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LOT 1153

GOUNOD Charles (1818 1893). L.A.S., Tavistock Hous…

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GOUNOD Charles (1818-1893).
L.A.S., Tavistock House [Londres] 11 mars 1872, [à Jules BARBIER] ; 12 pages in-4 (quelques légères rousseurs).

Magnifique et longue lettre à son ami et librettiste Jules Barbier, protestant contre les conditions de la reprise à Londres de son opéra Roméo et Juliette, proposées par l’administrateur du Royal Italian Opera, Frederick Gye.
Gounod expose d’abord longuement que sa position sur le refus de signer le contrat proposé est définitive, et regrette qu’un dissentiment soit survenu entre eux, alors qu’il a souvent fait passer les intérêts d’autrui devant ses propres droits... « Je te rappellerai, en premier lieu, le sort de Faust à Londres. Souviens-toi que nous avons donné là une Californie dont l’or a été pour les autres, et le cuivre pour nous. Notre ignorance de nos droits, de notre valeur, de notre pouvoir, nous y a perdus alors, et Dieu sait ce que j’en ai souffert ! Je ne veux plus que cela recommence […] En nous demandant le droit exclusif, Mr GYE sait qu’il le revendra au double, au quintuple, au décuple, et au centuple dans le détail des exécutions dramatiques ou des moindres concerts : quelques sous sont ce qu’il nous offre pour l’achat de ce gain énorme. Ton livret seul, vendu dans la salle, lui couvre, par chaque soir en moyenne, ce que lui voudrait nous payer. [...] Mr Gye doit être dans nos mains au moins autant que nous dans les siennes : les 8 années qu’on nous offre sont des années de servitude ». Quant au risque d’un insuccès, « toute œuvre au monde peut être un insuccès : ç’a été même, généralement, le début des chefs-d’œuvre ». Mais Londres est « en fait d’initiative artistique, la capitale de la prudence et de la timidité : Londres est un mouton de Panurge ; Londres ne se décide qu’à coup sûr ». Gounod rappelle que Faust a été joué à Darmstadt, Hambourg, Hanovre, Vienne, Munich, Berlin avant Londres : « Faust n’est entré à Londres qu’avec le passeport de l’évidence, visé par la confiance du Continent », et tout le monde à Londres y a trouvé son compte, sauf les auteurs. Gounod rappelle : « (1°) Roméo a été un succès à Paris, succès d’art et d’argent (99 représentations sans interruption) [...] (2°) Roméo est un succès considérable et persistant à Vienne où, depuis trois ans, on le joue incessamment devant des salles combles. (3°) Roméo vient d’être un succès ÉNORME à St-Pétersbourg, un triomphe [...] 5° Roméo sera un succès partout où il sera soigneusement monté et bien exécuté, au lieu d’être saccagé, massacré, assassiné, comme il l’a été à Londres il y a 4 ans par la négligence, ou la faiblesse »... Au sujet du choix des interprètes, alors que Gye aurait engagé pour chanter Juliette Adelina Patti ou Mme Carvalho, Gounod réagit vigoureusement à l’accusation de Barbier de vouloir être le seul maître : « Dès que j’ai appris par toi que Mr Gye redemandait Roméo, j’ai considéré comme parfaitement probable et souhaitable une distribution dans laquelle entreraient Mme Patti et Mr Nicolini qui viennent d’y recueillir un magnifique succès [...] Quant à croire qu’on ait pu me suggérer ou que j’ai pu admettre l’idée de t’acheter le livret d’un de nos opéras pour en devenir le seul et souverain maître, j’avoue que je ne te reconnais pas dans cette injure [...] Je n’ai jamais dit qu’il était fâcheux que la coutume eût fait une part égale de droits au poëme et à la musique d’un opéra ; j’ai plusieurs fois soutenu la thèse opposée, et j’ai le droit d’exiger que [...] tu sois persuadé que je fais une part plus respectueuse et plus juste à ceux qui, comme toi, me font l’honneur et l’avantage de travailler avec moi »... Gounod résume les seules bases sur lesquelles il accepte de traiter avec Gye : 1° Nous ne stipulerons avec Mr Gye que pour une année à la fois. 2° Nous garderons le droit de traiter avec un autre théâtre si une belle exécution et des termes acceptables nous y sont offerts. 3° Que Mr Gye nous assurera une somme de cinquante livres par représentation, attendu que, de lui, je n’en accepterai, pour ma part personnelle, pas moins de vingt cinq »… Il est prêt à discuter avec Gye. Quant à Georgina WELDON, il n’a jamais songé à elle pour chanter Juliette, mais il désire qu’elle puisse créer le rôle de Pauline dans Polyeucte : « Elle le sait : elle le chante, à mon avis, avec une grande perfection […] mon désir est que ce soit elle qui le crée »…

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20 Jun 2018
France, Paris
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GOUNOD Charles (1818-1893).
L.A.S., Tavistock House [Londres] 11 mars 1872, [à Jules BARBIER] ; 12 pages in-4 (quelques légères rousseurs).

Magnifique et longue lettre à son ami et librettiste Jules Barbier, protestant contre les conditions de la reprise à Londres de son opéra Roméo et Juliette, proposées par l’administrateur du Royal Italian Opera, Frederick Gye.
Gounod expose d’abord longuement que sa position sur le refus de signer le contrat proposé est définitive, et regrette qu’un dissentiment soit survenu entre eux, alors qu’il a souvent fait passer les intérêts d’autrui devant ses propres droits... « Je te rappellerai, en premier lieu, le sort de Faust à Londres. Souviens-toi que nous avons donné là une Californie dont l’or a été pour les autres, et le cuivre pour nous. Notre ignorance de nos droits, de notre valeur, de notre pouvoir, nous y a perdus alors, et Dieu sait ce que j’en ai souffert ! Je ne veux plus que cela recommence […] En nous demandant le droit exclusif, Mr GYE sait qu’il le revendra au double, au quintuple, au décuple, et au centuple dans le détail des exécutions dramatiques ou des moindres concerts : quelques sous sont ce qu’il nous offre pour l’achat de ce gain énorme. Ton livret seul, vendu dans la salle, lui couvre, par chaque soir en moyenne, ce que lui voudrait nous payer. [...] Mr Gye doit être dans nos mains au moins autant que nous dans les siennes : les 8 années qu’on nous offre sont des années de servitude ». Quant au risque d’un insuccès, « toute œuvre au monde peut être un insuccès : ç’a été même, généralement, le début des chefs-d’œuvre ». Mais Londres est « en fait d’initiative artistique, la capitale de la prudence et de la timidité : Londres est un mouton de Panurge ; Londres ne se décide qu’à coup sûr ». Gounod rappelle que Faust a été joué à Darmstadt, Hambourg, Hanovre, Vienne, Munich, Berlin avant Londres : « Faust n’est entré à Londres qu’avec le passeport de l’évidence, visé par la confiance du Continent », et tout le monde à Londres y a trouvé son compte, sauf les auteurs. Gounod rappelle : « (1°) Roméo a été un succès à Paris, succès d’art et d’argent (99 représentations sans interruption) [...] (2°) Roméo est un succès considérable et persistant à Vienne où, depuis trois ans, on le joue incessamment devant des salles combles. (3°) Roméo vient d’être un succès ÉNORME à St-Pétersbourg, un triomphe [...] 5° Roméo sera un succès partout où il sera soigneusement monté et bien exécuté, au lieu d’être saccagé, massacré, assassiné, comme il l’a été à Londres il y a 4 ans par la négligence, ou la faiblesse »... Au sujet du choix des interprètes, alors que Gye aurait engagé pour chanter Juliette Adelina Patti ou Mme Carvalho, Gounod réagit vigoureusement à l’accusation de Barbier de vouloir être le seul maître : « Dès que j’ai appris par toi que Mr Gye redemandait Roméo, j’ai considéré comme parfaitement probable et souhaitable une distribution dans laquelle entreraient Mme Patti et Mr Nicolini qui viennent d’y recueillir un magnifique succès [...] Quant à croire qu’on ait pu me suggérer ou que j’ai pu admettre l’idée de t’acheter le livret d’un de nos opéras pour en devenir le seul et souverain maître, j’avoue que je ne te reconnais pas dans cette injure [...] Je n’ai jamais dit qu’il était fâcheux que la coutume eût fait une part égale de droits au poëme et à la musique d’un opéra ; j’ai plusieurs fois soutenu la thèse opposée, et j’ai le droit d’exiger que [...] tu sois persuadé que je fais une part plus respectueuse et plus juste à ceux qui, comme toi, me font l’honneur et l’avantage de travailler avec moi »... Gounod résume les seules bases sur lesquelles il accepte de traiter avec Gye : 1° Nous ne stipulerons avec Mr Gye que pour une année à la fois. 2° Nous garderons le droit de traiter avec un autre théâtre si une belle exécution et des termes acceptables nous y sont offerts. 3° Que Mr Gye nous assurera une somme de cinquante livres par représentation, attendu que, de lui, je n’en accepterai, pour ma part personnelle, pas moins de vingt cinq »… Il est prêt à discuter avec Gye. Quant à Georgina WELDON, il n’a jamais songé à elle pour chanter Juliette, mais il désire qu’elle puisse créer le rôle de Pauline dans Polyeucte : « Elle le sait : elle le chante, à mon avis, avec une grande perfection […] mon désir est que ce soit elle qui le crée »…

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