Spanish master, ca. 1560.

Spanish master, ca. 1560.
"Christ Carrying the Cross".
Oil on pine board.
Provenance: Collection Milá Barcelona with old attribution to Sebastiano del Piombo.

Maître espagnol, vers 1560.
"Christ portant la croix.
Huile sur panneau de pin.
Provenance : Collection Milá Barcelona avec ancienne attribution à Sebastiano del Piombo.
Mesures : 66 x 49 cm ; 83,5 x 66 cm (cadre).
Le bois sur les épaules, les marques visibles du supplice, les épines qui percent la chair ou la tension d'un corps qui semble porter le poids de toute l'humanité, restent en arrière-plan devant le regard pénétrant du Christ. Ces yeux profondément humains dialoguent avec nous d'une manière si claire et si véridique qu'il est impossible de ne pas en être ému. L'expression calme de Jésus nous rend témoins du chemin du Calvaire et du fait qu'il s'est arrêté pour nous. Il est certain que la main d'un maître a été capable de réaliser une œuvre avec un message aussi transcendant avec une telle clarté. Le visage le plus divin manifeste une telle humanité que celui qui le regarde finit par voir à l'intérieur de lui-même.
L'œuvre montre Jésus-Christ à mi-corps, portant la lourde croix sur son épaule gauche, tandis qu'il fixe son regard sur le spectateur, entrant dans un dialogue silencieux avec lui. C'est un Christ serein et retenu, malgré le fait qu'il endure un degré indescriptible de douleur. Cette douleur se reflète dans les gouttes de sang qui tombent de sa tête et coulent sur son corps à moitié nu. Les gouttes prennent un aspect réaliste au point que si nous les voyons de près, elles sont capables de prendre du volume et de s'échapper dans le cadre lui-même. Les épines de la couronne sont insérées dans la chair de Jésus, la transperçant de manière si agressive qu'en s'enfonçant, elles marquent le relief sous la peau, voire la déchirent, comme dans le cas du sourcil. La croix, dont nous ne voyons qu'une partie de deux troncs, est présentée avec une rotondité presque architecturale, montrant le lourd fardeau qu'elle porte. Il faut bien comprendre que le message de ce passage est l'acceptation de la Passion elle-même. La souffrance du Christ a une fin et lui-même, en pleine conscience, ne la fuit pas, ne se délecte pas de la douleur, mais l'embrasse. Le regard profond et plein de larmes qui jaillit de ses yeux est dirigé vers le spectateur avec une telle sévérité qu'il semble inculquer le message proposé. Œuvre pleine de sérénité malgré sa rigueur et sa méticulosité, le peintre représente fidèlement un instant. Comme si nous étions sur la Via Dolorosa elle-même, sur le chemin du Calvaire, le Christ portant la croix arrête son regard sur nous et nous fixe.
La silhouette du Christ apparaît si clairement délimitée à certains endroits qu'elle en devient tangible, tandis qu'à d'autres, elle semble se confondre avec les contours au milieu de l'obscurité. Ce jeu dirige notre regard vers les points où l'artiste a cherché à focaliser notre attention. La précision avec laquelle il a exécuté de nombreux détails leur confère un haut degré de réalisme, comme les poils de la barbe peints presque individuellement ou le grain du bois de la croix.

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