor de rinceaux, de vases de fleurs et de palmettes sur le corps, alors que le plateau bombé en façade est cintré par une réserve ovale, qui renferme un paysage avec un édifice, des personnages et des chevaliers au bord d'une rivière, le tout animé par des oiseaux, des insectes en vol et de volutes finissant avec des mascarons représentés de profil. Le plateau est ceint par un quart-de-rond mouluré de cuivre, alors que les montants sont parés d'importantes chutes ornées de rinceaux d'acanthe à jour et de protomés de lion exécutés en bronze doré, ainsi que les sabots, les entrées de serrure dont trois sont cantonnées de sphinges, les mains à rosaces tournoyantes et la petite agrafe de tablier à rosace entourée de volutes et de feuilles d'acanthe.

Notre commode appartient à un groupe formé par plusieurs commodes de ce modèle, dit "à pont", soit à deux, à trois, ou à quatre rangs de tiroirs, lequel, selon Pierre Grand (1), pourrait être relié au commerce du marchand ébéniste Noël Gérard. En effet, deux commodes en sarcophage ou à la Régence à deux tiroirs recouvertes en marqueterie de laiton et d'écaille, l'une de l'ancienne collection Kotschoubey (2) et l'autre vendue à Monaco (3) (fig. 1), sont identiques pour la forme et pour la parure de bronzes à une commode en bois de placage, autrefois dans la collection de Madame Camoin (4) et portant l'estampille N.G., identifiée par Alexandre Pradère (5) comme étant celle de Noël Gérard.

Or, les deux premières commodes à revêtement de cuivre et de laiton présentent le même décor marqueté et les mêmes bronzes que la nôtre et que l'ensemble du groupe de commodes " à pont " : on retrouve ainsi les chutes très amples en bronze décorées de mufles de lion, aussi bien que les mêmes rinceaux marquetés sur les tiroirs en façade. La plupart d'entre elles sont dotés de trois rangs de tiroirs (6), et une seule, en première partie (7), est munie, comme la nôtre, de quatre rangs de tiroirs (fig. 2).

Parmi les commodes à trois rangs de tiroirs conservées, seulement deux sont recouvertes en marqueterie en contrepartie, l'une au château de Versailles (8), la seconde dans le commerce de l'art parisien (9), cette dernière estampillée F.L. pour François Lieutaud (Fig. 3-4).

La présence de l'estampille de Lieutaud sur une commode de cette série associée à l'aspect très répétitif des motifs marquetés sur toutes les autres, soit à deux, à trois ou à quatre tiroirs, indique que derrière cette production, confiée de toute évidence à plusieurs ateliers d'ébénistes parisiens, se trouvait un même marqueteur, vraisemblablement Toussaint Devoye (?1753) et surtout un même commanditaire, en l'occurrence le marchand-ébéniste Noël Gérard, comme l'a démontré Pierre Grand. Devoye, qui avait réalisé avant 1720 des marqueteries pour Nicolas Sageot, fournissait aussi un autre ébéniste, Pierre Moulin, qui avait épousé en 1712 la belle-s?ur de Noël Gérard, avec lequel tous les deux entretenaient des relations de travail. Rappelons qu'à son décès en 1736, Noël Gérard possédait l'un de plus importants commerces d'ébénisterie et d'objets de luxe de Paris, qu'il avait installé dans les années 1720, à l'enseigne du "Magasin Général", dans l'ancien hôtel du collectionneur Jabach, rue neuve Saint-Merry. Pendant les dernières années de sa vie, il concentrait tout l'effort dans la direction de son activité de marchand, ayant vraisemblablement réduit considérablement le travail d'ébéniste. Hormis quelques pièces, son inventaire après décès ne fait ainsi était ni de meubles recouverts de cuivre et d'écaille, ni d'outils de marqueterie. Plusieurs commodes y sont inventoriées, mais elles sont toutes recouvertes en bois de placage ou en bois noirci. Cependant, rien n'empêche de penser que Gérard avait déjà écoulé par le biais de son commerce des commodes en marqueterie de cuivre et d'écaille, soit livrées par Sageot avant sa cessation d'activité en 1720, soit produites par Pierre Moulin, ou bien par François Lieutaud, soit, enfin, exécutées dans son propre atelier et recouvertes de décors marquetés par Toussaint Devoye lui-même, que ce dernier produisait en nombre.

(1) Pierre Grand, Le mobilier Boulle et les ateliers de l'époque, "L'Estampille-l'Objet d'art", 266, février 1993, p. 48-70.
(2) Vente, Paris, Mes Lair-Dubreuil, 13-16 juin 1906, n°382, puis, vente, Paris, 23 mars 1982, n°100.
(3) Sotheby Parke Bernet, 25-26 juin 1983, n°290.
(4) Vente, Paris, Drouot, 2 avril 1987, n°133 ; une autre commode similaire recouverte en placage de bois, mais pas estampillée, vente, Paris, Me Kohn, 13 décembre 2001, n°12.
(5) "Les ébénistes français de Louis XIV à la Révolution", Paris, Eds. du Chêne, 1989, p. 110-114.
(6) Sotheby's, Londres, 26 juin 1953, n°117, Sotheby's, Monaco, 3 mars 1990, n°247, Christie's, Londres, 10 juin 1993, n°66, Christei's, New York, 19 mai 2005, n°131, puis Christie's, New York, 20 avril 2007, n°141, enfin, une autre avec des chutes d'un modèle différent était présentée en 1998 à la Biennale des Antiquaire de Paris par la galerie Gérard Orts.
(7) Christie's, Paris, 21 juin 2006, n°224.
(8) Inv. OA 5097.
(9) Présentée en 2016 à la BRAFA par la galerie Léage, Paris.

Veuillez noter que l'estimation de ce lot est de 150.000-200.000 ?, et non 100.000-150.000 ? comme indiqué au catalogue.
Please note that the estimtate for this lot is 150.000-200.000 ?, not 100.000-150.000 ? as stated in the catalog.

Estimation 150 000 - 200 000 ?

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21 May 2019
France
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