LA FONTAINE (J. de). Contes et nouvelles... À Amsterdam [Paris, Barbou], 1762, 2 volumes in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos lisses ornés du fer à l’araignée, tranches dorées (reliure de l’époque).

LA FONTAINE (J. de). Contes et nouvelles... À Amsterdam [Paris, Barbou], 1762, 2 volumes in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos lisses ornés du fer à l’araignée, tranches dorées (reliure de l’époque).

Édition dite des Fermiers généraux.

Un portrait de La Fontaine interprété par Ficquet d'après Rigaud, un portrait de l'illustrateur par le même d'après Vispré, 80 figures d'Eisen gravées sur cuivre par Aliamet, Baquoy, Choffard, Longueil, 4 vignettes et 53 culs-de-lampe par Choffard.

La plus célèbre des éditions illustrées du XVIIIe siècle.
Commandée par les Fermiers généraux, puissants financiers de l'époque, ceux-ci sollicitèrent Charles Eisen (1720-1778) pour l'illustration. Après Nicolas de Larmessin (ca 1740) et Charles-Nicolas Cochin (1742), Eisen, qui était alors le professeur de dessin de la marquise de Pompadour, s'acquitta de cette entreprise avec talent et devint le dessinateur du XVIIIe siècle qui sut « adapter au mieux les Contes de La Fontaine à l'esprit de son époque ». Plus tard, les Goncourt compareront ses compositions à des émaux (« Ces petits tableaux, pareils à des émaux dans les ciselures d'un cadre enrubanné »). « Amplifiant délicatement ce que le texte suggère », les dessins d’Eisen s'inscrivent dans le courant de l'art galant, dont Antoine Watteau et François Boucher sont les plus fameux représentants en peinture.
Le format de l'édition resta longtemps incertain – l'idée première était de publier une édition des Contes qui aurait été le pendant de celle des Fables illustrées par Jean-Baptiste Oudry. Ainsi, lorsqu'il fut finalement décidé de l'imprimer dans le format in-octavo, l'artiste dut revoir la disposition de ses dessins qui lui demandèrent six ans de travail. Ceux-ci sont aujourd'hui conservés au musée Condé de Chantilly.
Lorsque Jean-Honoré Fragonard illustra à son tour les Contes, en 1795, il se souvint de son travail (pour José de Los Llanos, la filiation entre l'illustration de Fragonard et celle d'Eisen est évidente).

Exemplaire bien conservé, dans de fraîches reliures aux dos lisses ornés du fer à l’araignée. Elles s’inscrivent dans le goût alors en vogue.
Les gravures sont d’un beau tirage. Au tome II, la figure du Diable de Papefiguière (p. 149) est du tirage découvert ; celle du Cas de conscience (p. 143) est du tirage couvert.

Dimensions : 175 x 112 mm.

Provenances : Henri Florin de Duikinberg, avec son ex-libris ; Kraft de La Saulx, avec son ex-libris.

Cohen, I, pp. 558-569 (« cette édition [...], dite des Fermiers généraux, parce qu'ils en firent les frais, est celle dont l'ensemble est le plus beau et le plus agréable ; c'est, en outre, le chef-d'œuvre d'Eisen »).