GEORGES REMI DIT HERGÉ (1907-1983) Le Sceptre... - Lot 1 - Art Research Paris
GEORGES REMI DIT HERGÉ (1907-1983) Le Sceptre d'Ottokar Double planche trait originale, numérotée 50, des pages 97 et 98 du Sceptre d'Ottokar, version noir et blanc, figurant sur la même feuille de papier à dessin et parues dans le Petit Vingtième du 20 juillet 1939. Encre de Chine, rehauts de gouache blanche, aquarelle bleue et traces de mine de plomb du crayonné gommées. Traces d'un dessin de Milou effacé dans la marge gauche. Signée. H 39.8 x L 60 cm Historique : Ces deux planches parurent d'abord dans le journal Le Petit « Vingtième », daté du 20 juillet 1939. Provenance et état : Double planche en parfait état de conservation. Collection particulière, depuis 45 ans. Conservée à l'abri de la lumière, entre des feuilles de papier non acide. Certificat : Cette double planche est accompagnée de son certificat délivré par le Comité d'Authentification des Studios Hergé en date du 7 Mai 2023. Tout l'art de Hergé en deux pages Voici sans conteste une des plus belles doubles planches de l'Aventure de Tintin « Le Sceptre d'Ottokar », prépubliée du 4 août 1938 au 10 août 1939 dans Le Petit « Vingtième ». L'oeuvre présentée est entièrement de la main de Hergé. Les deux pages juxtaposées sur une grande feuille de papier à dessin concentrent de multiples éléments-clés de cette Aventure de Tintin. Elles permettent aussi de mieux appréhender la position de l'auteur à ce moment crucial de l'histoire de l'Europe. Et surtout, elles exposent une très large palette d'expressions des personnages qui s'étend de la colère à la joie en passant par la surprise, l'interrogation et l'autorité. Tintin en 1939 est un personnage abouti sous la plume de Hergé. Son père spirituel a trouvé la voie qu'il suivra dorénavant, sans les maladresses de ces débuts, sans l'aide de Tchang comme pour « Le Lotus bleu », sans les tâtonnements de ces albums précédents. La ligne à suivre est là, claire et nette. Contexte historique Le scénario de l'oeuvre de Hergé, le « Sceptre d'Ottokar » est le compte rendu d'un Anschluss manqué. Inspiré par l'histoire de l'Europe en cours d'écriture, ce scénario se rapproche bien plus que prévu de l'actualité de l'époque. La Syldavie n'est autre que l'Albanie, son dirigeant, le roi Ottokar, se trouve trahi par Müsstler, nom composé bâti sur Mussolini-Hitler, chef de la garde d'acier. Hergé insistera beaucoup auprès de son éditeur Casterman pour que l'album paraisse avant la fin de l'année 1939. Dans une lettre datée du 12 juin 1939 il interpellera son ami Charles Lesne, directeur éditorial : « Si tu as un peu suivi l'histoire, tu verras qu'elle est tout à fait basée sur l'actualité. La Syldavie, c'est l'Albanie. Il se prépare une annexion en règle. Si l'on veut profiter du bénéfice de l'actualité, c'est le moment ou jamais. » Lorsque cette double planche paraît dans le numéro du Petit « Vingtième » daté du 20 juillet 1939, qui reprend en couverture la scène mythique de l'arrivée de Milou dans la salle du palais, les troupes de Hitler ont en effet déjà envahi à la mi-mars une grande partie de la Tchécoslovaquie (la Bohème et la Moravie). Mussolini, de son côté, a mené une campagne militaire contre l'Albanie début avril, et le décret d'annexion de ce petit pays par l'Italie a été signé le 12 avril, après une campagne d'invasion de moins d'une semaine. Le 22 mai (jour d'anniversaire de Hergé !), un accord d'assistance mutuelle entre l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste est signé. C'est dire à quel point la parution de ces planches qui désignent le (les) coupable(s) des troubles de cette région du Monde — eh oui, Müsstler — colle à l'actualité. Une première publication de l'album paraîtra en novembre 1939, mais malheureusement l'invasion de la Pologne le 1er septembre 1939, qui déclenche la seconde guerre mondiale et provoque une pénurie de papier, limitera le tirage, et la production ne reprendra qu'en 1941. Planche de gauche : Milou et le sceptre Cette scène célébrissime, dernière péripétie de l'odyssée du sceptre, constitue en elle-même une histoire dans l'histoire. Toutes les facettes de l'expressivité du dessin de Hergé apparaissent ici : Les différentes expressions de Milou, l'apparition dans un phylactère de Tintin en colère brandissant des éclairs, le montage cinématographique par lequel on peut apprécier entre les cases 2 et 3 le subtil changement de point de vue qui se répercute jusqu'aux buissons d'arrière-plan, et le départ hors-champ de Milou avec le sceptre. Dans cette séquence à la gloire de Milou, il faut aussi noter deux exceptions notables à l'encadrement habituel des textes et des pensées : le phylactère dans lequel Tintin apparaît menaçant est en forme de nuage, soulignant une construction de l'imagination de Milou ; le foisonnement des points d'interrogation sans cadre au-dessus de la triple tête de Milou en proie
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GEORGES REMI DIT HERGÉ (1907-1983) Le Sceptre d'Ottokar Double planche trait originale, numérotée 50, des pages 97 et 98 du Sceptre d'Ottokar, version noir et blanc, figurant sur la même feuille de papier à dessin et parues dans le Petit Vingtième du 20 juillet 1939. Encre de Chine, rehauts de gouache blanche, aquarelle bleue et traces de mine de plomb du crayonné gommées. Traces d'un dessin de Milou effacé dans la marge gauche. Signée. H 39.8 x L 60 cm Historique : Ces deux planches parurent d'abord dans le journal Le Petit « Vingtième », daté du 20 juillet 1939. Provenance et état : Double planche en parfait état de conservation. Collection particulière, depuis 45 ans. Conservée à l'abri de la lumière, entre des feuilles de papier non acide. Certificat : Cette double planche est accompagnée de son certificat délivré par le Comité d'Authentification des Studios Hergé en date du 7 Mai 2023. Tout l'art de Hergé en deux pages Voici sans conteste une des plus belles doubles planches de l'Aventure de Tintin « Le Sceptre d'Ottokar », prépubliée du 4 août 1938 au 10 août 1939 dans Le Petit « Vingtième ». L'oeuvre présentée est entièrement de la main de Hergé. Les deux pages juxtaposées sur une grande feuille de papier à dessin concentrent de multiples éléments-clés de cette Aventure de Tintin. Elles permettent aussi de mieux appréhender la position de l'auteur à ce moment crucial de l'histoire de l'Europe. Et surtout, elles exposent une très large palette d'expressions des personnages qui s'étend de la colère à la joie en passant par la surprise, l'interrogation et l'autorité. Tintin en 1939 est un personnage abouti sous la plume de Hergé. Son père spirituel a trouvé la voie qu'il suivra dorénavant, sans les maladresses de ces débuts, sans l'aide de Tchang comme pour « Le Lotus bleu », sans les tâtonnements de ces albums précédents. La ligne à suivre est là, claire et nette. Contexte historique Le scénario de l'oeuvre de Hergé, le « Sceptre d'Ottokar » est le compte rendu d'un Anschluss manqué. Inspiré par l'histoire de l'Europe en cours d'écriture, ce scénario se rapproche bien plus que prévu de l'actualité de l'époque. La Syldavie n'est autre que l'Albanie, son dirigeant, le roi Ottokar, se trouve trahi par Müsstler, nom composé bâti sur Mussolini-Hitler, chef de la garde d'acier. Hergé insistera beaucoup auprès de son éditeur Casterman pour que l'album paraisse avant la fin de l'année 1939. Dans une lettre datée du 12 juin 1939 il interpellera son ami Charles Lesne, directeur éditorial : « Si tu as un peu suivi l'histoire, tu verras qu'elle est tout à fait basée sur l'actualité. La Syldavie, c'est l'Albanie. Il se prépare une annexion en règle. Si l'on veut profiter du bénéfice de l'actualité, c'est le moment ou jamais. » Lorsque cette double planche paraît dans le numéro du Petit « Vingtième » daté du 20 juillet 1939, qui reprend en couverture la scène mythique de l'arrivée de Milou dans la salle du palais, les troupes de Hitler ont en effet déjà envahi à la mi-mars une grande partie de la Tchécoslovaquie (la Bohème et la Moravie). Mussolini, de son côté, a mené une campagne militaire contre l'Albanie début avril, et le décret d'annexion de ce petit pays par l'Italie a été signé le 12 avril, après une campagne d'invasion de moins d'une semaine. Le 22 mai (jour d'anniversaire de Hergé !), un accord d'assistance mutuelle entre l'Allemagne nazie et l'Italie fasciste est signé. C'est dire à quel point la parution de ces planches qui désignent le (les) coupable(s) des troubles de cette région du Monde — eh oui, Müsstler — colle à l'actualité. Une première publication de l'album paraîtra en novembre 1939, mais malheureusement l'invasion de la Pologne le 1er septembre 1939, qui déclenche la seconde guerre mondiale et provoque une pénurie de papier, limitera le tirage, et la production ne reprendra qu'en 1941. Planche de gauche : Milou et le sceptre Cette scène célébrissime, dernière péripétie de l'odyssée du sceptre, constitue en elle-même une histoire dans l'histoire. Toutes les facettes de l'expressivité du dessin de Hergé apparaissent ici : Les différentes expressions de Milou, l'apparition dans un phylactère de Tintin en colère brandissant des éclairs, le montage cinématographique par lequel on peut apprécier entre les cases 2 et 3 le subtil changement de point de vue qui se répercute jusqu'aux buissons d'arrière-plan, et le départ hors-champ de Milou avec le sceptre. Dans cette séquence à la gloire de Milou, il faut aussi noter deux exceptions notables à l'encadrement habituel des textes et des pensées : le phylactère dans lequel Tintin apparaît menaçant est en forme de nuage, soulignant une construction de l'imagination de Milou ; le foisonnement des points d'interrogation sans cadre au-dessus de la triple tête de Milou en proie
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