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Jusepe de RIBERA (Jativa 1588 - Naples 1656)...

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Jusepe de RIBERA (Jativa 1588 - Naples 1656)
Un philosophe : l'heureux géomètre
Toile.
Restaurations anciennes.
100 x 75,5 cm
Provenance : grande demeure de l'ouest de la France, depuis le milieu du XIXe siècle.

UN CERTIFICAT DE LIBRE CIRCULATION SERA REMIS A L'ACQUEREUR.

AUCUNE ENCHERE LIVE NE SERA PRISE EN COMPTE; Pour participer aux enchères, merci de contacter Domitille de Franclieu : d.f@daguerre.fr

Notre tableau est un exemple précoce d'une représentation de philosophe à micorps par Ribera, peint à Rome vers 1610-1615, et constituant son apport le plus original au courant du caravagisme. Le thème du philosophe, que le maître
lombard n'avait pas abordé, a été interprété à de nombreuses reprises par Ribera au cours de sa carrière jusqu'en 1640. Le succès de cette nouvelle iconographie, recherchée par les collectionneurs, se prolongea tout au long du XVIIe siècle, avec Salvator Rosa, Luca Giordano et Matia Preti à Naples mais aussi chez Ter Brugghen, Rembrandt, Mola et Vélasquez ailleurs.

Les portraits de philosophes furent très prisés dans les cénacles néo-stoïciens dont on sait l'importance durant tout le siècle. Ils figuraient le plus souvent dans les cabinets d'humanistes, les bibliothèques et les galeries princières. Le subtil
raffinement de ces oeuvres vient du contraste entre un type populaire tiré de la rue ou de la taverne, suivant les préceptes du Caravage, buriné par le soleil, édenté et en haillons, opposé à la noblesse littéraire ou scientifique du sujet,
indiquée par les livres et parchemins.

Ribera fit appel au même truculent personnage pour représenter également les apôtres, les philosophes ou savants, les prophètes et les saints ou encore les personnifications des cinq sens. Le modèle facilement identifiable à son crâne
chauve et ses oreilles décollées, son nez tordu, ses rides marquées, posait pour divers peintres dans la Rome du début du XVIIe siècle (on le retrouve chez Guido Reni et même dans un Repas à Emmaüs de Bernardo Strozzi - collection particulière-).

Il apparaît dans plusieurs oeuvres de l'artiste espagnol réalisées entre 1612-1613 et 1616-1617. Le peintre avait peut-être aussi en tête un archétype que l'on retrouve dans les marbres grecs et romains de l'époque hellénistique,
réemployé pour figurer dans diverses compositions, et n'ignorait pas non plus les dessins de vieillards grotesques de Léonard de Vinci.

On le reconnaît dans les oeuvres suivantes de Ribera de la même période :

Saint Barthélemy, d'une série d'apôtres (Apostolato), peint à Rome pour Pedro
Cosida (Pietro Cussida en Italie) vers 1611-1612 ou 1615 suivant les auteurs,
toile, 126 x 97 cm, Florence, Fondation Longhi (ill. 1).
Le Christ parmi les docteurs, vers 1612-1613, toile, 188 x 270 cm, Langres, église
Saint-Martin, il s'agit du docteur à l'extrême droite (ill. 2).
Suzanne au bain, vers 1611-1612, toile, 138,5 x 179 cm, Madrid, galerie Caylus,
Il s'agit du vieillard de gauche (ill.3).
Le Reniement de saint Pierre, huile sur toile, 163 x 233 cm, Roma, Galerie Corsini.
Le Jugement de Salomon, toile, 153 x 201 cm, figure à l'extrême droite, Rome,
Galerie Borghèse (ill. 4).

Ribera s'inspirera plus tard de cette physionomie particulière dans le Saint Grégoire majeur de la Galerie nationale du palais Barberini à Rome (mentionnée dès 1638 au palais Giustiniani), le Saint Augustin de la Galerie régionale du Palais Abatellis à Palerme, dans le Saint Antoine de la fondation El Conventet à Barcelone, dans le présumé Platon de la collection Ruspoli à Torella dei Lombardi à côté d'Avellino, dans le Démocrite de la collection Poletti à Lugano mais aussi dans la série des cinq sens, peut-être également réalisée pour Pedro Cosida (Wadsworth Atheneum à Hartford, Museo de San Carlos à Mexico, Norton Simon Foundation à Pasadena, collection Abelló à Madrid). Notre toile est très proche du Mendiant (Rome, Galerie Borghèse), signalé dans l'inventaire du cardinal Scipione Borghèse de 1615-1630,
notamment dans l'écriture identique des rides sur le front et des yeux.

Nous proposons d'identifier le personnage avec Archimède de Syracuse, considéré comme l'un des plus grands mathématiciens et physiciens de l'Antiquité classique. La triangulation sur la feuille de papier qu'il tient d'une main maladroite évoque ses travaux sur la méthode d'exhaustion servant à calculer les aires (ce qu'en France de nos jours, on désigne comme le théorème de Thalès). L'une des ébauches géométriques, tracée sur l'autre feuille devant le protagoniste, présentant deux cercles et un polygone entrelacés, apparaît également dans un autre philosophe de Ribera conservé au musée du Prado, tantôt décrit comme Archimède, tantôt comme Démocrite. Celui-ci est considéré depuis l'Antiquité comme le « philosophe qui rit », optimiste, en opposition à Héraclite, le « philosophe qui
pleure », le pessimiste.

Notons, dans notre tableau, la plume sur le béret du philosophe, s'enroulant en spirale et peinte avec virtuosité qui attire tout de suite l'oeil du spectateur. Les plus érudits pourraient peut-être même y voir une évocation discrète de la spirale à
laquelle Archimède a donné son nom Jusepe de Ribera n'a longtemps été connu que pour sa longue carrière napolitaine. Il arrive à Rome au milieu de la première décennie du XVIIe siècle, adopte la manière réaliste et révolutionnaire du Caravage et se constitue rapidement un répertoire de figures à mi-corps. Il signe les Saint Pierre et saint Paul vers 1616-1617, juste avant son installation définitive à Naples. On n'a redécouvert qu'au début du XXIe siècle qu'il est également un protagoniste majeur du développement du creuset caravagesque dans la Rome des années 1609-1615, grâce aux travaux récents (de Gianni Pappi, Giuseppe Porzio, Domenico d'Alessandro) qui ont montré que le groupe de peintures antérieurement donné au Maître du jugement de Salomon lui revenait.
Notre tableau est une addition importante à ce corpus de jeunesse.

L'opposition de tons chauds et froids rend notre composition vivante et dynamique.
Les ombres servent les contrastes forts, obtenus par l'apposition d'un coloris chaud et ferme, aux teintes d'acajou cuivré flamboyant. Déjà, l'artiste montre une énergie et un plaisir de peindre, un style graphique et une matière onctueuse qui déterminent sa marque et sa pâte personnelles.

Nous remercions le professeur Nicola Spinosa pour avoir confirmé l'attribution à Ribera de cette oeuvre et pour les informations qu'il nous a données et qui ont servi à la rédaction de cette notice.

Une lettre du professaur Nicola Spinosa, datée de février 2020, sera remise à l'acquéreur. Automatically translated by DeepL. To see the original version, click here.

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Time, Location
16 Jun 2020
France, Paris
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Jusepe de RIBERA (Jativa 1588 - Naples 1656)
Un philosophe : l'heureux géomètre
Toile.
Restaurations anciennes.
100 x 75,5 cm
Provenance : grande demeure de l'ouest de la France, depuis le milieu du XIXe siècle.

UN CERTIFICAT DE LIBRE CIRCULATION SERA REMIS A L'ACQUEREUR.

AUCUNE ENCHERE LIVE NE SERA PRISE EN COMPTE; Pour participer aux enchères, merci de contacter Domitille de Franclieu : d.f@daguerre.fr

Notre tableau est un exemple précoce d'une représentation de philosophe à micorps par Ribera, peint à Rome vers 1610-1615, et constituant son apport le plus original au courant du caravagisme. Le thème du philosophe, que le maître
lombard n'avait pas abordé, a été interprété à de nombreuses reprises par Ribera au cours de sa carrière jusqu'en 1640. Le succès de cette nouvelle iconographie, recherchée par les collectionneurs, se prolongea tout au long du XVIIe siècle, avec Salvator Rosa, Luca Giordano et Matia Preti à Naples mais aussi chez Ter Brugghen, Rembrandt, Mola et Vélasquez ailleurs.

Les portraits de philosophes furent très prisés dans les cénacles néo-stoïciens dont on sait l'importance durant tout le siècle. Ils figuraient le plus souvent dans les cabinets d'humanistes, les bibliothèques et les galeries princières. Le subtil
raffinement de ces oeuvres vient du contraste entre un type populaire tiré de la rue ou de la taverne, suivant les préceptes du Caravage, buriné par le soleil, édenté et en haillons, opposé à la noblesse littéraire ou scientifique du sujet,
indiquée par les livres et parchemins.

Ribera fit appel au même truculent personnage pour représenter également les apôtres, les philosophes ou savants, les prophètes et les saints ou encore les personnifications des cinq sens. Le modèle facilement identifiable à son crâne
chauve et ses oreilles décollées, son nez tordu, ses rides marquées, posait pour divers peintres dans la Rome du début du XVIIe siècle (on le retrouve chez Guido Reni et même dans un Repas à Emmaüs de Bernardo Strozzi - collection particulière-).

Il apparaît dans plusieurs oeuvres de l'artiste espagnol réalisées entre 1612-1613 et 1616-1617. Le peintre avait peut-être aussi en tête un archétype que l'on retrouve dans les marbres grecs et romains de l'époque hellénistique,
réemployé pour figurer dans diverses compositions, et n'ignorait pas non plus les dessins de vieillards grotesques de Léonard de Vinci.

On le reconnaît dans les oeuvres suivantes de Ribera de la même période :

Saint Barthélemy, d'une série d'apôtres (Apostolato), peint à Rome pour Pedro
Cosida (Pietro Cussida en Italie) vers 1611-1612 ou 1615 suivant les auteurs,
toile, 126 x 97 cm, Florence, Fondation Longhi (ill. 1).
Le Christ parmi les docteurs, vers 1612-1613, toile, 188 x 270 cm, Langres, église
Saint-Martin, il s'agit du docteur à l'extrême droite (ill. 2).
Suzanne au bain, vers 1611-1612, toile, 138,5 x 179 cm, Madrid, galerie Caylus,
Il s'agit du vieillard de gauche (ill.3).
Le Reniement de saint Pierre, huile sur toile, 163 x 233 cm, Roma, Galerie Corsini.
Le Jugement de Salomon, toile, 153 x 201 cm, figure à l'extrême droite, Rome,
Galerie Borghèse (ill. 4).

Ribera s'inspirera plus tard de cette physionomie particulière dans le Saint Grégoire majeur de la Galerie nationale du palais Barberini à Rome (mentionnée dès 1638 au palais Giustiniani), le Saint Augustin de la Galerie régionale du Palais Abatellis à Palerme, dans le Saint Antoine de la fondation El Conventet à Barcelone, dans le présumé Platon de la collection Ruspoli à Torella dei Lombardi à côté d'Avellino, dans le Démocrite de la collection Poletti à Lugano mais aussi dans la série des cinq sens, peut-être également réalisée pour Pedro Cosida (Wadsworth Atheneum à Hartford, Museo de San Carlos à Mexico, Norton Simon Foundation à Pasadena, collection Abelló à Madrid). Notre toile est très proche du Mendiant (Rome, Galerie Borghèse), signalé dans l'inventaire du cardinal Scipione Borghèse de 1615-1630,
notamment dans l'écriture identique des rides sur le front et des yeux.

Nous proposons d'identifier le personnage avec Archimède de Syracuse, considéré comme l'un des plus grands mathématiciens et physiciens de l'Antiquité classique. La triangulation sur la feuille de papier qu'il tient d'une main maladroite évoque ses travaux sur la méthode d'exhaustion servant à calculer les aires (ce qu'en France de nos jours, on désigne comme le théorème de Thalès). L'une des ébauches géométriques, tracée sur l'autre feuille devant le protagoniste, présentant deux cercles et un polygone entrelacés, apparaît également dans un autre philosophe de Ribera conservé au musée du Prado, tantôt décrit comme Archimède, tantôt comme Démocrite. Celui-ci est considéré depuis l'Antiquité comme le « philosophe qui rit », optimiste, en opposition à Héraclite, le « philosophe qui
pleure », le pessimiste.

Notons, dans notre tableau, la plume sur le béret du philosophe, s'enroulant en spirale et peinte avec virtuosité qui attire tout de suite l'oeil du spectateur. Les plus érudits pourraient peut-être même y voir une évocation discrète de la spirale à
laquelle Archimède a donné son nom Jusepe de Ribera n'a longtemps été connu que pour sa longue carrière napolitaine. Il arrive à Rome au milieu de la première décennie du XVIIe siècle, adopte la manière réaliste et révolutionnaire du Caravage et se constitue rapidement un répertoire de figures à mi-corps. Il signe les Saint Pierre et saint Paul vers 1616-1617, juste avant son installation définitive à Naples. On n'a redécouvert qu'au début du XXIe siècle qu'il est également un protagoniste majeur du développement du creuset caravagesque dans la Rome des années 1609-1615, grâce aux travaux récents (de Gianni Pappi, Giuseppe Porzio, Domenico d'Alessandro) qui ont montré que le groupe de peintures antérieurement donné au Maître du jugement de Salomon lui revenait.
Notre tableau est une addition importante à ce corpus de jeunesse.

L'opposition de tons chauds et froids rend notre composition vivante et dynamique.
Les ombres servent les contrastes forts, obtenus par l'apposition d'un coloris chaud et ferme, aux teintes d'acajou cuivré flamboyant. Déjà, l'artiste montre une énergie et un plaisir de peindre, un style graphique et une matière onctueuse qui déterminent sa marque et sa pâte personnelles.

Nous remercions le professeur Nicola Spinosa pour avoir confirmé l'attribution à Ribera de cette oeuvre et pour les informations qu'il nous a données et qui ont servi à la rédaction de cette notice.

Une lettre du professaur Nicola Spinosa, datée de février 2020, sera remise à l'acquéreur. Automatically translated by DeepL. To see the original version, click here.

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Time, Location
16 Jun 2020
France, Paris
Auction House
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