RAVEL Maurice (1875 1937). L.A.S., 16 octobre [190…

RAVEL Maurice (1875-1937).
L.A.S., 16 octobre [1902], à Mlle Jane GAUDIN à Saint-Jean-de-Luz ; 5 pages in-8, enveloppe.

Jolie lettre après un séjour à Saint-Jean-de-Luz.
Il a tardé à lui écrire pour la « remercier de tout ce que l’on a fait chez vous pour me rendre mon séjour aussi agréable. Ce n’est pas à l’ingratitude qu’il faut attribuer cette apparente indifférence, mais à l’existence occupée et fiévreuse de Paris, que j’ai reprise sitôt que de retour. Que me voici loin de la vie tranquille et pourtant si délicieuse menée parmi vous, durant un mois trop court ! Vous ne sauriez croire avec quels regrets j’ai quitté St Jean-de-Luz. Je n’ai réellement ressenti cette nostalgique impression qu’au moment où j’ai vu disparaître l’océan d’abord, ensuite les Pyrénées. Ces dispositions moroses ont persisté pendant tout le reste du parcours. En repassant par Angoulême, la campagne, pourtant fort belle, m’a parue sèche et sans poésie ; et, pour la première fois de ma vie, je serais rentré à Paris sans aucun plaisir si je n’y avais retrouvé ma famille. À présent, j’ai repris le cours de ma vie habituelle, mais n’empêche, je penserai souvent, je crois, à cet admirable pays, et à la façon dont j’y ai été accueilli »…
[Le compositeur entretint une correspondance suivie avec Jane Gaudin (1880-1979) et sa sœur Marie Gaudin (1879-1976). Il composa le Rigaudon de son Tombeau de Couperin à la mémoire de leurs frères Pierre et Pascal morts à la guerre.]