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LOT 141

RIMBAUD, Arthur (1854-1891). Lettre autographe signée à sa famille. Aden, Hôtel de l'Univers, le 18 novembre 1885.

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RIMBAUD, Arthur (1854-1891). Lettre autographe signée à sa famille. Aden, Hôtel de l'Univers, le 18 novembre 1885.

4 pp. (205 x 148 mm), à l'encre noire, sur un double feuillet. (Restes de montage en marge, pliures).

Longue et riche lettre de Rimbaud à sa famille, évoquant son départ avec la caravane Labatut. Pierre Labatut (1842-1886) était un trafiquant français, décrit par ses contemporains comme le "seul négociant européen fixé dans l'Ethiopie méridionale". Il gagne la confiance du roi du Choa, Menelik, qui, en août 1885, le charge d'aller en Europe pour lui rapporter des armes. Le retour de l'expédition se passe mal : Labatut est attaqué par le clan des Issas, et il ne survit qu'en faisant couler le sang. Craignant désormais de prendre part aux convois, il s'adresse à Rimbaud en octobre 1885. Ce dernier, qui vient de cesser de traiter avec les frères Bardey, accepte volontiers - le vocabulaire choisi par Rimbaud dans cette lettre en dit long sur l'idée qu'il se fait de l'Abyssinie : "le climat [y] est délicieux, il ne fait ni chaud ni froid, la population est chrétienne et hospitalière, on mène une vie facile, c'est un lieu de repos très agréable pour ceux qui se sont abrutis quelques années sur les rivages incandescents de la mer Rouge".
Prévoyant "une cinquantaine de jours de marche à cheval par des déserts brûlants" pour atteindre cette terre promise, Rimbaud veut préparer son départ le mieux possible. Une grande partie de cette lettre est consacrée à la commande auprès de sa famille du Dictionnaire de la langue Amhara d'Antoine d'Abbadie, indiquant : "je ne puis me passer de l'ouvrage pour apprendre la langue du pays où je vais et où personne ne sait une langue européenne, car il n'y a presque point d'Européens là jusqu'à présent".
Mais la préparation de la caravane comme l'envoi de l'indispensable dictionnaire prennent du retard. Alors qu'il "attend toujours le livre demandé", le 6 janvier 1886, il écrit aux membres de sa famille, qui ne sont pas certains d'avoir trouvé le bon livre: "vous m'embarrassez fort en vous embarrassant . Le reçu de ce livre va être à présent fort retardé !". Le 28 février, alors que la caravane s'enlise dans les préparatifs, Rimbaud assène, excédé : "il y a six mois que je vous ai écrit à propos de ce livre pour la première fois, et vous voyez comme vous avez le talent de me faire parvenir avec précision les choses dont j'ai besoin: six mois pour recevoir un livre..." Il lui parvient finalement le 21 mai. L'heure du départ n'a pas sonné pour autant : la caravane ne se met en marche qu'au début d'octobre 1886, presque un an après l'envoi de la présente lettre. Entretemps, Labatut est mort, emporté par un cancer. Cela n'augure rien de bon pour Rimbaud, qui, arrivé à destination, est assailli par les créanciers du défunt. Le roi confisque les armes transportées et le force à les lui vendre à des prix bien inférieurs à ce qui était convenu à l'origine. Rimbaud, qui confiait à sa famille espérer rentrer après quelques mois "avec environ 25 000 francs", n'a d'autre choix que de fuir, de peur d'être "dépouillé complètement" (lettre du 30 juillet 1887).
La présente lettre se conclut par le souci de Rimbaud de régler "cette affaire de service militaire" avant son retour espéré en 1886 - il ne prendra en fait le chemin de la France qu'en mai 1891, perclus de douleurs à la jambe droite où se déclare un cancer qui l'emportera en novembre.
Françoise Dragacci-Paulsen, "Rimbaud africain à travers sa correspondance", in Nineteenth-Century French Studies Vol. 27, No. 1/2, pp. 132-156 ; M.-J. et M. Butor, Dialogue avec Arthur Rimbaud, 2002 ; J.-B. Baronian (dir.), Dictionnaire Rimbaud, notices "Abyssinie" et "Pierre Labatut".

[Joint:] PATERNE BERRICHON (Pierre-Eugène Dufour, dit) (1855-1922). Lettre autographe signée à un "poète" non nommé, s.l.n.d.
2 pp. ½ de format 212 x 136 mm (légères brunissures marginales).
Paterne Berrichon, beau-frère de Rimbaud, et son épouse, viennent d'être mis à la porte de "la mansarde qui les abritait". Il demande à son correspondant, dont il a fait la connaissance "un soir, chez Stéphane Mallarmé", de lui avancer "cent francs, à peu près", pour le sortir de cet "embarras horrible".

A long and fascinating letter from Rimbaud to his family, shedding light on his activities in Africa.

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07 Oct 2019
France, Paris
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RIMBAUD, Arthur (1854-1891). Lettre autographe signée à sa famille. Aden, Hôtel de l'Univers, le 18 novembre 1885.

4 pp. (205 x 148 mm), à l'encre noire, sur un double feuillet. (Restes de montage en marge, pliures).

Longue et riche lettre de Rimbaud à sa famille, évoquant son départ avec la caravane Labatut. Pierre Labatut (1842-1886) était un trafiquant français, décrit par ses contemporains comme le "seul négociant européen fixé dans l'Ethiopie méridionale". Il gagne la confiance du roi du Choa, Menelik, qui, en août 1885, le charge d'aller en Europe pour lui rapporter des armes. Le retour de l'expédition se passe mal : Labatut est attaqué par le clan des Issas, et il ne survit qu'en faisant couler le sang. Craignant désormais de prendre part aux convois, il s'adresse à Rimbaud en octobre 1885. Ce dernier, qui vient de cesser de traiter avec les frères Bardey, accepte volontiers - le vocabulaire choisi par Rimbaud dans cette lettre en dit long sur l'idée qu'il se fait de l'Abyssinie : "le climat [y] est délicieux, il ne fait ni chaud ni froid, la population est chrétienne et hospitalière, on mène une vie facile, c'est un lieu de repos très agréable pour ceux qui se sont abrutis quelques années sur les rivages incandescents de la mer Rouge".
Prévoyant "une cinquantaine de jours de marche à cheval par des déserts brûlants" pour atteindre cette terre promise, Rimbaud veut préparer son départ le mieux possible. Une grande partie de cette lettre est consacrée à la commande auprès de sa famille du Dictionnaire de la langue Amhara d'Antoine d'Abbadie, indiquant : "je ne puis me passer de l'ouvrage pour apprendre la langue du pays où je vais et où personne ne sait une langue européenne, car il n'y a presque point d'Européens là jusqu'à présent".
Mais la préparation de la caravane comme l'envoi de l'indispensable dictionnaire prennent du retard. Alors qu'il "attend toujours le livre demandé", le 6 janvier 1886, il écrit aux membres de sa famille, qui ne sont pas certains d'avoir trouvé le bon livre: "vous m'embarrassez fort en vous embarrassant . Le reçu de ce livre va être à présent fort retardé !". Le 28 février, alors que la caravane s'enlise dans les préparatifs, Rimbaud assène, excédé : "il y a six mois que je vous ai écrit à propos de ce livre pour la première fois, et vous voyez comme vous avez le talent de me faire parvenir avec précision les choses dont j'ai besoin: six mois pour recevoir un livre..." Il lui parvient finalement le 21 mai. L'heure du départ n'a pas sonné pour autant : la caravane ne se met en marche qu'au début d'octobre 1886, presque un an après l'envoi de la présente lettre. Entretemps, Labatut est mort, emporté par un cancer. Cela n'augure rien de bon pour Rimbaud, qui, arrivé à destination, est assailli par les créanciers du défunt. Le roi confisque les armes transportées et le force à les lui vendre à des prix bien inférieurs à ce qui était convenu à l'origine. Rimbaud, qui confiait à sa famille espérer rentrer après quelques mois "avec environ 25 000 francs", n'a d'autre choix que de fuir, de peur d'être "dépouillé complètement" (lettre du 30 juillet 1887).
La présente lettre se conclut par le souci de Rimbaud de régler "cette affaire de service militaire" avant son retour espéré en 1886 - il ne prendra en fait le chemin de la France qu'en mai 1891, perclus de douleurs à la jambe droite où se déclare un cancer qui l'emportera en novembre.
Françoise Dragacci-Paulsen, "Rimbaud africain à travers sa correspondance", in Nineteenth-Century French Studies Vol. 27, No. 1/2, pp. 132-156 ; M.-J. et M. Butor, Dialogue avec Arthur Rimbaud, 2002 ; J.-B. Baronian (dir.), Dictionnaire Rimbaud, notices "Abyssinie" et "Pierre Labatut".

[Joint:] PATERNE BERRICHON (Pierre-Eugène Dufour, dit) (1855-1922). Lettre autographe signée à un "poète" non nommé, s.l.n.d.
2 pp. ½ de format 212 x 136 mm (légères brunissures marginales).
Paterne Berrichon, beau-frère de Rimbaud, et son épouse, viennent d'être mis à la porte de "la mansarde qui les abritait". Il demande à son correspondant, dont il a fait la connaissance "un soir, chez Stéphane Mallarmé", de lui avancer "cent francs, à peu près", pour le sortir de cet "embarras horrible".

A long and fascinating letter from Rimbaud to his family, shedding light on his activities in Africa.

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07 Oct 2019
France, Paris
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