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Eugène GIRAUD (1806 1881) peintre. 4 L.A.S. Et 1 L…

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Eugène GIRAUD (1806-1881) peintre. 4 L.A.S. et 1 L.A. (incomplète de sa fin), avec dessins originaux à l’encre, 1846-[1847], à divers ; 15 pages et demie in-4 et 6 pages in-fol., quelques adresses, montées sur onglets sur des ff. de papier vélin, le tout relié en un volume cartonné petit in-fol.

Très belles lettres illustrées de son voyage en Espagne et en Afrique.
[Invité à assister au mariage du duc de Montpensier à Madrid en octobre 1846 avec huit autres amis artistes, le peintre saisit l’occasion de réaliser un voyage de quatre mois dans la péninsule ibérique, dès le mois de juillet 1846, en compagnie d’Adolphe Desbarolles. On sait que les deux amis rencontrèrent le consul français, Monsieur de Lesseps, lors d’une étape à Barcelone, et que ce dernier leur donna une lettre de recommandation pour faciliter leur circulation et les autoriser à porter des armes durant toute la durée du séjour. Alexandre Dumas se joignit à eux.]
La correspondance commence à Valence, où les deux amis assistent à leur première corrida de taureaux. Par la suite, ils feront diverses escales à Alicante, Elche, Murcie, Cadix. C’est dans cette région qu’ils ont l’occasion de participer à une fête bohémienne. Puis leur route se poursuit à Grenade, Colmenar, Malaga, Gaicin, Gibraltar et Cadix, avant de gagner Séville puis de rejoindre le reste de leurs compagnons au mariage.
La seconde partie du périple de Giraud se fera en quelques semaines avec Desbarolles toujours, Alexandre Dumas, l’écrivain Auguste Maquet et le peintre Boulanger entre autres, en octobre-novembre 1846. Il les conduira en Afrique du Nord, notamment au Maroc en Tunisie, puis en Algérie ; ils voyagent sur un bateau à vapeur militaire, aux frais du gouvernement français, missionnés par ce dernier dans le cadre de sa propagande coloniale. L’expédition est relatée par Dumas dans Le Véloce ou Tanger, Alger et Tunis (1846) et De Paris à Cadix (1847).
Les lettres sont ornées de croquis à l’encre illustrant les descriptions de Giraud, des scènes marquantes, des personnages pittoresques, des autoportraits et quelques portraits et caricatures.
Valence je ne sais pas le combien du mois cela ne fait rien à l’affaire [1846, au Comte de Lancosme-Brèves]. Récit enthousiasmé de sa première course de taureaux, ce « beau spectacle qui du reste n’a lieu qu’une fois par an pendant trois jours de suite », pour lequel le public s’était déplacé de quarante lieues à la ronde. « Tous les costumes et Dieu sait s’il y en a s’étaient donné rendez-vous. Tu juges combien je devais être heureux je n’avais pas assez d’yeux ». Récit passionné de la corrida : « Je ne te parle pas des hommes. C’est effrayant ce qu’ils font de chutes de cheval à chaque fois que le taureau passe devant eux c’est une mort presque certaine pour eux le taureau enlève quelquefois l’homme le cheval et les promène sur ses cornes jusqu’au milieu du cirque […] on ne voit que du sang des tripes des chevaux morts des hommes blessés que l’on emporte aussitôt un picador renversé aussitôt un autre se présente avec la certitude du même sort et peut-être pis encore. […] Enfin ce spectacle qui commence par être hideux pour tout homme qui n’a pas vu cela finit par être entraînant et vous monter jusqu’à la folie. La première course m’a fait horreur la seconde m’a attaché la troisième m’a presque fait plaisir […] je suis sorti presque sanguinaire »… Il évoque les belles et cruelle spectatrices : « Tout le monde est cruel dans ce pays et je ne m’étonne plus si les insectes sont si mauvais »… Détails sur leur voyage, couchant régulièrement sur de la paille… Au bas de la troisième page, des dessins à l’encre illustrent le récit d’une nuit passée dans une baraque de bohémiens, barricadés par prudence et armés, et réveillés par un bruit qui semblait être un brigand, mais ce n’était qu’un chien... « Jamais je n’ai rien vu de pareil et je crois que peu de personnes ont vu l’Espagne comme nous […]. Tantôt voyageant en grand […], et tantôt vivant à l’espagnole avec une gousse d’ail et couché dans notre manteau dans la cour de la posada avec les mules dansant le soir avec la guitare et les castagnettes chantant des boléros des cachucha, des jota aragonesa. C’est à devenir fou pour un peintre »… Dessin d’une scène de corrida ; portrait de Desbarolles en costume local ; dessin d’un contrebandier qu’ils ont rencontré… [La fin manque.]
En rade de Tunis [automne 1846], à sa femme Henriette. Lettre illustrée de dessins des compagnons de voyage faisant leur courrier, « un véritable bureau d’écrivains publics » : deux docteurs, Maquet, le lieutenant, Boulanger, un jeune homme, le commissaire de bord, un autre lieutenant… « Nous allons passer quelques jours à Tunis à dessiner le plus possible et à tâcher d’acheter les plus belles choses du monde si toutefois c’est à bon marché. De là nous irons à Constantinople à Alger et à Toulon puis à Paris »…
[Cadix septembre ou octobre 1846], à Mme Bertaut. Suite du récit commencé dans la lettre à Lancosme. Ils sont arrivés à Cadix. Dessin représentant Guiraud et Desbarolles couverts de draps pendant que leurs vêtements trempent dans le baquet, pour pouvoir se présenter décemment chez le consul de France… « Nous nous faisions une fête d’aller à mulet avec caparaçon grelots sonnettes et tout le bataclan dont l’animal est orné lorsqu’on nous en amène un pour nous deux. On mit une espèce de fauteuil double avec une capote de cabriolet adaptée au dossier pour parer du soleil. Enfin nous nous décidâmes à partager cette monture et comme les mulets ont le pied très sûr moi et mon noble compagnon nous roulâmes dans la poussière. Cette chute n’arriva pas heureusement à un moment où nous étions suspendus sur un précipice effrayant »… [dessin de la bête et des deux hommes à terre, et dessin d’un guitarero sur son mulet]. Un autre dessin représente les deux voyageurs, Desbarolles tenant une immense grappe de raisin ; un autre les représente déjeunant accroupis autour d’une toute petite table… « Heureusement que pour nous refaire le torse nous avons le grand chemin pour nous coucher et une pierre pour reposer notre tête et nous n’avons que la lune pour veilleuse. Je ne sais comment cela s’est fait mais le hasard a voulu que chaque fois que nous avons couché à la belle étoile cela s’est trouvé dans les endroits les plus renommés pour les voleurs. Je suis certain maintenant qu’ils ont eu peur d’être volés en nous apercevant » [dessin des deux hommes dormant sous la lune]… Un soir ils arrivèrent par hasard au milieu de paysans lors d’une fête bohémienne où l’on dansait le fandango [dessin] : « Desbarolles fait toujours son accompagnement à la guitare »…
[Gibraltar], à un ami Eugène. Lettre illustrée en tête d’un grand dessin des deux compagnons de voyage accoudés sur les remparts de Gibraltar et surveillés de près par un militaire, car on les prenait pour des espions... Désirant partir pour Tanger, mais sans les finances nécessaires, ils annoncèrent qu’ils partiraient par le bateau français en station à Cadix ; on leur a proposé de faire de la contrebande… Anecdote illustrée d’une mésaventure survenue à Grenade à Desbarolles, chantant la sérénade à une Espagnole et arrosé du contenu d’un pot de chambre…
[Paris 18 décembre 1843], à Lucas de MONTIGNY. En première page, un grand dessin le représente assis sur un lit en tenue de garde national, aux arrêts ; il évoque avec humour son service de garde aux Tuileries…

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10 Dec 2018
France, Paris
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Eugène GIRAUD (1806-1881) peintre. 4 L.A.S. et 1 L.A. (incomplète de sa fin), avec dessins originaux à l’encre, 1846-[1847], à divers ; 15 pages et demie in-4 et 6 pages in-fol., quelques adresses, montées sur onglets sur des ff. de papier vélin, le tout relié en un volume cartonné petit in-fol.

Très belles lettres illustrées de son voyage en Espagne et en Afrique.
[Invité à assister au mariage du duc de Montpensier à Madrid en octobre 1846 avec huit autres amis artistes, le peintre saisit l’occasion de réaliser un voyage de quatre mois dans la péninsule ibérique, dès le mois de juillet 1846, en compagnie d’Adolphe Desbarolles. On sait que les deux amis rencontrèrent le consul français, Monsieur de Lesseps, lors d’une étape à Barcelone, et que ce dernier leur donna une lettre de recommandation pour faciliter leur circulation et les autoriser à porter des armes durant toute la durée du séjour. Alexandre Dumas se joignit à eux.]
La correspondance commence à Valence, où les deux amis assistent à leur première corrida de taureaux. Par la suite, ils feront diverses escales à Alicante, Elche, Murcie, Cadix. C’est dans cette région qu’ils ont l’occasion de participer à une fête bohémienne. Puis leur route se poursuit à Grenade, Colmenar, Malaga, Gaicin, Gibraltar et Cadix, avant de gagner Séville puis de rejoindre le reste de leurs compagnons au mariage.
La seconde partie du périple de Giraud se fera en quelques semaines avec Desbarolles toujours, Alexandre Dumas, l’écrivain Auguste Maquet et le peintre Boulanger entre autres, en octobre-novembre 1846. Il les conduira en Afrique du Nord, notamment au Maroc en Tunisie, puis en Algérie ; ils voyagent sur un bateau à vapeur militaire, aux frais du gouvernement français, missionnés par ce dernier dans le cadre de sa propagande coloniale. L’expédition est relatée par Dumas dans Le Véloce ou Tanger, Alger et Tunis (1846) et De Paris à Cadix (1847).
Les lettres sont ornées de croquis à l’encre illustrant les descriptions de Giraud, des scènes marquantes, des personnages pittoresques, des autoportraits et quelques portraits et caricatures.
Valence je ne sais pas le combien du mois cela ne fait rien à l’affaire [1846, au Comte de Lancosme-Brèves]. Récit enthousiasmé de sa première course de taureaux, ce « beau spectacle qui du reste n’a lieu qu’une fois par an pendant trois jours de suite », pour lequel le public s’était déplacé de quarante lieues à la ronde. « Tous les costumes et Dieu sait s’il y en a s’étaient donné rendez-vous. Tu juges combien je devais être heureux je n’avais pas assez d’yeux ». Récit passionné de la corrida : « Je ne te parle pas des hommes. C’est effrayant ce qu’ils font de chutes de cheval à chaque fois que le taureau passe devant eux c’est une mort presque certaine pour eux le taureau enlève quelquefois l’homme le cheval et les promène sur ses cornes jusqu’au milieu du cirque […] on ne voit que du sang des tripes des chevaux morts des hommes blessés que l’on emporte aussitôt un picador renversé aussitôt un autre se présente avec la certitude du même sort et peut-être pis encore. […] Enfin ce spectacle qui commence par être hideux pour tout homme qui n’a pas vu cela finit par être entraînant et vous monter jusqu’à la folie. La première course m’a fait horreur la seconde m’a attaché la troisième m’a presque fait plaisir […] je suis sorti presque sanguinaire »… Il évoque les belles et cruelle spectatrices : « Tout le monde est cruel dans ce pays et je ne m’étonne plus si les insectes sont si mauvais »… Détails sur leur voyage, couchant régulièrement sur de la paille… Au bas de la troisième page, des dessins à l’encre illustrent le récit d’une nuit passée dans une baraque de bohémiens, barricadés par prudence et armés, et réveillés par un bruit qui semblait être un brigand, mais ce n’était qu’un chien... « Jamais je n’ai rien vu de pareil et je crois que peu de personnes ont vu l’Espagne comme nous […]. Tantôt voyageant en grand […], et tantôt vivant à l’espagnole avec une gousse d’ail et couché dans notre manteau dans la cour de la posada avec les mules dansant le soir avec la guitare et les castagnettes chantant des boléros des cachucha, des jota aragonesa. C’est à devenir fou pour un peintre »… Dessin d’une scène de corrida ; portrait de Desbarolles en costume local ; dessin d’un contrebandier qu’ils ont rencontré… [La fin manque.]
En rade de Tunis [automne 1846], à sa femme Henriette. Lettre illustrée de dessins des compagnons de voyage faisant leur courrier, « un véritable bureau d’écrivains publics » : deux docteurs, Maquet, le lieutenant, Boulanger, un jeune homme, le commissaire de bord, un autre lieutenant… « Nous allons passer quelques jours à Tunis à dessiner le plus possible et à tâcher d’acheter les plus belles choses du monde si toutefois c’est à bon marché. De là nous irons à Constantinople à Alger et à Toulon puis à Paris »…
[Cadix septembre ou octobre 1846], à Mme Bertaut. Suite du récit commencé dans la lettre à Lancosme. Ils sont arrivés à Cadix. Dessin représentant Guiraud et Desbarolles couverts de draps pendant que leurs vêtements trempent dans le baquet, pour pouvoir se présenter décemment chez le consul de France… « Nous nous faisions une fête d’aller à mulet avec caparaçon grelots sonnettes et tout le bataclan dont l’animal est orné lorsqu’on nous en amène un pour nous deux. On mit une espèce de fauteuil double avec une capote de cabriolet adaptée au dossier pour parer du soleil. Enfin nous nous décidâmes à partager cette monture et comme les mulets ont le pied très sûr moi et mon noble compagnon nous roulâmes dans la poussière. Cette chute n’arriva pas heureusement à un moment où nous étions suspendus sur un précipice effrayant »… [dessin de la bête et des deux hommes à terre, et dessin d’un guitarero sur son mulet]. Un autre dessin représente les deux voyageurs, Desbarolles tenant une immense grappe de raisin ; un autre les représente déjeunant accroupis autour d’une toute petite table… « Heureusement que pour nous refaire le torse nous avons le grand chemin pour nous coucher et une pierre pour reposer notre tête et nous n’avons que la lune pour veilleuse. Je ne sais comment cela s’est fait mais le hasard a voulu que chaque fois que nous avons couché à la belle étoile cela s’est trouvé dans les endroits les plus renommés pour les voleurs. Je suis certain maintenant qu’ils ont eu peur d’être volés en nous apercevant » [dessin des deux hommes dormant sous la lune]… Un soir ils arrivèrent par hasard au milieu de paysans lors d’une fête bohémienne où l’on dansait le fandango [dessin] : « Desbarolles fait toujours son accompagnement à la guitare »…
[Gibraltar], à un ami Eugène. Lettre illustrée en tête d’un grand dessin des deux compagnons de voyage accoudés sur les remparts de Gibraltar et surveillés de près par un militaire, car on les prenait pour des espions... Désirant partir pour Tanger, mais sans les finances nécessaires, ils annoncèrent qu’ils partiraient par le bateau français en station à Cadix ; on leur a proposé de faire de la contrebande… Anecdote illustrée d’une mésaventure survenue à Grenade à Desbarolles, chantant la sérénade à une Espagnole et arrosé du contenu d’un pot de chambre…
[Paris 18 décembre 1843], à Lucas de MONTIGNY. En première page, un grand dessin le représente assis sur un lit en tenue de garde national, aux arrêts ; il évoque avec humour son service de garde aux Tuileries…

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10 Dec 2018
France, Paris
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