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HOKUSAI (Katsushika Hokusai, dit…). Fugaku Hyakkei [Les Cent Vues du Mont Fuji], Edo, Nishimura Yûzô, 1834 (t. I) – Nagoya, Eirakuya Tôshirô, [ca 1875] (t. II) – Nagoya, Eirakuya Tôshirô [ca 1849] (t. III), 3 volumes de format hanshibon, plats...

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HOKUSAI (Katsushika Hokusai, dit…). Fugaku Hyakkei [Les Cent Vues du Mont Fuji], Edo, Nishimura Yûzô, 1834 (t. I) – Nagoya, Eirakuya Tôshirô, [ca 1875] (t. II) – Nagoya, Eirakuya Tôshirô [ca 1849] (t. III), 3 volumes de format hanshibon, plats souples de galuchat rouge sang (t. I), vert bouteille (t. II) et mordoré (t. III), sertis aux mors de deux larges réglettes d’ébène striées et galbées en tête et en queue, de taquets d’ébène cousus en tête et en pied et d’une fine réglette d’ébène en gouttière, couture à la japonaise au moyen d’un fil de lin rouge stoppé par des tourillons d’ivoire, doublure de nubuck rouge à monotype rouge et gris (t. I), tabac à monotype gris (t. II) et brique à monotype gris (t. III), couverture, tranches naturelles, chemises et étui habillés de tissu japonais ancien ([Jean de Gonet, 1999]).

T. I : ÉDITION ORIGINALE : 31 vues (dont 12 simples et 19 à double page).
T. II : édition vers 1875 (la première ayant paru en 1835) : 30 vues (dont 10 simples et 20 à double page).
T. III : ÉDITION ORIGINALE : 41 vues (dont 32 simples et 9 à double page).

L’aventure éditoriale du Fugaku Hyakkei, en français : Les Cent Vues du Mont Fuji, est très complexe et recèle encore de nombreuses zones d’ombre, malgré les recherches approfondies de Forrer (1985). Les deux premiers volumes des Cent Vues parurent respectivement en 1834 et 1835, chez Seirindô (Nishimura Yûzô d’Edo) et alii. Ils se caractérisent par une couverture rose saumon décorée de motifs gaufrés des huit vues célèbres du lac Biwa (censé s’être formé lors du même séisme qui vit l’érection du Mont Fuji en 286 avant J.-C.) et la fameuse bande de titre imprimée en bleu dans un cartouche en forme de plume de faucon, d’où le nom généralement donné à l’édition originale : « à la plume de faucon ». Les éditions originales des deux premiers tomes sont datées, tandis que celle du troisième ne comporte pas de date. Pour la gravure, Hokusai fit appel au maître-graveur Egawa Tomekichi, assisté de sept collaborateurs. Il apporta un soin extrême à la réalisation matérielle de son ouvrage, considéré unanimement comme le chef-d’œuvre absolu du livre xylographié monochrome japonais. Quant au dernier volume, d’après des lettres de Hokusai, les planches des dessins au trait auraient déjà été gravées en 1835, mais, par suite de la faillite des éditeurs associés Nishimura d’Edo dans le contexte du marasme économique de l’ère Tenpô, son édition ainsi que la réédition des deux premiers furent différées et confiées au grand éditeur de Nagoya, Tôhekidô (Eirakuya Tôshirô). La gravure des à-plats fut confiée à Egawa Sentarô, élève de Tomekichi, mais leurs dégradés n’auront pas la délicatesse des premiers volumes. Dans la préface du t. III, l’auteur signale que Hokusai a dépassé 90 ans, ce qui sous-entend qu’elle a été écrite en 1849, l’année de sa mort. D’aucuns s’étonnent d’un tel délai de quatorze ans entre les parutions des t. II et III et considèrent que l’âge de Hokusai a été exagéré, peut-être à dessein, pour embellir sa légende qui existait déjà de son vivant. Pour la date de parution du t. III, le plus grand désaccord règne entre les spécialistes : Lane la situe en 1835 ; Forrer, au début des années 1840 ; Smith, ca 1847, Hillier, Nagata Seiji et Suzuki Juzô, 1849, date généralement retenue. De nombreuses rééditions suivront.

Tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans ne vaut pas la peine d’être compté. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la structure de la nature vraie, des animaux, des herbes, des arbres, des oiseaux, des poissons, des insectes. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait encore plus de progrès ; à quatre-vingt-dix ans, je pénétrerai le mystère des choses ; à cent ans, je serai décidément parvenu à un degré de merveilles et quand j’aurai cent dix ans, chez moi, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant.
(Profession de foi de Hokusai au colophon du premier tirage des deux premiers tomes des Cent Vues du Mont Fuji – Traduction : Edmond de Goncourt)

Les Cent Vues du Mont Fuji ont été dessinées par Hokusai (1760-1849) à la suite de la série Fugaku Sanjûrokkei [Les Trente-six Vues du Mont Fuji], 46 planches en couleurs de format ôban parues de 1831 à 1833. Bien qu’elles soient de la même veine, Les Cent Vues se démarquent cependant de cette première série par leur forme de livre, de format hanshibon, et par son impression monochrome aux délicats dégradés de gris. À 74 ans, Hokusai est alors au sommet de son art ; il se sent à un tournant de sa vie et prend un nouveau nom d’artiste qui témoigne de sa ferveur religieuse : Manji (nom japonais du swastika bouddhique) : Le Vieux Fou de dessin.
Associées à la valeur magique du chiffre cent, Les Cent Vues manifestent la vénération quasi mystique que Hokusai a, toute sa vie, vouée au Mont Fuji : ses compositions magistrales révèlent, sous les angles les plus inattendus, les aspects les plus variés du volcan sacré.
Est-il nécessaire de rappeler l’influence que l’art de Hokusai exerça sur les artistes occidentaux, après sa découverte au milieu du XIXe siècle ? Pour ne citer que deux exemples : Les Trente-six Vues de la tour Eiffel (1888-1902) d’Henri Rivière ne lui empruntent-elles pas leur titre et l’obsession d’un même motif décliné selon les angles les plus variés ? De même, la vague par quoi Auguste Lepère ouvre le deuxième chapitre d’À rebours n’est-elle pas née de celle des Trente-six Vues du Mont Fuji ?

Cette réunion des trois volumes des Cents Vues provient de trois éditions différentes :
T. I : couverture rose saumon à motifs gaufrés, présente toutes les caractéristiques de la rare édition originale de 1834, « à la plume de faucon ».
T. II : couverture jaune, bande de titre imprimée en bleu-noir, illustrations en noir et dégradé de gris avec quelques ajouts de bleu pâle, est d’une édition tardive. La page de colophon sur l’ato-migaeshi [3e de couverture] comporte une publicité pour la Manga de Hokusai « du vol. 1 au vol. 15 » (F/44 dans la typologie de Forrer, 1985). On sait que le vol. 15, posthume, composé à partir de « fonds de tiroirs », ne parut qu’en 1878. Il faut considérer que cette annonce était prématurée, car il est vraisemblable que nous avons le dernier tirage des Cents Vues antérieur au 14 décembre 1875, date après laquelle toutes ses éditions seront datées. Bien que Forrer la situe sans plus de précision dans la décennie 1860-1870, nous pensons qu’une date légèrement antérieure à fin 1875 est plus plausible.
Les planches des doubles pages ff. 5v°-6r° et ff. 14v°-15r° (non compris le premier feuillet de préface) comportent des ajouts de couleur bleu pâle. Sur la première (« Uneri Fuji », [« Le Fuji dans la houle »]), l’éditeur a fait ajouter en réserve sur fond bleu pâle, la silhouette du Fuji se détachant à l’horizon au-dessus des flots, absente dans les éditions antérieures. Cette planche est parfois considérée comme une suite à la fameuse « Grande Vague » des Trente-six Vues du Mont Fuji. Elle représenterait une des trois barques de pêcheurs rescapée de la vague géante, avec son équipage rendant grâce au Fuji dont il aperçoit la silhouette déformée dans la houle. Cet ajout posthume du Fuji à l’horizon, qui a nécessité la gravure d’un bois supplémentaire, tend à lever une ambiguïté en montrant que l’image du Fuji dans la houle est bien son reflet inversé, et non une vision subjective fugace des pêcheurs. Il peut être considéré comme une trahison de l’œuvre originale. Signalons néanmoins l’extrême rareté de ce tirage unique qui a échappé à tous les spécialistes et qui ne sera pas repris dans les éditions postérieures.
T. III : couverture rouge-orangé, bande de titre imprimée en vert, illustrations en noir et dégradés de gris. Il comporte en colophon le nom et les adresses du libraire-éditeur Eirakuya Tôshirô de Nagoya et de sa succursale d’Edo et la publicité pour l’atlas du Japon Dai-Nippon kokugun zenzu. Il correspond au type D/31 de Forrer, impression la plus précoce dans cette édition. En conclusion, il s’agit de l’édition originale du vol. 3 (ca 1849).

Exemplaire du relieur Jean de Gonet, qui a très élégamment revêtu les trois volumes de galuchat de trois couleurs différentes, en respectant la technique de brochage japonais originelle.
La première reliure selon la technique du brochage japonais que Jean de Gonet ait réalisée sur un livre japonais date de 1985. En 1986 et 1987, il mit en œuvre la même technique, respectivement sur un exemplaire du Hanazakari no mori de Yukio Mishima et pour les premiers exemplaires du synopsis d’Hiroshima mon amour de Marguerite Duras des éditions Kaldewey.

Dimensions : 226 x 156 mm.

Exposition : Jean de Gonet, BNF, 2013, nos 113-115, avec reproductions au catalogue.

Provenances :
T. I : aucune marque de provenance ancienne.
T. II : sceau ex-libris et nom manuscrit en première page : Shiga (non identifié).
T. III : sceau ex-libris en marge des première et dernière illustrations : Sensai (non identifié) ; Georges Appert, avec ses timbres humides à l’encre rouge, aux initiales « G.A. », sur le migaeshi [2e de couverture], et en katakana, à la dernière page. Georges Appert (1850-1934), juriste français, fut conseiller du gouvernement impérial japonais de 1879 à 1889. On lui doit de nombreuses études sur le Japon.
Les trois tomes réunis : galerie Lühl ; Jean de Gonet.

Forrer, Eirakuya Tôshirô, Amsterdam, Gieben, Japonica Neerlandica, 1985 ; Forrer – Goncourt, Hokusai, Flammarion, 1988 ; Hillier, The Art of Hokusai in Book Illustration, UCP, 1980 ; Lane, Images of the Floating World. The Japanese Print, Fribourg, Office du livre, 1978 ; Nagata, Hokusai, sekai wo miryoku shita ehon [Les Livres illustrés qui ont charmé le monde], Tokyo, Sansaisha, 1991 ; Smith, Hokusai, One Hundred Views of Mt Fuji, New York, Braziller, 1988 ; Duret, Livres et albums illustrés du Japon…, Ernest Leroux, 1900, n° 341a ; Coron, Jean de Gonet relieur, BNF, 2013, nos 113-115, avec...

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20 Feb 2019
France, Paris
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HOKUSAI (Katsushika Hokusai, dit…). Fugaku Hyakkei [Les Cent Vues du Mont Fuji], Edo, Nishimura Yûzô, 1834 (t. I) – Nagoya, Eirakuya Tôshirô, [ca 1875] (t. II) – Nagoya, Eirakuya Tôshirô [ca 1849] (t. III), 3 volumes de format hanshibon, plats souples de galuchat rouge sang (t. I), vert bouteille (t. II) et mordoré (t. III), sertis aux mors de deux larges réglettes d’ébène striées et galbées en tête et en queue, de taquets d’ébène cousus en tête et en pied et d’une fine réglette d’ébène en gouttière, couture à la japonaise au moyen d’un fil de lin rouge stoppé par des tourillons d’ivoire, doublure de nubuck rouge à monotype rouge et gris (t. I), tabac à monotype gris (t. II) et brique à monotype gris (t. III), couverture, tranches naturelles, chemises et étui habillés de tissu japonais ancien ([Jean de Gonet, 1999]).

T. I : ÉDITION ORIGINALE : 31 vues (dont 12 simples et 19 à double page).
T. II : édition vers 1875 (la première ayant paru en 1835) : 30 vues (dont 10 simples et 20 à double page).
T. III : ÉDITION ORIGINALE : 41 vues (dont 32 simples et 9 à double page).

L’aventure éditoriale du Fugaku Hyakkei, en français : Les Cent Vues du Mont Fuji, est très complexe et recèle encore de nombreuses zones d’ombre, malgré les recherches approfondies de Forrer (1985). Les deux premiers volumes des Cent Vues parurent respectivement en 1834 et 1835, chez Seirindô (Nishimura Yûzô d’Edo) et alii. Ils se caractérisent par une couverture rose saumon décorée de motifs gaufrés des huit vues célèbres du lac Biwa (censé s’être formé lors du même séisme qui vit l’érection du Mont Fuji en 286 avant J.-C.) et la fameuse bande de titre imprimée en bleu dans un cartouche en forme de plume de faucon, d’où le nom généralement donné à l’édition originale : « à la plume de faucon ». Les éditions originales des deux premiers tomes sont datées, tandis que celle du troisième ne comporte pas de date. Pour la gravure, Hokusai fit appel au maître-graveur Egawa Tomekichi, assisté de sept collaborateurs. Il apporta un soin extrême à la réalisation matérielle de son ouvrage, considéré unanimement comme le chef-d’œuvre absolu du livre xylographié monochrome japonais. Quant au dernier volume, d’après des lettres de Hokusai, les planches des dessins au trait auraient déjà été gravées en 1835, mais, par suite de la faillite des éditeurs associés Nishimura d’Edo dans le contexte du marasme économique de l’ère Tenpô, son édition ainsi que la réédition des deux premiers furent différées et confiées au grand éditeur de Nagoya, Tôhekidô (Eirakuya Tôshirô). La gravure des à-plats fut confiée à Egawa Sentarô, élève de Tomekichi, mais leurs dégradés n’auront pas la délicatesse des premiers volumes. Dans la préface du t. III, l’auteur signale que Hokusai a dépassé 90 ans, ce qui sous-entend qu’elle a été écrite en 1849, l’année de sa mort. D’aucuns s’étonnent d’un tel délai de quatorze ans entre les parutions des t. II et III et considèrent que l’âge de Hokusai a été exagéré, peut-être à dessein, pour embellir sa légende qui existait déjà de son vivant. Pour la date de parution du t. III, le plus grand désaccord règne entre les spécialistes : Lane la situe en 1835 ; Forrer, au début des années 1840 ; Smith, ca 1847, Hillier, Nagata Seiji et Suzuki Juzô, 1849, date généralement retenue. De nombreuses rééditions suivront.

Tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans ne vaut pas la peine d’être compté. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la structure de la nature vraie, des animaux, des herbes, des arbres, des oiseaux, des poissons, des insectes. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait encore plus de progrès ; à quatre-vingt-dix ans, je pénétrerai le mystère des choses ; à cent ans, je serai décidément parvenu à un degré de merveilles et quand j’aurai cent dix ans, chez moi, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant.
(Profession de foi de Hokusai au colophon du premier tirage des deux premiers tomes des Cent Vues du Mont Fuji – Traduction : Edmond de Goncourt)

Les Cent Vues du Mont Fuji ont été dessinées par Hokusai (1760-1849) à la suite de la série Fugaku Sanjûrokkei [Les Trente-six Vues du Mont Fuji], 46 planches en couleurs de format ôban parues de 1831 à 1833. Bien qu’elles soient de la même veine, Les Cent Vues se démarquent cependant de cette première série par leur forme de livre, de format hanshibon, et par son impression monochrome aux délicats dégradés de gris. À 74 ans, Hokusai est alors au sommet de son art ; il se sent à un tournant de sa vie et prend un nouveau nom d’artiste qui témoigne de sa ferveur religieuse : Manji (nom japonais du swastika bouddhique) : Le Vieux Fou de dessin.
Associées à la valeur magique du chiffre cent, Les Cent Vues manifestent la vénération quasi mystique que Hokusai a, toute sa vie, vouée au Mont Fuji : ses compositions magistrales révèlent, sous les angles les plus inattendus, les aspects les plus variés du volcan sacré.
Est-il nécessaire de rappeler l’influence que l’art de Hokusai exerça sur les artistes occidentaux, après sa découverte au milieu du XIXe siècle ? Pour ne citer que deux exemples : Les Trente-six Vues de la tour Eiffel (1888-1902) d’Henri Rivière ne lui empruntent-elles pas leur titre et l’obsession d’un même motif décliné selon les angles les plus variés ? De même, la vague par quoi Auguste Lepère ouvre le deuxième chapitre d’À rebours n’est-elle pas née de celle des Trente-six Vues du Mont Fuji ?

Cette réunion des trois volumes des Cents Vues provient de trois éditions différentes :
T. I : couverture rose saumon à motifs gaufrés, présente toutes les caractéristiques de la rare édition originale de 1834, « à la plume de faucon ».
T. II : couverture jaune, bande de titre imprimée en bleu-noir, illustrations en noir et dégradé de gris avec quelques ajouts de bleu pâle, est d’une édition tardive. La page de colophon sur l’ato-migaeshi [3e de couverture] comporte une publicité pour la Manga de Hokusai « du vol. 1 au vol. 15 » (F/44 dans la typologie de Forrer, 1985). On sait que le vol. 15, posthume, composé à partir de « fonds de tiroirs », ne parut qu’en 1878. Il faut considérer que cette annonce était prématurée, car il est vraisemblable que nous avons le dernier tirage des Cents Vues antérieur au 14 décembre 1875, date après laquelle toutes ses éditions seront datées. Bien que Forrer la situe sans plus de précision dans la décennie 1860-1870, nous pensons qu’une date légèrement antérieure à fin 1875 est plus plausible.
Les planches des doubles pages ff. 5v°-6r° et ff. 14v°-15r° (non compris le premier feuillet de préface) comportent des ajouts de couleur bleu pâle. Sur la première (« Uneri Fuji », [« Le Fuji dans la houle »]), l’éditeur a fait ajouter en réserve sur fond bleu pâle, la silhouette du Fuji se détachant à l’horizon au-dessus des flots, absente dans les éditions antérieures. Cette planche est parfois considérée comme une suite à la fameuse « Grande Vague » des Trente-six Vues du Mont Fuji. Elle représenterait une des trois barques de pêcheurs rescapée de la vague géante, avec son équipage rendant grâce au Fuji dont il aperçoit la silhouette déformée dans la houle. Cet ajout posthume du Fuji à l’horizon, qui a nécessité la gravure d’un bois supplémentaire, tend à lever une ambiguïté en montrant que l’image du Fuji dans la houle est bien son reflet inversé, et non une vision subjective fugace des pêcheurs. Il peut être considéré comme une trahison de l’œuvre originale. Signalons néanmoins l’extrême rareté de ce tirage unique qui a échappé à tous les spécialistes et qui ne sera pas repris dans les éditions postérieures.
T. III : couverture rouge-orangé, bande de titre imprimée en vert, illustrations en noir et dégradés de gris. Il comporte en colophon le nom et les adresses du libraire-éditeur Eirakuya Tôshirô de Nagoya et de sa succursale d’Edo et la publicité pour l’atlas du Japon Dai-Nippon kokugun zenzu. Il correspond au type D/31 de Forrer, impression la plus précoce dans cette édition. En conclusion, il s’agit de l’édition originale du vol. 3 (ca 1849).

Exemplaire du relieur Jean de Gonet, qui a très élégamment revêtu les trois volumes de galuchat de trois couleurs différentes, en respectant la technique de brochage japonais originelle.
La première reliure selon la technique du brochage japonais que Jean de Gonet ait réalisée sur un livre japonais date de 1985. En 1986 et 1987, il mit en œuvre la même technique, respectivement sur un exemplaire du Hanazakari no mori de Yukio Mishima et pour les premiers exemplaires du synopsis d’Hiroshima mon amour de Marguerite Duras des éditions Kaldewey.

Dimensions : 226 x 156 mm.

Exposition : Jean de Gonet, BNF, 2013, nos 113-115, avec reproductions au catalogue.

Provenances :
T. I : aucune marque de provenance ancienne.
T. II : sceau ex-libris et nom manuscrit en première page : Shiga (non identifié).
T. III : sceau ex-libris en marge des première et dernière illustrations : Sensai (non identifié) ; Georges Appert, avec ses timbres humides à l’encre rouge, aux initiales « G.A. », sur le migaeshi [2e de couverture], et en katakana, à la dernière page. Georges Appert (1850-1934), juriste français, fut conseiller du gouvernement impérial japonais de 1879 à 1889. On lui doit de nombreuses études sur le Japon.
Les trois tomes réunis : galerie Lühl ; Jean de Gonet.

Forrer, Eirakuya Tôshirô, Amsterdam, Gieben, Japonica Neerlandica, 1985 ; Forrer – Goncourt, Hokusai, Flammarion, 1988 ; Hillier, The Art of Hokusai in Book Illustration, UCP, 1980 ; Lane, Images of the Floating World. The Japanese Print, Fribourg, Office du livre, 1978 ; Nagata, Hokusai, sekai wo miryoku shita ehon [Les Livres illustrés qui ont charmé le monde], Tokyo, Sansaisha, 1991 ; Smith, Hokusai, One Hundred Views of Mt Fuji, New York, Braziller, 1988 ; Duret, Livres et albums illustrés du Japon…, Ernest Leroux, 1900, n° 341a ; Coron, Jean de Gonet relieur, BNF, 2013, nos 113-115, avec...

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