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JULES WIÈSE POUR FRANCOIS-DESIRÉ FROMENT-MEURICE D’APRÈS JAMES PRADIER, BRACELET À CASSOLETTE NÉO-RENAISSANCE RUBIS, PERLES FINES ET ÉMAIL

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Oval and cabochons rubies, round natural pearl measuring approximately 7.9-8.0 x 7.8 mm and blister half natural pearl measuring approximately 8.0 x 7.0 x 3.3 cm, bright green enamel, 18k yellow gold and silver (customs mark), circa 1845, maker’s mark (Jules Wièse)
LFG, 2022, no.393152: rounded freshwater natural pearl measuring approximately 7.9-8.0 mm, no indication of treatment, half-drilled
Size/Dimensions: continuous inner circumference 17.5 cm, width 3.8 cm
Gross weight: 152.2 grams
Realised by Jules Wièse (1818-1890), head of the workshop of François-Désiré Froment-Meurice (goldsmith, 1801-1855), after a model created by James Pradier (sculptor, 1790-1852), a unique artwork, a true masterpiece, the last model to be offered at auction, the other five variants are presented at the Musée des Arts Décoratifs (France), at the Château de Compiègne (France), at the Pforzheim Schmuckmuseum (Germany) and in two private collecctions.

With a delicate gesture, one of the women is about to open a box while the other looks longingly at what it will reveal. Alluding to Pandora's box, the cassolette originally held a grid holding a sponge previously soaked in perfume or vinegar, whose vapours palliated the tight corsets and the heat of the salons.

There is no doubt that this historical piece will seduce lovers of Neo-Renaissance jewellery.

D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum, P.Ennès, Un Âge d’Or des Arts Décoratifs 1814-1848, R.M.N Edition, 1991, Paris, Fig.207, p. 372 for a similar bracelet.
Pradier intime, bijoux et camées, Michèle Heuzé, L’Objet d’art Magazine, n°380, May 2003, p.77.
Cf. H. Vever, La Bijouterie Française au XIXe siècle, Tome I : Consulat, Empire, Restauration, Louis-Philippe, 1800-1850, Paris, H. Floury Libraire-Editeur, p.166 for a similar bracelet.

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UN NOUVEL EXEMPLAIRE DU BRACELET ICONIQUE DE FRANCOIS-DESIRE FROMENT-MEURICE (1802-1855), par Evelyne Possémé

Fils de l’orfèvre François Froment établi en 1792, François-Désiré apprend le métier chez son père, puis entre à seize ans en apprentissage chez le ciseleur Lenglet, pour ensuite travailler avec Pierre Meurice, le second mari de sa mère, tout en suivant parallèlement des cours de dessin et de sculpture. En 1832, il reprend la direction de la maison familiale et adopte le double nom Froment-Meurice. Il se fait connaître dès 1839 en obtenant deux médailles d’argent pour l’orfèvrerie et la bijouterie à l’Exposition de l’Industrie où il expose un service à thé pour le Shah de Perse dans le style du XVIe siècle.

L’art romantique fait alors redécouvrir aux Français leur histoire nationale et particulièrement le Moyen Age et la Renaissance. Les sujets tirés des romans de Victor Hugo et d’Alexandre Dumas envahissent les arts décoratifs et la bijouterie. Les orfèvres et les bijoutiers – Fauconnier, Wagner, Morel, Rudolphi – font appel aux sculpteurs – Pradier, Klagmann, Feuchères ou Cavelier – pour rendre vie à tous ces personnages de roman. Orfèvre par excellence de cette époque, l’art de Froment-Meurice est loué par Balzac, Eugène Sue, Victor Hugo qui salue en lui le « statuaire du bijou ». A une époque où le rôle de la sculpture dans l’orfèvrerie et la bijouterie est devenu primordial, Théophile Gautier nous apprend que « Pradier, David d’Angers, Feuchères, Cavelier, Préault, Schoenewerk, Pascal, Rouillard ont été traduits en or, en argent, en fer oxydé par Froment-Meurice. Il a réduit leurs statues en épingles, en pommes de cannes, en candélabres, en pieds de coupes, les entourant de rinceaux d’émail et de fleurs de pierreries, faisant tenir à la Vérité un diamant pour miroir, donnant des ailes de saphir aux anges, des grappes de rubis aux Erigones. »

Ainsi Froment-Meurice crée des œuvres originales inspirées de la Renaissance et du Moyen Age gothique. A l’Exposition de l’Industrie de 1844, il présente des broches et des bracelets à sujet, intitulés Esmeralda, Jeanne d’Arc, une bague Ange gardien, une autre Naïades modelée par le sculpteur James Pradier, également auteur de ce fameux bracelet dont un exemplaire conservé au musée des Arts décoratifs à Paris porte la double signature et la date de 1841, rare exemple d’un bijou daté et signé comme une sculpture à part entière. Ce bracelet est devenu iconique parce qu’il est une des meilleures illustrations de cette collaboration entre bijoutier-orfèvre et sculpteur à l’époque romantique.

Le bracelet représente deux femmes en argent, allongées sur des peaux de lions de part et d’autre d’un coffret émaillé, boîte de Pandore faisant office de vinaigrette. Ces cassolettes sont appelées vinaigrettes car elles contiennent une grille ajourée qui permettait de retenir une petit éponge imbibée de vinaigre balsamique dont l’inhalation permettait aux femmes élégantes de lutter contre les évanouissements. Ce vinaigre, lors des bals et des soirées, pouvait être conservé à portée de la main dans des flacons, des bagues à anneau creux ou dans des flacons-bagues que la femme pouvait tenir dans le creux de sa main gantée.

L’orfèvre fut le premier à réintroduire dans le bijou le corps de la femme déclenchant à l’époque une importante polémique sur l’utilisation de la représentation du corps humain dans la bijouterie, elle-même destinée à parer le corps ou la toilette féminine. Pourtant en agissant ainsi, il ne faisait que s’inspirer des ornemanistes de la Renaissance. Les deux femmes à moitié nues alanguies sur les dépouilles de fauves reprennent la position des figures de Michel-Ange pour le tombeau des Médicis à Florence et leurs corps longilignes reprennent les stéréotypes établis par le peintre italien Le Primatice pour la décoration du château de Fontainebleau. Ce qui cependant a pu troubler à l’époque est que les figures ne sont plus des allégories mais la représentation de femmes de l’époque avec leurs coiffures en bandeaux et leurs chignons bas.

Daté de 1841 et présentant un décor très spécifique, ce modèle de bracelet n’apparaît pourtant dans aucune des participations de François-Désiré Froment-Meurice aux Expositions de l’Industrie de son temps (1839, 1844 et 1849) ou aux premières Expositions universelles (1851 et 1855 à titre posthume). Philippe Burty, dans son ouvrage consacré à l’orfèvre, décrit à l’exposition de 1844 « un bracelet Renaissance avec figurines et tresses à jour » : les tresses à jour peuvent être rapprochées du corps de bracelet en forme de rameaux fleuris du bracelet de Pforzheim mais aucun dessin ou reproduction d’époque ne peut nous donner une idée de ce bracelet présenté en 1844.

A ce jour, cinq variantes de ce bracelet sont identifiées : trois se trouvent dans des collections publiques : musée des Arts décoratifs à Paris, musée national du château de Compiègne et Schmuckmuseum de Pforzheim en Allemagne ; deux dans des collections privées dont celui présenté aujourd’hui à la vente par la maison Christies. Deux sont signés et datés : celui du musée des Arts décoratifs (Pradier/Statuaire/FD Froment-Meurice/Orfèvre/1841) et celui d’une collection privée (Pradier/Statuaire/Ed. Froment-Meurice). La différence de signature et la mention à l’intérieur de l’écrin indique que ce dernier a sans doute été réédité par le fils de François-Désiré Froment-Meurice à partir de son installation en 1867. Ces deux bracelets ainsi que ceux de Compiègne et Pforzheim portent tous les quatre le poinçon de Jules Wiese insculpté en 1844 au moment où celui-ci installe son propre atelier, après avoir été le chef d’atelier de François-Désiré Froment-Meurice pour lequel il continuera néanmoins à travailler.

Si la sculpture et la ciselure des figures féminines sont exceptionnelles sur quatre des bracelets (musée des Arts décoratifs, Pforzheim et les deux collections privées), il n’en ai pas de même sur celui de Compiègne : les traits des visages des femmes sont à peine esquissés tandis que la surface des corps en argent présente des accidents et des enfoncements surprenants. Les différences entre les différents modèles portent sur des détails d’ornementation au niveau du coffret – émaillé avec ou sans pierres – sur le traitement de la charnière – avec ou sans fleur pour celui du musée des Arts décoratifs – avec le rajout de feuilles de lierre émaillées en vert sur les deux bracelets en collections privées et bien sûr le bracelet en rinceaux fleuris – émail, pierres et perles – et ajouré du musée de Pforzheim.

A partir de ces observations, il semble que la date de 1841 soit celle du modèle fourni par le sculpteur James Pradier, comme l’indique Michèle Heuzé dans son article. Pour la fabrication, quatre de ces exemplaires portant le poinçon de Jules Wiese déposé en 1844, ils ne peuvent donc être datés qu’après cette date, entre 1844 et 1866, même si le modèle a pu être repris par le fils de François-Désiré, Emile Froment-Meurice, comme nous l’indique l’exemplaire privé portant la signature Ed. Froment-Meurice et conservé dans son écrin d’origine portant l’adresse du « 48 rue d’Anjou », magasin ouvert par Emile en 1867. Quant à l’exemplaire mis en vente chez Christies, s’il ne porte aucune signature et poinçon de fabricant, il présente le même décor de feuilles de vigne émaillées que celui édité par Emile Froment-Meurice.

Deux exemplaires, celui de Compiègne et celui de la vente Christies, ont un historique presque similaire qui porte témoignage du milieu artistique et des amitiés littéraires du sculpteur et de l’orfèvre dont le demi-frère, le poète Paul Meurice était proche de Victor Hugo. En effet, tous deux proviennent de l’entourage de Victor Hugo. Le premier fut donné au musée national du château de Compiègne en 1930 par Ritti de la Fizelière et a appartenu à Madame Guillaume Bouclier (1811-1876), amie de Victor et Adèle Hugo. Le second a appartenu à Juliette Drouet (1806-1883), maîtresse de James Pradier dont elle eut une fille, puis de Victor Hugo à partir de 1833 et jusqu’à sa mort en 1883.

L’importance de ce bracelet dans l’histoire du bijou romantique tient, pour une large...

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15 Dec 2022
France, Paris
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Oval and cabochons rubies, round natural pearl measuring approximately 7.9-8.0 x 7.8 mm and blister half natural pearl measuring approximately 8.0 x 7.0 x 3.3 cm, bright green enamel, 18k yellow gold and silver (customs mark), circa 1845, maker’s mark (Jules Wièse)
LFG, 2022, no.393152: rounded freshwater natural pearl measuring approximately 7.9-8.0 mm, no indication of treatment, half-drilled
Size/Dimensions: continuous inner circumference 17.5 cm, width 3.8 cm
Gross weight: 152.2 grams
Realised by Jules Wièse (1818-1890), head of the workshop of François-Désiré Froment-Meurice (goldsmith, 1801-1855), after a model created by James Pradier (sculptor, 1790-1852), a unique artwork, a true masterpiece, the last model to be offered at auction, the other five variants are presented at the Musée des Arts Décoratifs (France), at the Château de Compiègne (France), at the Pforzheim Schmuckmuseum (Germany) and in two private collecctions.

With a delicate gesture, one of the women is about to open a box while the other looks longingly at what it will reveal. Alluding to Pandora's box, the cassolette originally held a grid holding a sponge previously soaked in perfume or vinegar, whose vapours palliated the tight corsets and the heat of the salons.

There is no doubt that this historical piece will seduce lovers of Neo-Renaissance jewellery.

D. Alcouffe, A. Dion-Tenenbaum, P.Ennès, Un Âge d’Or des Arts Décoratifs 1814-1848, R.M.N Edition, 1991, Paris, Fig.207, p. 372 for a similar bracelet.
Pradier intime, bijoux et camées, Michèle Heuzé, L’Objet d’art Magazine, n°380, May 2003, p.77.
Cf. H. Vever, La Bijouterie Française au XIXe siècle, Tome I : Consulat, Empire, Restauration, Louis-Philippe, 1800-1850, Paris, H. Floury Libraire-Editeur, p.166 for a similar bracelet.

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UN NOUVEL EXEMPLAIRE DU BRACELET ICONIQUE DE FRANCOIS-DESIRE FROMENT-MEURICE (1802-1855), par Evelyne Possémé

Fils de l’orfèvre François Froment établi en 1792, François-Désiré apprend le métier chez son père, puis entre à seize ans en apprentissage chez le ciseleur Lenglet, pour ensuite travailler avec Pierre Meurice, le second mari de sa mère, tout en suivant parallèlement des cours de dessin et de sculpture. En 1832, il reprend la direction de la maison familiale et adopte le double nom Froment-Meurice. Il se fait connaître dès 1839 en obtenant deux médailles d’argent pour l’orfèvrerie et la bijouterie à l’Exposition de l’Industrie où il expose un service à thé pour le Shah de Perse dans le style du XVIe siècle.

L’art romantique fait alors redécouvrir aux Français leur histoire nationale et particulièrement le Moyen Age et la Renaissance. Les sujets tirés des romans de Victor Hugo et d’Alexandre Dumas envahissent les arts décoratifs et la bijouterie. Les orfèvres et les bijoutiers – Fauconnier, Wagner, Morel, Rudolphi – font appel aux sculpteurs – Pradier, Klagmann, Feuchères ou Cavelier – pour rendre vie à tous ces personnages de roman. Orfèvre par excellence de cette époque, l’art de Froment-Meurice est loué par Balzac, Eugène Sue, Victor Hugo qui salue en lui le « statuaire du bijou ». A une époque où le rôle de la sculpture dans l’orfèvrerie et la bijouterie est devenu primordial, Théophile Gautier nous apprend que « Pradier, David d’Angers, Feuchères, Cavelier, Préault, Schoenewerk, Pascal, Rouillard ont été traduits en or, en argent, en fer oxydé par Froment-Meurice. Il a réduit leurs statues en épingles, en pommes de cannes, en candélabres, en pieds de coupes, les entourant de rinceaux d’émail et de fleurs de pierreries, faisant tenir à la Vérité un diamant pour miroir, donnant des ailes de saphir aux anges, des grappes de rubis aux Erigones. »

Ainsi Froment-Meurice crée des œuvres originales inspirées de la Renaissance et du Moyen Age gothique. A l’Exposition de l’Industrie de 1844, il présente des broches et des bracelets à sujet, intitulés Esmeralda, Jeanne d’Arc, une bague Ange gardien, une autre Naïades modelée par le sculpteur James Pradier, également auteur de ce fameux bracelet dont un exemplaire conservé au musée des Arts décoratifs à Paris porte la double signature et la date de 1841, rare exemple d’un bijou daté et signé comme une sculpture à part entière. Ce bracelet est devenu iconique parce qu’il est une des meilleures illustrations de cette collaboration entre bijoutier-orfèvre et sculpteur à l’époque romantique.

Le bracelet représente deux femmes en argent, allongées sur des peaux de lions de part et d’autre d’un coffret émaillé, boîte de Pandore faisant office de vinaigrette. Ces cassolettes sont appelées vinaigrettes car elles contiennent une grille ajourée qui permettait de retenir une petit éponge imbibée de vinaigre balsamique dont l’inhalation permettait aux femmes élégantes de lutter contre les évanouissements. Ce vinaigre, lors des bals et des soirées, pouvait être conservé à portée de la main dans des flacons, des bagues à anneau creux ou dans des flacons-bagues que la femme pouvait tenir dans le creux de sa main gantée.

L’orfèvre fut le premier à réintroduire dans le bijou le corps de la femme déclenchant à l’époque une importante polémique sur l’utilisation de la représentation du corps humain dans la bijouterie, elle-même destinée à parer le corps ou la toilette féminine. Pourtant en agissant ainsi, il ne faisait que s’inspirer des ornemanistes de la Renaissance. Les deux femmes à moitié nues alanguies sur les dépouilles de fauves reprennent la position des figures de Michel-Ange pour le tombeau des Médicis à Florence et leurs corps longilignes reprennent les stéréotypes établis par le peintre italien Le Primatice pour la décoration du château de Fontainebleau. Ce qui cependant a pu troubler à l’époque est que les figures ne sont plus des allégories mais la représentation de femmes de l’époque avec leurs coiffures en bandeaux et leurs chignons bas.

Daté de 1841 et présentant un décor très spécifique, ce modèle de bracelet n’apparaît pourtant dans aucune des participations de François-Désiré Froment-Meurice aux Expositions de l’Industrie de son temps (1839, 1844 et 1849) ou aux premières Expositions universelles (1851 et 1855 à titre posthume). Philippe Burty, dans son ouvrage consacré à l’orfèvre, décrit à l’exposition de 1844 « un bracelet Renaissance avec figurines et tresses à jour » : les tresses à jour peuvent être rapprochées du corps de bracelet en forme de rameaux fleuris du bracelet de Pforzheim mais aucun dessin ou reproduction d’époque ne peut nous donner une idée de ce bracelet présenté en 1844.

A ce jour, cinq variantes de ce bracelet sont identifiées : trois se trouvent dans des collections publiques : musée des Arts décoratifs à Paris, musée national du château de Compiègne et Schmuckmuseum de Pforzheim en Allemagne ; deux dans des collections privées dont celui présenté aujourd’hui à la vente par la maison Christies. Deux sont signés et datés : celui du musée des Arts décoratifs (Pradier/Statuaire/FD Froment-Meurice/Orfèvre/1841) et celui d’une collection privée (Pradier/Statuaire/Ed. Froment-Meurice). La différence de signature et la mention à l’intérieur de l’écrin indique que ce dernier a sans doute été réédité par le fils de François-Désiré Froment-Meurice à partir de son installation en 1867. Ces deux bracelets ainsi que ceux de Compiègne et Pforzheim portent tous les quatre le poinçon de Jules Wiese insculpté en 1844 au moment où celui-ci installe son propre atelier, après avoir été le chef d’atelier de François-Désiré Froment-Meurice pour lequel il continuera néanmoins à travailler.

Si la sculpture et la ciselure des figures féminines sont exceptionnelles sur quatre des bracelets (musée des Arts décoratifs, Pforzheim et les deux collections privées), il n’en ai pas de même sur celui de Compiègne : les traits des visages des femmes sont à peine esquissés tandis que la surface des corps en argent présente des accidents et des enfoncements surprenants. Les différences entre les différents modèles portent sur des détails d’ornementation au niveau du coffret – émaillé avec ou sans pierres – sur le traitement de la charnière – avec ou sans fleur pour celui du musée des Arts décoratifs – avec le rajout de feuilles de lierre émaillées en vert sur les deux bracelets en collections privées et bien sûr le bracelet en rinceaux fleuris – émail, pierres et perles – et ajouré du musée de Pforzheim.

A partir de ces observations, il semble que la date de 1841 soit celle du modèle fourni par le sculpteur James Pradier, comme l’indique Michèle Heuzé dans son article. Pour la fabrication, quatre de ces exemplaires portant le poinçon de Jules Wiese déposé en 1844, ils ne peuvent donc être datés qu’après cette date, entre 1844 et 1866, même si le modèle a pu être repris par le fils de François-Désiré, Emile Froment-Meurice, comme nous l’indique l’exemplaire privé portant la signature Ed. Froment-Meurice et conservé dans son écrin d’origine portant l’adresse du « 48 rue d’Anjou », magasin ouvert par Emile en 1867. Quant à l’exemplaire mis en vente chez Christies, s’il ne porte aucune signature et poinçon de fabricant, il présente le même décor de feuilles de vigne émaillées que celui édité par Emile Froment-Meurice.

Deux exemplaires, celui de Compiègne et celui de la vente Christies, ont un historique presque similaire qui porte témoignage du milieu artistique et des amitiés littéraires du sculpteur et de l’orfèvre dont le demi-frère, le poète Paul Meurice était proche de Victor Hugo. En effet, tous deux proviennent de l’entourage de Victor Hugo. Le premier fut donné au musée national du château de Compiègne en 1930 par Ritti de la Fizelière et a appartenu à Madame Guillaume Bouclier (1811-1876), amie de Victor et Adèle Hugo. Le second a appartenu à Juliette Drouet (1806-1883), maîtresse de James Pradier dont elle eut une fille, puis de Victor Hugo à partir de 1833 et jusqu’à sa mort en 1883.

L’importance de ce bracelet dans l’histoire du bijou romantique tient, pour une large...

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15 Dec 2022
France, Paris
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