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LOT 133

Scènes de la "Recherche du temps perdu" de Marcel Proust. 6 planches de dessins originaux, Jullian, Philippe

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Jullian, Philippe
Scènes et personnages d'À la Recherche du temps perdu de Marcel Proust.
6 planches de dessins originaux.
Vers 1970.

Encre noire et aquarelle. 362 x 262 mm. Signées. Encadrées sous verre.

Chacune de ces planches présentent plusieurs compositions autour des thématiques suivantes, certaines titrées :
- Charlus : "à Balbec", "Chez Jupien", "Chez le prince de Guermantes", "M[arqu]ise de Cambremer" ;
- Saint-Loup : "À Doncières", "À Balbec", "Rachel", "La m[arqu]ise de Villeparisis", "Saint-Loup et Odette" ;
- Les jeunes filles : "Gilberte ", "Albertine", ["La danse des seins"], "Albertine chez Elstir", "Lecture de la composition" ;
- Chez Odette : "Bergotte ", "Norpois", "La dame en rose", "Odette" ;
- Les Guermantes : "p[rince]sse de Guermantes", "Les Vaugoubert", "Mme de Surgis, le duc et ses fils", "Mme de Sainte-Euverte", "Charlus", "coté de Guermantes" ;
- Les Verdurin : "Les Cottard chez la patronne", "En attendant le petit train, Brichot, Cottard, la princesse russe", "Mme Cottard dans l’omnibus", "La mort de la grand-mère", "à la Raspelière".

Philippe Jullian sous influence proustienne. Avec le fantasme d’un passé familial brillant qui avait "la gloire et les immeubles", Philippe Jullian (1919-1977) a incarné l’image du mondain polygraphe, artiste et chroniqueur, soucieux de l’étiquette, sans cesse à la recherche du bibelot rare. Il fréquenta les héritiers du monde de Proust, monde qui lui inspira l’un de ses premiers livres, Gilberte retrouvée (1947). En 1945, c’est déguisé en Mme Verdurin qu’il participe à un Bal Marcel Proust donné par Mme Quinton. En 1953, il pastiche, avec Bernard Minoret, le style de Proust dans Les Morot-Chandonneur. Également brillant dessinateur, il s’impose comme le maître de la caricature cruelle des cénacles qu’il fréquente, en France ou en Angleterre ; il illustra avec verve À la recherche du temps perdu pour une édition anglaise du roman parue en 1949 vers la même époque, il édite un portfolio d’illustrations proustiennes, XV portraits d'après l'œuvre de Marcel Proust. Publiant Scarps en 1959, plusieurs critiques comparent l’écrivain à Proust (Diesbach, p. 262). Il travaille à des biographies de Robert de Montesquiou (1964), Oscar Wilde (1967) ou Jean Lorrain (1974.), tout en publiant des ouvrages au style acerbe et spirituel sur la Café-society qu’il fréquente (1962), ou sur le monde de l’art, des antiquaires et des collectionneurs (Mémoires d'une bergère, 1959 ; Les styles, 1961 ; Les Collectionneurs, 1966 ; La Brocante, 1977).

Philippe Jullian se plonge à nouveau dans l’atmosphère proustienne en illustrant, en 1966, la traduction anglaise des pastiches proustiens d’André Maurois, Du côté de Chelsea. Cette réussite incite alors Gallimard à éditer une nouvelle édition d’À la recherche du temps perdu (Gallimard, collection "La Gerbe illustrée", 1968-1969). "Sachant combien il est hasardeux d’interposer sa propre conception d’un personnage entre l’idée que son auteur en a et celle que le lecteur s’en fait, Philippe Jullian a […] voulu rester fidèle aux modes et aux décors de son temps", explique son biographe Ghislain de Diesbach (Un esthète aux enfers, Philippe Jullian, Plon, 1993, p. 367) : ainsi, pour le Faubourg Saint-Honoré, l’artiste s’inspire des albums de photographies de certaines personnes du monde qu’il fréquente ; pour le clan de Mme Verdurin, il avoue s’être inspiré de sa propre famille. Un critique de l’époque écrira : "Il enrobe, il surcharge, dissimule le réalisme des objets sous des arabesques… le dessin est aussi moderne que l’écriture de Proust en son temps […] Philippe Jullian, à la façon de Proust, voit souvent la réalité à travers un souvenir littéraire ou plastique […] mais sans aller jusqu’à la caricature ; le goût de l’ironie lui permet de garder ses distances avec ces allusions au portrait officiel" (cité par Diesbach, p. 368). En 1977, l’incendie de sa maison de campagne qui renfermait ses collections, puis la mort d’un domestique adoré, le poussèrent à mettre fin à ses jours.

"La chasse à l'objet rare, insolite ou curieux fut pour Philippe Jullian un goût précoce auquel il resta fidèle jusqu'à sa mort. Né à Bordeaux, orienté très jeune vers l'histoire par son grand-père Camille Jullian, il abandonna cependant l'Université dont le conformisme l'ennuyait, pour achever son éducation dans la société parisienne où les survivants du monde de Proust, évoqués dans un de ses premiers livres Gilberte retrouvée, furent ses maîtres, ses mécènes et parfois ses complices" (Ghislain de Diesbach, catalogue de vente de la succession Jullian, 9 décembre 1978).

Condition Report:
To request a Condition Report for this lot, please contact Benoit.Puttemans@sothebys.com
Pour toute demande de Rapport d’état, merci de contacter Benoit.Puttemans@sothebys.com

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04 Oct 2021
France, Paris
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Jullian, Philippe
Scènes et personnages d'À la Recherche du temps perdu de Marcel Proust.
6 planches de dessins originaux.
Vers 1970.

Encre noire et aquarelle. 362 x 262 mm. Signées. Encadrées sous verre.

Chacune de ces planches présentent plusieurs compositions autour des thématiques suivantes, certaines titrées :
- Charlus : "à Balbec", "Chez Jupien", "Chez le prince de Guermantes", "M[arqu]ise de Cambremer" ;
- Saint-Loup : "À Doncières", "À Balbec", "Rachel", "La m[arqu]ise de Villeparisis", "Saint-Loup et Odette" ;
- Les jeunes filles : "Gilberte ", "Albertine", ["La danse des seins"], "Albertine chez Elstir", "Lecture de la composition" ;
- Chez Odette : "Bergotte ", "Norpois", "La dame en rose", "Odette" ;
- Les Guermantes : "p[rince]sse de Guermantes", "Les Vaugoubert", "Mme de Surgis, le duc et ses fils", "Mme de Sainte-Euverte", "Charlus", "coté de Guermantes" ;
- Les Verdurin : "Les Cottard chez la patronne", "En attendant le petit train, Brichot, Cottard, la princesse russe", "Mme Cottard dans l’omnibus", "La mort de la grand-mère", "à la Raspelière".

Philippe Jullian sous influence proustienne. Avec le fantasme d’un passé familial brillant qui avait "la gloire et les immeubles", Philippe Jullian (1919-1977) a incarné l’image du mondain polygraphe, artiste et chroniqueur, soucieux de l’étiquette, sans cesse à la recherche du bibelot rare. Il fréquenta les héritiers du monde de Proust, monde qui lui inspira l’un de ses premiers livres, Gilberte retrouvée (1947). En 1945, c’est déguisé en Mme Verdurin qu’il participe à un Bal Marcel Proust donné par Mme Quinton. En 1953, il pastiche, avec Bernard Minoret, le style de Proust dans Les Morot-Chandonneur. Également brillant dessinateur, il s’impose comme le maître de la caricature cruelle des cénacles qu’il fréquente, en France ou en Angleterre ; il illustra avec verve À la recherche du temps perdu pour une édition anglaise du roman parue en 1949 vers la même époque, il édite un portfolio d’illustrations proustiennes, XV portraits d'après l'œuvre de Marcel Proust. Publiant Scarps en 1959, plusieurs critiques comparent l’écrivain à Proust (Diesbach, p. 262). Il travaille à des biographies de Robert de Montesquiou (1964), Oscar Wilde (1967) ou Jean Lorrain (1974.), tout en publiant des ouvrages au style acerbe et spirituel sur la Café-society qu’il fréquente (1962), ou sur le monde de l’art, des antiquaires et des collectionneurs (Mémoires d'une bergère, 1959 ; Les styles, 1961 ; Les Collectionneurs, 1966 ; La Brocante, 1977).

Philippe Jullian se plonge à nouveau dans l’atmosphère proustienne en illustrant, en 1966, la traduction anglaise des pastiches proustiens d’André Maurois, Du côté de Chelsea. Cette réussite incite alors Gallimard à éditer une nouvelle édition d’À la recherche du temps perdu (Gallimard, collection "La Gerbe illustrée", 1968-1969). "Sachant combien il est hasardeux d’interposer sa propre conception d’un personnage entre l’idée que son auteur en a et celle que le lecteur s’en fait, Philippe Jullian a […] voulu rester fidèle aux modes et aux décors de son temps", explique son biographe Ghislain de Diesbach (Un esthète aux enfers, Philippe Jullian, Plon, 1993, p. 367) : ainsi, pour le Faubourg Saint-Honoré, l’artiste s’inspire des albums de photographies de certaines personnes du monde qu’il fréquente ; pour le clan de Mme Verdurin, il avoue s’être inspiré de sa propre famille. Un critique de l’époque écrira : "Il enrobe, il surcharge, dissimule le réalisme des objets sous des arabesques… le dessin est aussi moderne que l’écriture de Proust en son temps […] Philippe Jullian, à la façon de Proust, voit souvent la réalité à travers un souvenir littéraire ou plastique […] mais sans aller jusqu’à la caricature ; le goût de l’ironie lui permet de garder ses distances avec ces allusions au portrait officiel" (cité par Diesbach, p. 368). En 1977, l’incendie de sa maison de campagne qui renfermait ses collections, puis la mort d’un domestique adoré, le poussèrent à mettre fin à ses jours.

"La chasse à l'objet rare, insolite ou curieux fut pour Philippe Jullian un goût précoce auquel il resta fidèle jusqu'à sa mort. Né à Bordeaux, orienté très jeune vers l'histoire par son grand-père Camille Jullian, il abandonna cependant l'Université dont le conformisme l'ennuyait, pour achever son éducation dans la société parisienne où les survivants du monde de Proust, évoqués dans un de ses premiers livres Gilberte retrouvée, furent ses maîtres, ses mécènes et parfois ses complices" (Ghislain de Diesbach, catalogue de vente de la succession Jullian, 9 décembre 1978).

Condition Report:
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Time, Location
04 Oct 2021
France, Paris
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