OFFENBACH Jacques (1819 1880). L.A.S., Villa Orphé…

OFFENBACH Jacques (1819-1880).
L.A.S., Villa Orphée (Étretat) lundi [1869, à Ludovic HALÉVY] ; 4 pages in-8, en-tête imprimé à son adresse (trace d’onglet).

Belle lettre à son ami et librettiste lors de la composition de son opéra-bouffe Les Brigands (livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy, qui sera créé aux Variétés le 10 décembre 1869).
« Tu me parles toujours du 2d acte de La Belle Hélène. C’est mon meilleur acte – parce que tous les morceaux sont en situation et à effet. Je ne demande pas la quantité – mais la qualité – sans situation, la musique devient absurde et embêtante pour le public. Je demande des situations à mettre en musique et non par couplets, sans couplet, comme dans Toto, ou la Diva [Le Château à Toto (mai 1868), et La Diva (mars 1869)]. Le public se fatigue des petits refrains et moi aussi. Dans ce 2d acte, vous ne m’avez pas donné une situation, une seule – il faut la chercher – ça doit être facile le 2d acte fourmillant de situations comiques. Quand à envoyer ma musique à Paris pour y faire mettre le nez de Mr Roque [Léon Roques qui fit les arrangements de plusieurs pièces d’Offenbach] – non – d’ailleurs le travail est trop important et il faut le faire ensemble, juges en toi-même. Introduction, la ballade de Dupuis à faire [le ténor José Dupuis, qui devait interpréter le rôle du chef des brigands Falsacappa]. Quant au petit chœur d’entrée (nous avons pris ce petit homme) il faut le conduire jusqu’au moment où Fragoletto apperçoit Ginevra [qui sera rebaptisée Fiorella] – pour que je puisse reprendre le 1er motif. Le Duo – est complètement à faire pour le récit de Ginevra lui indiquant le chemin. L’air de Fragoletto (le courrier) beaucoup de vers à ajouter. Le Final un tas de détails, puis les couplets de Ginevra. Tu vois qu’il nous faut deux jours au moins – je vous avais espéré ici – et j’ai travaillé comme un nègre à cet effet. Je viens à l’instant de finir le Final – donc mon 1er acte est FAIT – musicalement parlant. Voilà donc ce qu’il faut faire. Lire la pièce le 17 – sans la musique. Nous travaillerons à Paris deux jours – pour finir – et alors, mais alors seulement lire la musique – les 2 ou 3 petits morceaux qui ne demandent pas grand changement je les enverrai à Rousseau pour la copie dans deux jours »…
Lettres à Henri Meilhac et Ludovic Halévy (Séguier, 1994), p. 159.