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LOT 22

Boileau, Nicolas

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LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À JEAN RACINE. AUTEUIL 19 MAI [1687].

2 pages in-12 (167 x112 mm), sur un bifeuillet (séparé), adresse "Monsieur Racine, en cour", cachet de cire. Signée "Despreaux".
Marges fragilisées, petite restauration à un angle, second feuillet contrecollé.

Exceptionnelle lettre amicale et littéraire évoquant la cour, un voyage de Louis XIV, Furetière et ses relations avec les académiciens, ou encore La Bruyère, surnommé ici "Maximilien".

Boileau, souffrant toujours de la poitrine, évoque sa mauvaise santé : "Rien ne la peut faire revenir et mon asnesse y a perdu son latin, aussy bien que tous les médecins à la réserve que son lait m'engraisse et que leurs remedes me desséchoient. […] J’aurois bon besoin de vostre vertu et surtout de vostre vertu chrestienne pour me consoler. Mais je n'ay pas esté élevé, comme vous dans le sanctuaire de la piété et à mon avis, une vertu moliniste ne sçauroit que blanchir contre un aussi juste sujet de s'affliger qu'est le mien". Si son mal le dégoûte des choses du monde sans lui donner le goût de Dieu, il n’est cependant pas indifférent à la gloire du roi et demande des nouvelles de son voyage "puisque tous ses pas sont historiques et qu’il ne fait rien qui ne soit digne, pour ainsi dire, d'estre raconté à tous les siècles." Au début du mois de mai, Louis XIV, accompagné de nombreux courtisans, s’était rendu au Luxembourg pour inspecter la place conquise trois ans auparavant et fortifiée par Vauban.
Il demande également des nouvelles de la santé de Racine qui a souffert d’un mal de gorge, puis fait allusion à l’un des pamphlets publiés par Antoine Furetière contre l’Académie française : "On me vient de dire que Furetière a esté à l'extrémité, et que, par l'avis de son confesseur il a envoié quérir tous les Académiciens offensés et qu'il leur a faict une amende honorable dans les formes mais qu’il se porte mieux maintenant".
Il transmet les recommandations du chanoine Souvenin qui a dîné chez lui et charge Racine de saluer ce cher M. Félix : "Pourquoy faut-il que je ne sois pas avec luy et avec vous ou que je n'aye pas du moins une voix pour crier contre la fortune, qui m'a envié ce bonheur. Dites bien aussi à M. le marquis de Termes que je songe à luy dans mon infortune et qu'encore que je scache assés combien les gens de la Cour sont peu touchés des malheurs d’autrui, je le tiens assés galant homme pour me plaindre".
Chirurgien du roi, Charles-Francois Tassy dit Félix avait acquis renommée et fortune après avoir opéré avec succès Louis XIV d'une fistule anale en novembre de l’année précédente.
Enfin Boileau conclut en évoquant La Bruyère, "Maximilien", venu le voir et lui ayant lu des extraits de son Théophraste : "C'est un fort bon homme et à qui il ne manqueroit rien si la nature l'avoit fait aussi agréable qu'il a envie de l'estre. Du reste, il a du scavoir et du mérite".
La première édition des Caractères de La Bruyère allait paraître à l’automne de cette même année 1687 sous le titre Les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec les Caractères ou les mœurs de ce siècle.

Référence : Œuvres complètes, II, Garnier, pp. 733-734.

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18 Nov 2019
France, Paris
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LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE À JEAN RACINE. AUTEUIL 19 MAI [1687].

2 pages in-12 (167 x112 mm), sur un bifeuillet (séparé), adresse "Monsieur Racine, en cour", cachet de cire. Signée "Despreaux".
Marges fragilisées, petite restauration à un angle, second feuillet contrecollé.

Exceptionnelle lettre amicale et littéraire évoquant la cour, un voyage de Louis XIV, Furetière et ses relations avec les académiciens, ou encore La Bruyère, surnommé ici "Maximilien".

Boileau, souffrant toujours de la poitrine, évoque sa mauvaise santé : "Rien ne la peut faire revenir et mon asnesse y a perdu son latin, aussy bien que tous les médecins à la réserve que son lait m'engraisse et que leurs remedes me desséchoient. […] J’aurois bon besoin de vostre vertu et surtout de vostre vertu chrestienne pour me consoler. Mais je n'ay pas esté élevé, comme vous dans le sanctuaire de la piété et à mon avis, une vertu moliniste ne sçauroit que blanchir contre un aussi juste sujet de s'affliger qu'est le mien". Si son mal le dégoûte des choses du monde sans lui donner le goût de Dieu, il n’est cependant pas indifférent à la gloire du roi et demande des nouvelles de son voyage "puisque tous ses pas sont historiques et qu’il ne fait rien qui ne soit digne, pour ainsi dire, d'estre raconté à tous les siècles." Au début du mois de mai, Louis XIV, accompagné de nombreux courtisans, s’était rendu au Luxembourg pour inspecter la place conquise trois ans auparavant et fortifiée par Vauban.
Il demande également des nouvelles de la santé de Racine qui a souffert d’un mal de gorge, puis fait allusion à l’un des pamphlets publiés par Antoine Furetière contre l’Académie française : "On me vient de dire que Furetière a esté à l'extrémité, et que, par l'avis de son confesseur il a envoié quérir tous les Académiciens offensés et qu'il leur a faict une amende honorable dans les formes mais qu’il se porte mieux maintenant".
Il transmet les recommandations du chanoine Souvenin qui a dîné chez lui et charge Racine de saluer ce cher M. Félix : "Pourquoy faut-il que je ne sois pas avec luy et avec vous ou que je n'aye pas du moins une voix pour crier contre la fortune, qui m'a envié ce bonheur. Dites bien aussi à M. le marquis de Termes que je songe à luy dans mon infortune et qu'encore que je scache assés combien les gens de la Cour sont peu touchés des malheurs d’autrui, je le tiens assés galant homme pour me plaindre".
Chirurgien du roi, Charles-Francois Tassy dit Félix avait acquis renommée et fortune après avoir opéré avec succès Louis XIV d'une fistule anale en novembre de l’année précédente.
Enfin Boileau conclut en évoquant La Bruyère, "Maximilien", venu le voir et lui ayant lu des extraits de son Théophraste : "C'est un fort bon homme et à qui il ne manqueroit rien si la nature l'avoit fait aussi agréable qu'il a envie de l'estre. Du reste, il a du scavoir et du mérite".
La première édition des Caractères de La Bruyère allait paraître à l’automne de cette même année 1687 sous le titre Les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec les Caractères ou les mœurs de ce siècle.

Référence : Œuvres complètes, II, Garnier, pp. 733-734.

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