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LOT 548

Crimée. 13 L.A.S. Du sous lieutenant d’état major …

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Crimée. 13 L.A.S. du sous-lieutenant d’état-major Hippolyte Delphin, Camp de Traktir novembre 1855-avril 1856, à sa mère ; 54 pages in-8.

La correspondance débute quelques semaines après la chute de Sébastopol et quelque temps avant l’armistice et le traité de Paris qui mettra fin à la guerre. La lutte ayant cessé presque immédiatement après l’occupation de Kinbourn et d’Otchakov en octobre, l’officier, basé avec sa division au camp de Traktir dans l’attente de l’armistice, décrit une occupation passablement paisible, bien que quelques combats aient encore lieu ici et là. Il remercie régulièrement sa mère pour ses envois de fournitures et provisions qui ajoutent à son confort.
26 novembre 1855. « Nous devons occuper tout cet hiver et par conséquent chacun s’installe de son mieux. […] Je fais creuser tout l’intérieur de ma tente, et puis on me construira un petit mur tout autour, de sorte que je serai admirablement garanti du froid. J’aurai d’ailleurs une petite cheminée ». Du reste le climat de la Crimée est excellent, il se porte bien et est bien équipé. Il s’est fait de bons camarades et « quant à la guerre, il n’en est point question dans ce moment-ci. On pense généralement et en tout bien, qu’on restera ici jusqu’au printemps, puis qu’on s’en ira ailleurs. Les Anglais iraient faire la guerre en Asie et nous nous reviendrions en Turquie »… Les Russes se montrent « plus civilisés qu’on ne le croit souvent » ; deux prisonniers français ont dernièrement été invités à dîner au quartier général du prince Gorschakoff… 10 décembre. Il a vu la veille une représentation théâtrale de zouaves proches de leur campement : « j’ai ri de bon cœur […] Quant au rôle de femmes, c’est quelque chose d’inimaginable, surtout pour les costumes, qui ont été ramassés à droite et à gauche, à Sébastopol ou ailleurs »… Le huit au matin, les Russes, probablement trompés par de faux rapports, attaquèrent avec 4000 hommes le 7e des Chasseurs, mais perdirent la bataille… Le régiment est toujours en attente d’ordres de Paris ; il engraisse… 31 décembre. Le calme continue de régner au camp. « à notre gauche, il y a Sébastopol, dont la partie Nord tire toujours tantôt mollement, tantôt avec violence. On ne tardera pas du reste à faire sauter les docks et les casernes, et alors il ne restera plus rien de cette malheureuse ville »… 20 janvier 1856. Il a accompagné le général et l’aide de camp du général Mac-Mahon à Sébastopol : « Il devait nous faire voir dans le plus grand détail les attaques […] auxquelles il avait pris part. Nous avons ainsi visité le Mamelon vert, Malakoff, la courtine, le petit Redan, et le grand Redan. – Le résultat de ces visites est qu’on se demande comment on a pu prendre quelques-uns de ces ouvrages. […] C’est prodigieux et gigantesque. […] Comme nous étions à cheval, et assez nombreux, avec une escorte, les Russes suivant leur habitude nous ont envoyé bon nombre de coups de canon, mais à grande portée […]. Ils dépensent ainsi des projectiles, de la poudre et de l’argent pour rien »… 27 janvier. Un bateau a annoncé que la Russie acceptait l’accord de paix avec les puissances occidentales. La nouvelle a été très bien accueillie par l’Armée d’Orient… La position respective des deux armées est toujours la même malgré la paix prochaine : « On s’est hâté de faire sauter les docks à Sébastopol et les Russes continuent à abuser de leur artillerie, mais toujours sans nous causer un préjudice appréciable »… 3 février. « Nous ne bougeons pas, nous restons sur le qui-vive, car ici et jusqu’à nouvel ordre, la guerre continue toujours – fort heureusement elle n’est pas bien inquiétante, mais c’est assommant d’entendre chaque jour le canon, quand on est en droit de croire à la cessation des hostilités »… 10 février. Le dégel est survenu soudainement, causant une inondation dans leurs tentes creusées… Il est probable que son régiment parte ensuite pour quelques mois à Constantinople… 27 février. Toujours dans l’attente des nouvelles de l’armistice : « Nous sommes si près des Russes qu’une collision peut éclater d’un jour à l’autre, si on en ôte pas la possibilité »… 18 mars. L’armistice ayant été conclu, il a profité du calme ambiant et de la fraternisation des armées pour visiter Sébastopol dans de meilleures conditions : « La petite rivière de la Tchernaïa qui sert de limite aux deux armées sur une partie de la ligne offre le spectacle le plus curieux. Chaque rive est peuplée de soldats alliés, et de Russes, et on se fait des politesses, ou bien on pratique des échanges, tels que des pipes, du tabac, des blagues, des mémoires. Ils tiennent beaucoup à avoir des pièces à l’effigie de l’Empereur, quand ça ne serait qu’un simple sou », parfois en échange de la petite croix donnée par leur pope et qu’ils portent au col… 24 mars. Sur les courses dites du printemps, dans la vallée de la Tchernaïa, « un spectacle unique » réunissant les trois armées… 14 avril. Il n’y aurait finalement pas d’occupation en Turquie : « En attendant, l’évacuation est commencée. Les troupes d’Eupatoria, […] de Kinburn sont déjà embarquées ainsi que les hommes des classes de 1848 et de 1849 qui sont libérées – tout ceci forme un effectif d’environ 20.000 hommes qui voguent vers la France à l’heure qu’il est »… Il pense devoir rester sur place encore deux mois… On joint 3 lettres à lui adressées. Plus la traduction d’une autre lettre.

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11 Dec 2018
France, Paris
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Crimée. 13 L.A.S. du sous-lieutenant d’état-major Hippolyte Delphin, Camp de Traktir novembre 1855-avril 1856, à sa mère ; 54 pages in-8.

La correspondance débute quelques semaines après la chute de Sébastopol et quelque temps avant l’armistice et le traité de Paris qui mettra fin à la guerre. La lutte ayant cessé presque immédiatement après l’occupation de Kinbourn et d’Otchakov en octobre, l’officier, basé avec sa division au camp de Traktir dans l’attente de l’armistice, décrit une occupation passablement paisible, bien que quelques combats aient encore lieu ici et là. Il remercie régulièrement sa mère pour ses envois de fournitures et provisions qui ajoutent à son confort.
26 novembre 1855. « Nous devons occuper tout cet hiver et par conséquent chacun s’installe de son mieux. […] Je fais creuser tout l’intérieur de ma tente, et puis on me construira un petit mur tout autour, de sorte que je serai admirablement garanti du froid. J’aurai d’ailleurs une petite cheminée ». Du reste le climat de la Crimée est excellent, il se porte bien et est bien équipé. Il s’est fait de bons camarades et « quant à la guerre, il n’en est point question dans ce moment-ci. On pense généralement et en tout bien, qu’on restera ici jusqu’au printemps, puis qu’on s’en ira ailleurs. Les Anglais iraient faire la guerre en Asie et nous nous reviendrions en Turquie »… Les Russes se montrent « plus civilisés qu’on ne le croit souvent » ; deux prisonniers français ont dernièrement été invités à dîner au quartier général du prince Gorschakoff… 10 décembre. Il a vu la veille une représentation théâtrale de zouaves proches de leur campement : « j’ai ri de bon cœur […] Quant au rôle de femmes, c’est quelque chose d’inimaginable, surtout pour les costumes, qui ont été ramassés à droite et à gauche, à Sébastopol ou ailleurs »… Le huit au matin, les Russes, probablement trompés par de faux rapports, attaquèrent avec 4000 hommes le 7e des Chasseurs, mais perdirent la bataille… Le régiment est toujours en attente d’ordres de Paris ; il engraisse… 31 décembre. Le calme continue de régner au camp. « à notre gauche, il y a Sébastopol, dont la partie Nord tire toujours tantôt mollement, tantôt avec violence. On ne tardera pas du reste à faire sauter les docks et les casernes, et alors il ne restera plus rien de cette malheureuse ville »… 20 janvier 1856. Il a accompagné le général et l’aide de camp du général Mac-Mahon à Sébastopol : « Il devait nous faire voir dans le plus grand détail les attaques […] auxquelles il avait pris part. Nous avons ainsi visité le Mamelon vert, Malakoff, la courtine, le petit Redan, et le grand Redan. – Le résultat de ces visites est qu’on se demande comment on a pu prendre quelques-uns de ces ouvrages. […] C’est prodigieux et gigantesque. […] Comme nous étions à cheval, et assez nombreux, avec une escorte, les Russes suivant leur habitude nous ont envoyé bon nombre de coups de canon, mais à grande portée […]. Ils dépensent ainsi des projectiles, de la poudre et de l’argent pour rien »… 27 janvier. Un bateau a annoncé que la Russie acceptait l’accord de paix avec les puissances occidentales. La nouvelle a été très bien accueillie par l’Armée d’Orient… La position respective des deux armées est toujours la même malgré la paix prochaine : « On s’est hâté de faire sauter les docks à Sébastopol et les Russes continuent à abuser de leur artillerie, mais toujours sans nous causer un préjudice appréciable »… 3 février. « Nous ne bougeons pas, nous restons sur le qui-vive, car ici et jusqu’à nouvel ordre, la guerre continue toujours – fort heureusement elle n’est pas bien inquiétante, mais c’est assommant d’entendre chaque jour le canon, quand on est en droit de croire à la cessation des hostilités »… 10 février. Le dégel est survenu soudainement, causant une inondation dans leurs tentes creusées… Il est probable que son régiment parte ensuite pour quelques mois à Constantinople… 27 février. Toujours dans l’attente des nouvelles de l’armistice : « Nous sommes si près des Russes qu’une collision peut éclater d’un jour à l’autre, si on en ôte pas la possibilité »… 18 mars. L’armistice ayant été conclu, il a profité du calme ambiant et de la fraternisation des armées pour visiter Sébastopol dans de meilleures conditions : « La petite rivière de la Tchernaïa qui sert de limite aux deux armées sur une partie de la ligne offre le spectacle le plus curieux. Chaque rive est peuplée de soldats alliés, et de Russes, et on se fait des politesses, ou bien on pratique des échanges, tels que des pipes, du tabac, des blagues, des mémoires. Ils tiennent beaucoup à avoir des pièces à l’effigie de l’Empereur, quand ça ne serait qu’un simple sou », parfois en échange de la petite croix donnée par leur pope et qu’ils portent au col… 24 mars. Sur les courses dites du printemps, dans la vallée de la Tchernaïa, « un spectacle unique » réunissant les trois armées… 14 avril. Il n’y aurait finalement pas d’occupation en Turquie : « En attendant, l’évacuation est commencée. Les troupes d’Eupatoria, […] de Kinburn sont déjà embarquées ainsi que les hommes des classes de 1848 et de 1849 qui sont libérées – tout ceci forme un effectif d’environ 20.000 hommes qui voguent vers la France à l’heure qu’il est »… Il pense devoir rester sur place encore deux mois… On joint 3 lettres à lui adressées. Plus la traduction d’une autre lettre.

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