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LOT 133

LAWRENCE THOMAS EDWARD (1888-1935) [LAWRENCE D'ARABIE].

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L.A.S. « T.E.L. », [Djeddah] 18 octobre 1916, au général Gilbert F. CLAYTON ; 2 pages in-fol., petite vignette à froid aux armes britanniques (trous de classeur affectant quelques lettres) ; en anglais.
Longue et importante lettre, donnant ses impressions sur Abdullah bin al-Hussein, fils d’Hussein ben-Ali, chérif de la Mecque et l’un des promoteurs de la révolte arabe, Azis Ali al-Misri, chef d’étatmajor d’Hussein, et la ville de Djeddah.
[Sir Gilbert CLAYTON (1875-1929) était directeur du renseignement militaire britannique en Égypte ; en 1917, il fut chargé du commandement politique de la Force expéditionnaire égyptienne qui commença l’invasion de la Palestine cette année-là. Lawrence d’Arabie travaillait directement sous ses ordres.]
Ils ont passé deux jours et demi à Djeddah, dont à peu près la moitié en discussion avec le chérif Abdullah. Ils sont arrivés au moment où Wilson avait reçu le télégramme sur la décision “finale” de ne pas débarquer une brigade à Rabegh (il faudrait informer le gouvernement de Sa Majesté que les décisions “finales” n’existent pas en temps de guerre, quoiqu’il soit d’accord avec celle-ci !), et il était si obsédé par ça qu’il n’a jamais été question de la Syrie… Abdullah a l’air d’avoir la trentaine, et des manières réservées. Tout de même, on voyait que la décision contre une brigade était un coup dur (surtout, croit-il, à ses ambitions) : il s’en est ému, d’abord, et a essayé de faire changer l’ordre, parce qu’il craignait d’en informer son père… Aziz, sans faire de confidences, manifeste beaucoup d’intérêt dans la voie ferrée d’Hejaz, au nord de Maan. Lawrence n’a pas pu lui faire envisager le tronçon El Ala-Medina : toutes ses questions concernent le Hauran, Kerak et la région Nebk-Selemish, voire Alep. Peut-être essaie-t-il de pénétrer dans le pays RuallaHauran, pas forcément pour y faire grand-chose mais pour sonder le peuple et couper le lien ; il n’emmènera pas de troupes de l’Hedjaz.
Cependant si Aziz demande son avis, Lawrence ne tiendra pas compte de ses soupçons : en effet, une diversion là-bas pourrait aider les Anglais puissamment, à la fin de novembre. S’il faisait exploser le pont d’Hama, on pourrait fouiller Beersheba en sécurité ! Aziz se doute que toute idée d’une offensive de Médine a été abandonnée par les Turcs, mais il n’en sait pas beaucoup plus qu’eux… On aurait besoin de quelque bon travail de renseignement, à Djeddah, où l’opinion publique est joyeusement bien disposée envers les étrangers. Cependant ce sera mieux quand la mission politique française sera partie. Djeddah est une ville merveilleuse, de la pacotille élisabéthaine exagérée… Storrs racontera quelques perles de leur expérience : on dirait les Mille et une nuits revues et augmentées de notes par Gilbert ! L’ambiance la plus amusante qu’il ait connue…

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18 Nov 2019
France, Paris
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L.A.S. « T.E.L. », [Djeddah] 18 octobre 1916, au général Gilbert F. CLAYTON ; 2 pages in-fol., petite vignette à froid aux armes britanniques (trous de classeur affectant quelques lettres) ; en anglais.
Longue et importante lettre, donnant ses impressions sur Abdullah bin al-Hussein, fils d’Hussein ben-Ali, chérif de la Mecque et l’un des promoteurs de la révolte arabe, Azis Ali al-Misri, chef d’étatmajor d’Hussein, et la ville de Djeddah.
[Sir Gilbert CLAYTON (1875-1929) était directeur du renseignement militaire britannique en Égypte ; en 1917, il fut chargé du commandement politique de la Force expéditionnaire égyptienne qui commença l’invasion de la Palestine cette année-là. Lawrence d’Arabie travaillait directement sous ses ordres.]
Ils ont passé deux jours et demi à Djeddah, dont à peu près la moitié en discussion avec le chérif Abdullah. Ils sont arrivés au moment où Wilson avait reçu le télégramme sur la décision “finale” de ne pas débarquer une brigade à Rabegh (il faudrait informer le gouvernement de Sa Majesté que les décisions “finales” n’existent pas en temps de guerre, quoiqu’il soit d’accord avec celle-ci !), et il était si obsédé par ça qu’il n’a jamais été question de la Syrie… Abdullah a l’air d’avoir la trentaine, et des manières réservées. Tout de même, on voyait que la décision contre une brigade était un coup dur (surtout, croit-il, à ses ambitions) : il s’en est ému, d’abord, et a essayé de faire changer l’ordre, parce qu’il craignait d’en informer son père… Aziz, sans faire de confidences, manifeste beaucoup d’intérêt dans la voie ferrée d’Hejaz, au nord de Maan. Lawrence n’a pas pu lui faire envisager le tronçon El Ala-Medina : toutes ses questions concernent le Hauran, Kerak et la région Nebk-Selemish, voire Alep. Peut-être essaie-t-il de pénétrer dans le pays RuallaHauran, pas forcément pour y faire grand-chose mais pour sonder le peuple et couper le lien ; il n’emmènera pas de troupes de l’Hedjaz.
Cependant si Aziz demande son avis, Lawrence ne tiendra pas compte de ses soupçons : en effet, une diversion là-bas pourrait aider les Anglais puissamment, à la fin de novembre. S’il faisait exploser le pont d’Hama, on pourrait fouiller Beersheba en sécurité ! Aziz se doute que toute idée d’une offensive de Médine a été abandonnée par les Turcs, mais il n’en sait pas beaucoup plus qu’eux… On aurait besoin de quelque bon travail de renseignement, à Djeddah, où l’opinion publique est joyeusement bien disposée envers les étrangers. Cependant ce sera mieux quand la mission politique française sera partie. Djeddah est une ville merveilleuse, de la pacotille élisabéthaine exagérée… Storrs racontera quelques perles de leur expérience : on dirait les Mille et une nuits revues et augmentées de notes par Gilbert ! L’ambiance la plus amusante qu’il ait connue…

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