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LOT 39

Sophie ARNOULD (1744-1803) cantatrice, interprète de Gluck dont...

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Sophie ARNOULD (1744-1803) cantatrice, interprète de Gluck dont elle créa l’Eurydice et Iphigénie en Aulide. L.A.S., du Paraclet-Sophie, commune de Luzarches, dép. de Seine-et-Oise, 17 messidor VIII (6 juillet 1800), au Citoyen Cellerier, administrateur au Théâtre des Arts ; 2 pages et quart in-8, adresse avec marque postale et cachet de cire rouge brisé.
Spirituelle et émouvante lettre de l’ancienne cantatrice dans la misère.
« Vous m’avez promis, mon aimable, et très ancien amy, vos services, vos bons offices, relativement à mes interêts, eh ! je les reclame, car je me trouve dans une position si gêsnée, que je suis obligée de vivre comme une pauvre malheureuse, de me cazanier, et de me priver de tout ». Elle souhaite toucher l’arriéré dû « sur le secour provisoire que je reçois présentement à la Caisse de l’opéra […] Cela me proffiteroit mieux, que par bribes, comme cela se pratique […] si je n’avois pas jouie de tant de richesses autres fois, de tant de considérations, qui font le charme de cette vie, je ne me trouverois pas aujourdhuy si malheureuse, & si pauvre : mais ! viéillire aussy, dans le besoin, dans la misère, et estre condamnée à toutes les privations, c’est bien mal achever sa vie ! Si je pouvois chanter encore, je chanterois bien comme Lize, dans je ne sçais plus quelle pièce de cette comédie italienne :
– Ça n’devoit pas finir par là
– Puisque ça commençoit comme ça.
Ah! mon amy, il vous souvient peut estre encore de ce temps là : c’estoit l’bon temps au moins ! Il y avoit des esclaves, à la vérité mais ! ils estoient les nôstres : – au lieu, qu’aujourdhuy, nous n’avons que des cochons […] Je sais bien que quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a ; mais ! je n’ai rien, ayons de l’argent, au moins ! C’est ce que je vous souhaite, mon amy ; c’est aussi ce que je vous demande : ainsi soit il : sur ce je vous salue et vous embrasse, d’aussy bon cœur que je vous aime »...
Elle ajoute en post-scriptum : « On dit dans nos hameaux, que Bonnaparte est de retour à Paris ; partant, que la gloire, et le bonheur, le suivent. Écrivez moy, mon amy, répondez moy, fut çe un refus, au moins, votre lettre charmera mes ennuis ; car une vieille bergere n’a pas beaucoup de quoy s’amuser… »
Lettre publiée par Edmond et Jules de Goncourt dans Sophie Arnould d’après sa correspondance et ses Mémoires inédits (1857, chap. LIV, coll. du marquis de Flers).

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Time, Location
06 Feb 2020
France, Paris
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Sophie ARNOULD (1744-1803) cantatrice, interprète de Gluck dont elle créa l’Eurydice et Iphigénie en Aulide. L.A.S., du Paraclet-Sophie, commune de Luzarches, dép. de Seine-et-Oise, 17 messidor VIII (6 juillet 1800), au Citoyen Cellerier, administrateur au Théâtre des Arts ; 2 pages et quart in-8, adresse avec marque postale et cachet de cire rouge brisé.
Spirituelle et émouvante lettre de l’ancienne cantatrice dans la misère.
« Vous m’avez promis, mon aimable, et très ancien amy, vos services, vos bons offices, relativement à mes interêts, eh ! je les reclame, car je me trouve dans une position si gêsnée, que je suis obligée de vivre comme une pauvre malheureuse, de me cazanier, et de me priver de tout ». Elle souhaite toucher l’arriéré dû « sur le secour provisoire que je reçois présentement à la Caisse de l’opéra […] Cela me proffiteroit mieux, que par bribes, comme cela se pratique […] si je n’avois pas jouie de tant de richesses autres fois, de tant de considérations, qui font le charme de cette vie, je ne me trouverois pas aujourdhuy si malheureuse, & si pauvre : mais ! viéillire aussy, dans le besoin, dans la misère, et estre condamnée à toutes les privations, c’est bien mal achever sa vie ! Si je pouvois chanter encore, je chanterois bien comme Lize, dans je ne sçais plus quelle pièce de cette comédie italienne :
– Ça n’devoit pas finir par là
– Puisque ça commençoit comme ça.
Ah! mon amy, il vous souvient peut estre encore de ce temps là : c’estoit l’bon temps au moins ! Il y avoit des esclaves, à la vérité mais ! ils estoient les nôstres : – au lieu, qu’aujourdhuy, nous n’avons que des cochons […] Je sais bien que quand on n’a pas ce que l’on aime, il faut aimer ce que l’on a ; mais ! je n’ai rien, ayons de l’argent, au moins ! C’est ce que je vous souhaite, mon amy ; c’est aussi ce que je vous demande : ainsi soit il : sur ce je vous salue et vous embrasse, d’aussy bon cœur que je vous aime »...
Elle ajoute en post-scriptum : « On dit dans nos hameaux, que Bonnaparte est de retour à Paris ; partant, que la gloire, et le bonheur, le suivent. Écrivez moy, mon amy, répondez moy, fut çe un refus, au moins, votre lettre charmera mes ennuis ; car une vieille bergere n’a pas beaucoup de quoy s’amuser… »
Lettre publiée par Edmond et Jules de Goncourt dans Sophie Arnould d’après sa correspondance et ses Mémoires inédits (1857, chap. LIV, coll. du marquis de Flers).

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