MÉMOIRE SUR LA DÉFENSE DES ISLES ET DU PORT... - Lot 130 - Maison R&C, Commissaires-Priseurs Associés

MÉMOIRE SUR LA DÉFENSE DES ISLES ET DU PORT DES SEYCHELLES 1787
Manuscrit anonyme rédigé à Seychelles le 2 avril 1787, 14 pages in-folio écrites à l’encre brune sur papier vélin reliées par un ruban bleu. (38,5x23cm)
L’importance du Port de Seychelles considéré sous le point de vue politique est une matière que je ne me permettrai d’examiner qu’avec beaucoup de défiance de mon opinion. Je veux que lorsqu’on réfléchît sur les inconvénients de la défense de ce port, on regrette qu’il existe ; il est donc très délicat de balancer avec justesse les motifs qui doivent en prescrire la conservation ou l’abandon. Les Isles Seychelles ne deviendront probablement jamais bien intéressantes ni pour l’agriculture, ni pour le commerce que l’on pourrait y établir ;mais il n’est pas moins certain que leur port offre un hivernage sain et commode aux vaisseaux que l’on craindrait de retenir à l’Isle de France pendant la mauvaise saison, qu’il est un lieu de rafraîchissement précieux aux vaisseaux qui venant de la traite des cotes d’Afrique ne pourraient faute de vivres ,ou par les maladies de leurs esclaves et des équipages se rendre en droiture à l’Isle de France. Il est encore moins certain que ce port peut servir de point de réunion à des vaisseaux en croisière ,ou à une escadre qui serait chargée de quelque grande entreprise sur l’Inde, que ce même port serait un excellent refuge pour une semblable escadre si elle avait essuyé quelques revers fâcheux soit dans l’Inde, soit à l’Isle de France, soit enfin si le port de cette dernière Isle se trouvait bloqué ou tombé au pouvoir de l’ennemi ;mais celui des Seychelles ne pourrait-il-pas encore servir dans de pareilles circonstances à évacuer les troupes et les effets les plus précieux de L’Isle de France et de l’Inde, et même puissamment à reprendre les possessions sur l’ennemi ? […] On a déjà dit qu’il était impossible d’obstruer l’entrée du Port de Seychelles, ainsi il ne reste plus à parler que de sa défense ;son projet d’être établi d’après deux objets inséparables, savoir la conservation du Port et des vaisseaux liée à celle des fortifications […]Si les vaisseaux mouillés à Seychelles se trouvaient en assez grand nombre et en force suffisante pour disputer à l’ennemi l’entrée du port , les fortifications devraient être disposées de façon à concourir avec ces vaisseaux à faire le plus grand mal possible à l’ennemi. Si les vaisseaux mouillés dans ce port se trouvaient inférieurs en force et étaient obligés de se mettre sous la protection de la terre ; alors les fortifications doivent remplir le double objet de défendre nos vaisseaux et d’incommoder ceux de l’ennemi et à travailler de concert à lui nuire en se défendant […]Dans tous les cas les fortifications du port doivent encore comme il est bien entendu pourvoir à la conservation des Isles voisines et en même temps à celles des habitants ,des esclaves et des magasins du Roi et des habitants .Pour remplir tous ces objets à la fois ,je ne vois que l’Isle Ste Anne qui puisse convenir à l’établissement d’une forteresse capable de faire la plus grande résistance[…]Le genre de troupes les plus propres à la défense de l’Isle Seychelles serait des volontaires créoles et des noirs libres. Il semble qu’il suffirait d’une compagnie de 70 hommes des uns ou des autres on y joindrait autant de cipayes et l’on comprendrait en outre dans la garnison de Seychelles les 100 hommes destinés à défendre les batteries des récifs. […] La garnison de l’Isle Ste Anne fournirait les détachements sur l’Isle Moyenne, l’Isle Ronde, l’Isle longue et l’Isle aux Cerfs, elle serait de trois cents soldats européens, 300 Cipayes et 50 canonniers, en tout 650 hommes. Celle de l’Isle Seychelles serait de 70 volontaires de l’Isle de France et de Bourbon,70 Cipayes et 100 soldats européens ; elle fournirait les détachements des redoutes construites sur les récifs et serait en tout de 240 hommes. Il faut ajouter à ce nombre 6 canonniers invalides et 24 cipayes détachés à Praslin, ainsi le total de la garnison des Isles Seychelles monterait à 920 hommes, savoir 400 soldats européens ,50 canonniers,6 canonniers invalides,70 volontaires et 394 Cipayes[…]Les autres isles de l’archipel ne méritent pas que l’on s’occupe sérieusement de leur défense ; le plus grand mal que l’ennemi pourrait leur faire serait d’en bruler les forêts et d’en enlever les la tortue ,si l’on n’avait pas pris d’avance le parti que j’ai proposé de la ramasser sur l’Isle Ste Anne où elle servirait à nourrir les troupes en temps de guerre. Il n’y a que l’Isle Praslin qui soit digne de quelque attention parce que son mouillage pourrait servir de point d’appui et de ralliement à l’ennemi lorsqu’il tenterait de s’emparer du Port de Seychelles ,cependant on ne pourrait empêcher l’ennemi de se rendre maître de l’Isle Praslin qu’en y faisant des travaux très dispendieux et en y envoyant des troupes que l’on pourrait mieux employer ailleurs; c’est pourquoi je n’ai pas cru devoir proposer