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Félix PYAT (1810 1889) homme politique et écrivain…

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Félix PYAT (1810-1889) homme politique et écrivain. 108 L.A.S. (la plupart du paraphe ou des initiales, 6 du pseudonyme « Solange », une incomplète), Londres et Hastings 1872-1880, à l’éditeur Maurice Lachâtre ; environ 220 pages formats divers, une adresse (qqs défauts, et déchirures à qqs lettres).

Remarquable correspondance politique d’exil d’un ancien membre du Conseil de la Commune, à son ancien collaborateur au Combat et au Vengeur. [Pyat fut condamné à mort par le 3e Conseil de guerre le 28 mars 1873, et Lachâtre, en décembre 1873, à la déportation dans une enceinte fortifiée. Pyat s’est réfugié à Londres, et Lachâtre en Espagne à San Sebastian. À la suite de l’amnistie plénière du 11 juillet 1880, les deux proscrits, rentrés en France, codirigèrent La Commune, quotidien politique et socialiste (45 numéros, 21 septembre-4 novembre 1880).] Nous ne pouvons donner ici qu’un bref aperçu de cette importante correspondance.
1872. Pyat raconte sa fuite de Paris à Londres, via la Belgique, et déplore l’état d’abattement de la France. « Nous sommes libres, c’est vrai, mais elle ! »… Il déconseille de revenir d’Espagne : « devant la Prusse occupante et l’Italie menaçante, ce misérable Versailles emploie ce qui lui reste de force à proscrire les Communes. C’est un homme attaqué par des loups et qui s’occupe à tuer des puces » (28 mars)… Témoignage d’horreurs sur la fin de la Commune : « Tous mes amis arrêtés, fusillés, disparus. J’errais seul par les rues, heurtant le pavé des barricades, trébuchant sur les cadavres, coudoyant les patrouilles, éclaboussé par les tombeaux remplis de morts, étourdi par les coups de grâce qui achevaient les blessés », etc. (10 avril)... Conditions dans lesquelles il souhaite publier une histoire de la Commune, combinaison d’un journal, collaboration de l’imprimeur Juste Vernouillet, comparaison des avantages et désavantages de paraître à Paris ou Bruxelles… Sous le pseudonyme « Solange », il évoque l’éventuelle levée de l’état de siège, pèse l’intérêt d’une publication rapide ou différée de l’histoire et du journal, souligne le risque de dislocation du pays : « 2 provinces détachées, six départemens pourris de prussiens, trente neutralisés, Nice et Savoie centrifuges, Paris dépeuplé, le reste de la France aux Jésuites de Rome ! », etc. (10 juin)… Il parle de secours aux proscrits, et exhorte son ami à rester en sécurité, loin des rigueurs de Thiers… Intérêt pour d’autres auteurs de Lachâtre : Karl Marx, Eugène Sue… Prédictions politiques : les monarchistes rallieront Thiers, l’opinion se radicalisera. « Je n’espère donc ni la levée de l’état de siège, ni l’amnistie ; ni rien qui resssemble à la république avec républicains » (13 novembre)… Il ne faut pas croire à « la baisse même de la terreur honnête et modérée […] l’armée est tout et le peuple rien » (24 novembre)…
1873. Il promet de fournir des souvenirs sur Eugène Sue pour la biographie que prépare Lachâtre… Il s’alarme à l’idée que Lachâtre rentre, sous l’« orgie sanglante » de Thiers : « Vos œuvres sont vos crimes. Il faut tuer les républicains pour refaire la royauté. Elle se refait par la complicité même de l’opposition. Quand les Prussiens seront payés et renvoyés, quand la république chargée comme la boue d’Israël, de toutes les iniquités, des capitulations, des exécutions, des transportations, et du paiement des milliards aura fait la place nette, alors vive le roi ! » (30 janvier)… Réaction d’orgueil ironique à sa condamnation par le Conseil de Guerre : « En 44 condamnation à la prison ; en 49, à la déportation ; en 73, à la mort. Il y a progrès ; je monte en grade » (2 avril)… Il s’inquiète pour Lachâtre de l’état de l’Espagne (2 août)… La chute de Thiers correspond à une loi de la science politique : « la réaction brise ceux qui la font. M. Thiers est tombé après avoir tué la Commune de 71 ; comme Cavaignac après avoir tué la Commune de 48 ; comme Robespierre après avoir tué la Commune de 93. – Et c’est justice que l’assassin de Paris n’ait pas eu la gloire d’être le libérateur de la France et le fondateur de la république »… évocation des querelles entre des hommes de l’internationale (Vésinier, Landeck, Vaillant, Arnault, etc.).
1874. Observations sur la chute de Castelar et la restauration de la dynastie bourbonne en Espagne, et les déboires de Lachâtre en Belgique… Il rappelle ses paroles : « ne vous fiez pas à la parole des soldats vous seriez condamné autant qu’on peut l’être ; ne vous fiez pas à la parole des avocats, vous serez confisqué le plus possible. […] Ce n’est pas seulement la maison Lachâtre qui me semble menacée, c’est la maison du peuple français ; et la vôtre peut quelque chose pour la sienne. Versailles consomme son crime. Après avoir tué la commune, il tue la nation ; après Paris, la France »…
1875. Communication du texte d’une lettre de Garibaldi (copies jointes) à donner à la presse, « pour la propagande française » (25 janvier)… Examen d’une proposition de journal. « Ma pensée, comme je vous l’ai dit dans les quelques lignes qui accompagnaient la Lettre au peuple, était d’arracher Paris à la gauche par une série d’épîtres apostoliques, c’est-à-dire gratuites, mais non périodiques » (17 juin)… Nouvelles affligeantes de la justice de Paris ; c’est le triomphe des assassins... Débats sur le projet d’un journal d’exil. La Voix du proscrit de Ledru, Le Nouveau Monde de Louis Blanc, L’Espérance de Leroux, L’Homme de Ribeyrolles, etc., sont tous morts de faim : « Une feuille d’exilé a les mêmes frais et moins de recettes qu’une autre. Qu’offre-t-elle aux internés de France. La prison » (15 août)…
1876. L’amnistie se gâte : « Victor Hugo malgré tout son talent, ne la sauvera pas. Avoir choisi le 18 mars pour déposer son projet de loi, idée de poète. Sa proposition d’amnistie le jour même de l’insurrection est une véritable provocation au refus. La raison le dit… mais la poésie, que voulez-vous ? Toujours la pose ! Politique de théâtre. Sensation. L’auteur applaudi et nous condamnés. Nous aurons un feu d’artifice d’antithèses, un bouquet de fleurs de rhétorique et d’humanité, un effet éblouissant ; puis la fumée, la nuit sombre et les baguettes noircies nous retombent sur le nez » (20 mars)… « L’état de siège est levé, la vente des journaux libre. Nous tenons le droit que nous souhaitions. […] Ne voyons que Paris ! Là seulement nous pouvons satisfaire notre conscience, payer notre dette, venger les morts, délivrer les vivants, ramener les proscrits, sauver commune et République, la France et l’humanité » (6 avril)… Il combat les hésitations de Lachâtre à investir dans un journal français, rappelle le succès du Combat, et commente les maladresses des Droits de l’Homme. « L’ennemi le plus à craindre par nous n’est pas Dufaure, c’est Gambetta, et le plus sûr à combattre c’est Gambetta et non Dufaure. Soyez certain que Mac-Mahon nous laisserait frapper Thiers à notre aise ; et la guerre à Thiers serait à la fin plus utile et moins coûteuse que la guerre à Mac-Mahon » (22 mai)… « Ce n’est pas en amusant le peuple qu’on le soulève, c’est en le passionnant. On ne fait pas sauter les trônes avec des bons mots. On ne fait pas d’explosion avec un grelot, mais avec un brûlot. Si l’âme de Rousseau n’eût pas enflammé la Montagne, tout l’esprit de Voltaire n’eût pas fait couper le cou du roi à la Gironde. Le peuple qui rit est désarmé » (26 novembre)…
1877. L’ami Gambon lui apprend que Lachâtre va s’éloigner à Naples… Il n’accepterait de diriger La Marseillaise de Duportal que si elle changeait de titre et adoptait la voie que lui-même tracerait ; il blâme la politique indécise du journal, et « je crains et je pleure la chûte d’un peuple qui est mien et qui plus qu’un autre incarne l’humanité. L’erreur de Condorcet et de toute la philosophie de son siècle dont Süe s’est fait le disciple à la fin de sa vie, c’est que le Progrès est éternel… Distinguons… Éternel dans le tout, oui ; mais dans la partie, non. Hommes, peuples races naissent, croissent, baissent et meurent tour à tour. […] La France, aujourd’hui, est entre un cadavre, la bourgeoisie, et un enfant, le peuple. Le mort saisira le vif, si nous ne pouvons enterrer l’un et élever l’autre » (16 juillet)…
1878. Il l’entretient de leur journal, La Commune : finances, saisie des premiers numéros, cautionnement à confier au citoyen Castelnau, ami et collaborateur de Delescluze, assignation par la police correctionnelle pour non-paiement d’une amende, plaintes concernant le Dr Lux (pseudonyme) et l’administrateur Avenant, etc. « Quel jour que celui où nous pourrons lancer le premier numéro du journal Le Travail ! Vous à Paris, le rêve devient réalité, même quand je serais à Londres » (12 octobre)… Plusieurs fois il est question d’un sauf-conduit pour que Lachâtre se rende à Paris…
1879. Nouvelles réflexions sur l’amnistie : Versailles n’avait pas le droit de punir, et n’a pas le droit de gracier ; le devoir du proscrit est de ne rentrer que quand il peut faire prévaloir sa cause et faire rentrer les autres… Il avait pressé Lachâtre de rentrer pour lancer le journal ; il ne s’était pas trompé : pas d’amnistie : « Conservateurs et cannibales, canaques et canailles sont d’accord pour grâcier le moins possible. Donc 2% jusqu’à présent, quel raffinement de torture ! » (24 janvier)… Avis sur Le Travail : déclaration, titre, cautionnement, administration, rédaction (Rogeard, Gambon, Cluseret, Reclus, Protot…)… Il espère que le général [de Wimpffen] fera grâcier Lachâtre malgré lui, et « que vous pourrez enfin rentrer en France et par votre présence à Paris y remettre le levain dans la pâte au profit de la Révolution. Le général voit juste en remarquant l’inertie de la masse, son indifférence, sinon son mécontentement envers la République » (31 mars)… Conseils dans l’hypothèse que Lachâtre soit grâcié, et rentre en France… Émotion de recevoir le portrait de l’homme qui a mieux aimé mourir que trahir : son martyre réhabilite l’humanité… Mise en garde contre une entente avec...

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11 Dec 2018
France, Paris
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Félix PYAT (1810-1889) homme politique et écrivain. 108 L.A.S. (la plupart du paraphe ou des initiales, 6 du pseudonyme « Solange », une incomplète), Londres et Hastings 1872-1880, à l’éditeur Maurice Lachâtre ; environ 220 pages formats divers, une adresse (qqs défauts, et déchirures à qqs lettres).

Remarquable correspondance politique d’exil d’un ancien membre du Conseil de la Commune, à son ancien collaborateur au Combat et au Vengeur. [Pyat fut condamné à mort par le 3e Conseil de guerre le 28 mars 1873, et Lachâtre, en décembre 1873, à la déportation dans une enceinte fortifiée. Pyat s’est réfugié à Londres, et Lachâtre en Espagne à San Sebastian. À la suite de l’amnistie plénière du 11 juillet 1880, les deux proscrits, rentrés en France, codirigèrent La Commune, quotidien politique et socialiste (45 numéros, 21 septembre-4 novembre 1880).] Nous ne pouvons donner ici qu’un bref aperçu de cette importante correspondance.
1872. Pyat raconte sa fuite de Paris à Londres, via la Belgique, et déplore l’état d’abattement de la France. « Nous sommes libres, c’est vrai, mais elle ! »… Il déconseille de revenir d’Espagne : « devant la Prusse occupante et l’Italie menaçante, ce misérable Versailles emploie ce qui lui reste de force à proscrire les Communes. C’est un homme attaqué par des loups et qui s’occupe à tuer des puces » (28 mars)… Témoignage d’horreurs sur la fin de la Commune : « Tous mes amis arrêtés, fusillés, disparus. J’errais seul par les rues, heurtant le pavé des barricades, trébuchant sur les cadavres, coudoyant les patrouilles, éclaboussé par les tombeaux remplis de morts, étourdi par les coups de grâce qui achevaient les blessés », etc. (10 avril)... Conditions dans lesquelles il souhaite publier une histoire de la Commune, combinaison d’un journal, collaboration de l’imprimeur Juste Vernouillet, comparaison des avantages et désavantages de paraître à Paris ou Bruxelles… Sous le pseudonyme « Solange », il évoque l’éventuelle levée de l’état de siège, pèse l’intérêt d’une publication rapide ou différée de l’histoire et du journal, souligne le risque de dislocation du pays : « 2 provinces détachées, six départemens pourris de prussiens, trente neutralisés, Nice et Savoie centrifuges, Paris dépeuplé, le reste de la France aux Jésuites de Rome ! », etc. (10 juin)… Il parle de secours aux proscrits, et exhorte son ami à rester en sécurité, loin des rigueurs de Thiers… Intérêt pour d’autres auteurs de Lachâtre : Karl Marx, Eugène Sue… Prédictions politiques : les monarchistes rallieront Thiers, l’opinion se radicalisera. « Je n’espère donc ni la levée de l’état de siège, ni l’amnistie ; ni rien qui resssemble à la république avec républicains » (13 novembre)… Il ne faut pas croire à « la baisse même de la terreur honnête et modérée […] l’armée est tout et le peuple rien » (24 novembre)…
1873. Il promet de fournir des souvenirs sur Eugène Sue pour la biographie que prépare Lachâtre… Il s’alarme à l’idée que Lachâtre rentre, sous l’« orgie sanglante » de Thiers : « Vos œuvres sont vos crimes. Il faut tuer les républicains pour refaire la royauté. Elle se refait par la complicité même de l’opposition. Quand les Prussiens seront payés et renvoyés, quand la république chargée comme la boue d’Israël, de toutes les iniquités, des capitulations, des exécutions, des transportations, et du paiement des milliards aura fait la place nette, alors vive le roi ! » (30 janvier)… Réaction d’orgueil ironique à sa condamnation par le Conseil de Guerre : « En 44 condamnation à la prison ; en 49, à la déportation ; en 73, à la mort. Il y a progrès ; je monte en grade » (2 avril)… Il s’inquiète pour Lachâtre de l’état de l’Espagne (2 août)… La chute de Thiers correspond à une loi de la science politique : « la réaction brise ceux qui la font. M. Thiers est tombé après avoir tué la Commune de 71 ; comme Cavaignac après avoir tué la Commune de 48 ; comme Robespierre après avoir tué la Commune de 93. – Et c’est justice que l’assassin de Paris n’ait pas eu la gloire d’être le libérateur de la France et le fondateur de la république »… évocation des querelles entre des hommes de l’internationale (Vésinier, Landeck, Vaillant, Arnault, etc.).
1874. Observations sur la chute de Castelar et la restauration de la dynastie bourbonne en Espagne, et les déboires de Lachâtre en Belgique… Il rappelle ses paroles : « ne vous fiez pas à la parole des soldats vous seriez condamné autant qu’on peut l’être ; ne vous fiez pas à la parole des avocats, vous serez confisqué le plus possible. […] Ce n’est pas seulement la maison Lachâtre qui me semble menacée, c’est la maison du peuple français ; et la vôtre peut quelque chose pour la sienne. Versailles consomme son crime. Après avoir tué la commune, il tue la nation ; après Paris, la France »…
1875. Communication du texte d’une lettre de Garibaldi (copies jointes) à donner à la presse, « pour la propagande française » (25 janvier)… Examen d’une proposition de journal. « Ma pensée, comme je vous l’ai dit dans les quelques lignes qui accompagnaient la Lettre au peuple, était d’arracher Paris à la gauche par une série d’épîtres apostoliques, c’est-à-dire gratuites, mais non périodiques » (17 juin)… Nouvelles affligeantes de la justice de Paris ; c’est le triomphe des assassins... Débats sur le projet d’un journal d’exil. La Voix du proscrit de Ledru, Le Nouveau Monde de Louis Blanc, L’Espérance de Leroux, L’Homme de Ribeyrolles, etc., sont tous morts de faim : « Une feuille d’exilé a les mêmes frais et moins de recettes qu’une autre. Qu’offre-t-elle aux internés de France. La prison » (15 août)…
1876. L’amnistie se gâte : « Victor Hugo malgré tout son talent, ne la sauvera pas. Avoir choisi le 18 mars pour déposer son projet de loi, idée de poète. Sa proposition d’amnistie le jour même de l’insurrection est une véritable provocation au refus. La raison le dit… mais la poésie, que voulez-vous ? Toujours la pose ! Politique de théâtre. Sensation. L’auteur applaudi et nous condamnés. Nous aurons un feu d’artifice d’antithèses, un bouquet de fleurs de rhétorique et d’humanité, un effet éblouissant ; puis la fumée, la nuit sombre et les baguettes noircies nous retombent sur le nez » (20 mars)… « L’état de siège est levé, la vente des journaux libre. Nous tenons le droit que nous souhaitions. […] Ne voyons que Paris ! Là seulement nous pouvons satisfaire notre conscience, payer notre dette, venger les morts, délivrer les vivants, ramener les proscrits, sauver commune et République, la France et l’humanité » (6 avril)… Il combat les hésitations de Lachâtre à investir dans un journal français, rappelle le succès du Combat, et commente les maladresses des Droits de l’Homme. « L’ennemi le plus à craindre par nous n’est pas Dufaure, c’est Gambetta, et le plus sûr à combattre c’est Gambetta et non Dufaure. Soyez certain que Mac-Mahon nous laisserait frapper Thiers à notre aise ; et la guerre à Thiers serait à la fin plus utile et moins coûteuse que la guerre à Mac-Mahon » (22 mai)… « Ce n’est pas en amusant le peuple qu’on le soulève, c’est en le passionnant. On ne fait pas sauter les trônes avec des bons mots. On ne fait pas d’explosion avec un grelot, mais avec un brûlot. Si l’âme de Rousseau n’eût pas enflammé la Montagne, tout l’esprit de Voltaire n’eût pas fait couper le cou du roi à la Gironde. Le peuple qui rit est désarmé » (26 novembre)…
1877. L’ami Gambon lui apprend que Lachâtre va s’éloigner à Naples… Il n’accepterait de diriger La Marseillaise de Duportal que si elle changeait de titre et adoptait la voie que lui-même tracerait ; il blâme la politique indécise du journal, et « je crains et je pleure la chûte d’un peuple qui est mien et qui plus qu’un autre incarne l’humanité. L’erreur de Condorcet et de toute la philosophie de son siècle dont Süe s’est fait le disciple à la fin de sa vie, c’est que le Progrès est éternel… Distinguons… Éternel dans le tout, oui ; mais dans la partie, non. Hommes, peuples races naissent, croissent, baissent et meurent tour à tour. […] La France, aujourd’hui, est entre un cadavre, la bourgeoisie, et un enfant, le peuple. Le mort saisira le vif, si nous ne pouvons enterrer l’un et élever l’autre » (16 juillet)…
1878. Il l’entretient de leur journal, La Commune : finances, saisie des premiers numéros, cautionnement à confier au citoyen Castelnau, ami et collaborateur de Delescluze, assignation par la police correctionnelle pour non-paiement d’une amende, plaintes concernant le Dr Lux (pseudonyme) et l’administrateur Avenant, etc. « Quel jour que celui où nous pourrons lancer le premier numéro du journal Le Travail ! Vous à Paris, le rêve devient réalité, même quand je serais à Londres » (12 octobre)… Plusieurs fois il est question d’un sauf-conduit pour que Lachâtre se rende à Paris…
1879. Nouvelles réflexions sur l’amnistie : Versailles n’avait pas le droit de punir, et n’a pas le droit de gracier ; le devoir du proscrit est de ne rentrer que quand il peut faire prévaloir sa cause et faire rentrer les autres… Il avait pressé Lachâtre de rentrer pour lancer le journal ; il ne s’était pas trompé : pas d’amnistie : « Conservateurs et cannibales, canaques et canailles sont d’accord pour grâcier le moins possible. Donc 2% jusqu’à présent, quel raffinement de torture ! » (24 janvier)… Avis sur Le Travail : déclaration, titre, cautionnement, administration, rédaction (Rogeard, Gambon, Cluseret, Reclus, Protot…)… Il espère que le général [de Wimpffen] fera grâcier Lachâtre malgré lui, et « que vous pourrez enfin rentrer en France et par votre présence à Paris y remettre le levain dans la pâte au profit de la Révolution. Le général voit juste en remarquant l’inertie de la masse, son indifférence, sinon son mécontentement envers la République » (31 mars)… Conseils dans l’hypothèse que Lachâtre soit grâcié, et rentre en France… Émotion de recevoir le portrait de l’homme qui a mieux aimé mourir que trahir : son martyre réhabilite l’humanité… Mise en garde contre une entente avec...

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