Jean-Paul SARTRE

Manuscrit autographe, Le socialisme qui venait du froid, [1969] ; plus de 100 feuillets in-4 (et quelques fragments).
Brouillons pour la préface du livre de son traducteur tchèque Antonin LIEHM (1924-2020), Trois Génération, entretiens sur le phénomène culturel tchécoslovaque (Gallimard, coll. « Témoins »,1970), texte recueilli dans Situations IX. Le livre de Liehm proposait quatorze témoignages d'artistes et intellectuels tchécoslovaques, dont Vaclav Havel et Milan Kundera.
Dans sa préface, pour la première fois depuis août 1968, Sartre prenait position contre la « normalisation » soviétique en Tchécoslovaquie, soulignant que le système communiste ne pouvait tolérer le Printemps de Prague.
Nous avons ici des brouillons, parfois largement corrigés, pour ce texte, certains feuillets étant inégalement remplis, avec notamment deux débuts différents, les pages ne se suivant pas ou en désordre (une note pour L'Idiot de la famille sur Flaubert s'est glissée entre ces pages). Nous citerons un des deux débuts : « Treize entretiens, quatorze témoignages. Ces voix se sont élevées entre 66 et les premiers mois de 68 : une aube timide éclairait les monts de Bohème, la plaine morave, les Karpathes de Slovaquie ; encore un peu et nous verrions au grand jour ces hommes de Tchécoslovaquie que des nuées nous cachaient depuis que nous les avions livrés aux nazis contre douze mois de paix Ce n'était pas l'aurore ; le socialisme est retombé dans la longue nuit de son moyen âge » Sartre cite souvent Kundera ou Havel dans ces pages. Citons encore un projet de Conclusion : « Révisionnistes ? Droitiers ? Contre-révolutionnaires ? Comment le serait-il puisque la révolution en Tchécoslovaquie n'a pas eu lieu. Ce sont des hommes nus qui s'interrogent. Il n'en fallait pas plus pour justifier non seulement l'intervention soviétique mais le rétablissement d'un monde sans fissure où l'homme n'est jamais en question, où il ne meurt ni ne rit mais où il est vivement prié de dénoncer son prochain. Écoutons ces voix. Elles ne s'adressent pas directement, c'est vrai, à la classe ouvrière mais ce sont tout de même les voix de ceux à qui les circonstances ont permis un moment de réaliser l'union des intellectuels et des ouvriers ».
On joint quelques documents dactylographiés