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Statue féminine Jonyeleni, Bamana, Mali | Bamana Jonyeleni feminine Figure,...

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Statue féminine Jonyeleni, Bamana, Mali

Haut. 60 cm
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Bamana Jonyeleni feminine Figure, Mali

Height 23 ⁵/₈ in

Catalogue Note:
Par Emilie Salmon

Vivant au Mali au sud- est du territoire Dogon, les Bamana entretiennent un fort culte des ancêtres et une société initiatique, le Jo. La structure sociale de ce peuple, indissociable de la religion, est fondée sur l’appartenance de chaque individu à une société secrète. C’est autour de ses six sociétés masculines que la société Bamana s’organise.

Parmi le corpus d’objets liés aux cultes du Jo, les statues féminines Jonyeleni (petite Nyele du Jo) comme celle-ci sont incontournables. Elles représentent la matérialisation de l’âme de l’entité féminine à l’origine de la création.

Cette formidable statue à la plastique schématique et sensuelle présente toutes les caractéristiques de l’art Bamana. Le visage est d’une grande expressivité, les yeux comportent des inclusions métalliques.

Les seins, coniques, semblent jaillir d’une large poitrine, et n’ont rien à envier à ceux, iconiques, de Madonna dans son corset réalisé par Jean- Paul Gaultier au début des années 1990.

La présence de motifs géométriques représentant des scarifications sur l’ensemble du corps ainsi que la très belle patine d’ancienneté témoignent de l’importance de cette œuvre.

________________________________________

Figure-clé des mouvements Dada et surréaliste, photographe et artiste, Man Ray contribua amplement, aux côtés de collectionneurs d’avant-garde comme André Breton ou de Charles Ratton, à l’évolution du regard porté sur les œuvres d’art africain et océanien au début du XXe siècle. Pourtant, comme le souligne Wendy Grossman dans le catalogue de la brillante exposition qu’elle consacre à ce sujet [1], « tandis que la carrière de Man Ray et son art sont bien connus, son engagement photographique envers les objets d’Afrique et d’autres cultures indigènes ont suscité peu d’attention jusqu’alors. » L’étude de quelques-unes de ses plus iconiques photographies, prises à Paris dans les années 1920-1930, révèle « le processus qui a conduit les objets africains, d’abord considérés comme des specimens ethnographiques, à devenir modernes en Occident. »

Comme la célèbre statue de la reine Bangwa de la collection Helena Rubinstein immortalisée en 1934, la statue Jonyeleni – signifiant « petite Nyele (prénom de fille) ou « jolie petite »[2] – que Man Ray photographie vers 1930 [3], très comparable à notre œuvre, s’illustre par la remarquable dynamique de ses volumes, combinant avec une saisissante modernité surfaces planes, formes coniques et angles aigus. Dans les écrits consacrés aux Bamana, les statues Jonyeleniw (au pluriel) ont souvent, et « sans le moindre fondement ethnographique, été qualifiées de « reines ». [4] C’est bien ici, sinon une reine, du moins l’expression paroxystique de la beauté féminine en pays Bamana qu’un artiste à l’exceptionnel talent a sculptée. Comme l’anthropologue l’a également relevé [5] parmi les expressions artistiques de la région du Mandé au Mali, « les plus belles représentations de la femme sculptées sur bois sont liées aux sociétés d’initiation masculines du korè et du jo. »

Utilisées dans le cadre du jo, les Jonyeleniw incarnent la jeune femme idéale - larges épaules, seins fermes et généreux, fessier rebondi et hanches étroites - à laquelle peuvent prétendre les initiés du Jo au terme de leur initiation. Salia a décrit la manière dont « les nouveaux initiés voyagent pendant plusieurs mois dans les villages voisins en arborant ces sculptures. Ils rendent public leur nouveau statut et leur désir de se marier. » [6] Paré et habillé pour ces processions, leur corps est également mis en valeur par les scarifications en chevrons finement gravées, telles qu'elles ornaient autrefois le corps des femmes, tandis que la patine sombre, luisante, témoigne d’onctions régulières et évoquerait selon Kate Ezra le corps des jeunes filles se préparant pour les danses. [7] Au-delà de cette dimension esthétique, les Jonyeleniw concentrent également un rôle rituel fondamental, en tant que « matérialisation de l’âme de l’entité féminine qui est à l’origine de la création des pratiques initiatiques qui organisent la société et maintiennent l’ordre social. »[8] Elles incarnent, de leur stature hiératique, les valeurs du Jo : quintessence du corps, pureté de l’âme, complémentarité harmonieuse entre les individus.

Le visage audacieusement stylisé, réduit à des formes géométriques, et les deux tresses de chaque côté de la coiffure en cimier délicatement striée évoquent, selon Harter et Sonnery, « un style du district de Bougouni, assez proche de celui des Malinkés. » [9] tandis que la région de Koulikouro, dans le centre du pays Bamana, est indiquée dans le catalogue de l’exposition au Rietberg Museum de Zurich. [10]

Sa taille, l’admirable équilibre de la composition ainsi que les détails anatomiques – l’arrondi des épaules se prolongeant...

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30 Apr 2024
France, Paris
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Statue féminine Jonyeleni, Bamana, Mali

Haut. 60 cm
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Bamana Jonyeleni feminine Figure, Mali

Height 23 ⁵/₈ in

Catalogue Note:
Par Emilie Salmon

Vivant au Mali au sud- est du territoire Dogon, les Bamana entretiennent un fort culte des ancêtres et une société initiatique, le Jo. La structure sociale de ce peuple, indissociable de la religion, est fondée sur l’appartenance de chaque individu à une société secrète. C’est autour de ses six sociétés masculines que la société Bamana s’organise.

Parmi le corpus d’objets liés aux cultes du Jo, les statues féminines Jonyeleni (petite Nyele du Jo) comme celle-ci sont incontournables. Elles représentent la matérialisation de l’âme de l’entité féminine à l’origine de la création.

Cette formidable statue à la plastique schématique et sensuelle présente toutes les caractéristiques de l’art Bamana. Le visage est d’une grande expressivité, les yeux comportent des inclusions métalliques.

Les seins, coniques, semblent jaillir d’une large poitrine, et n’ont rien à envier à ceux, iconiques, de Madonna dans son corset réalisé par Jean- Paul Gaultier au début des années 1990.

La présence de motifs géométriques représentant des scarifications sur l’ensemble du corps ainsi que la très belle patine d’ancienneté témoignent de l’importance de cette œuvre.

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Figure-clé des mouvements Dada et surréaliste, photographe et artiste, Man Ray contribua amplement, aux côtés de collectionneurs d’avant-garde comme André Breton ou de Charles Ratton, à l’évolution du regard porté sur les œuvres d’art africain et océanien au début du XXe siècle. Pourtant, comme le souligne Wendy Grossman dans le catalogue de la brillante exposition qu’elle consacre à ce sujet [1], « tandis que la carrière de Man Ray et son art sont bien connus, son engagement photographique envers les objets d’Afrique et d’autres cultures indigènes ont suscité peu d’attention jusqu’alors. » L’étude de quelques-unes de ses plus iconiques photographies, prises à Paris dans les années 1920-1930, révèle « le processus qui a conduit les objets africains, d’abord considérés comme des specimens ethnographiques, à devenir modernes en Occident. »

Comme la célèbre statue de la reine Bangwa de la collection Helena Rubinstein immortalisée en 1934, la statue Jonyeleni – signifiant « petite Nyele (prénom de fille) ou « jolie petite »[2] – que Man Ray photographie vers 1930 [3], très comparable à notre œuvre, s’illustre par la remarquable dynamique de ses volumes, combinant avec une saisissante modernité surfaces planes, formes coniques et angles aigus. Dans les écrits consacrés aux Bamana, les statues Jonyeleniw (au pluriel) ont souvent, et « sans le moindre fondement ethnographique, été qualifiées de « reines ». [4] C’est bien ici, sinon une reine, du moins l’expression paroxystique de la beauté féminine en pays Bamana qu’un artiste à l’exceptionnel talent a sculptée. Comme l’anthropologue l’a également relevé [5] parmi les expressions artistiques de la région du Mandé au Mali, « les plus belles représentations de la femme sculptées sur bois sont liées aux sociétés d’initiation masculines du korè et du jo. »

Utilisées dans le cadre du jo, les Jonyeleniw incarnent la jeune femme idéale - larges épaules, seins fermes et généreux, fessier rebondi et hanches étroites - à laquelle peuvent prétendre les initiés du Jo au terme de leur initiation. Salia a décrit la manière dont « les nouveaux initiés voyagent pendant plusieurs mois dans les villages voisins en arborant ces sculptures. Ils rendent public leur nouveau statut et leur désir de se marier. » [6] Paré et habillé pour ces processions, leur corps est également mis en valeur par les scarifications en chevrons finement gravées, telles qu'elles ornaient autrefois le corps des femmes, tandis que la patine sombre, luisante, témoigne d’onctions régulières et évoquerait selon Kate Ezra le corps des jeunes filles se préparant pour les danses. [7] Au-delà de cette dimension esthétique, les Jonyeleniw concentrent également un rôle rituel fondamental, en tant que « matérialisation de l’âme de l’entité féminine qui est à l’origine de la création des pratiques initiatiques qui organisent la société et maintiennent l’ordre social. »[8] Elles incarnent, de leur stature hiératique, les valeurs du Jo : quintessence du corps, pureté de l’âme, complémentarité harmonieuse entre les individus.

Le visage audacieusement stylisé, réduit à des formes géométriques, et les deux tresses de chaque côté de la coiffure en cimier délicatement striée évoquent, selon Harter et Sonnery, « un style du district de Bougouni, assez proche de celui des Malinkés. » [9] tandis que la région de Koulikouro, dans le centre du pays Bamana, est indiquée dans le catalogue de l’exposition au Rietberg Museum de Zurich. [10]

Sa taille, l’admirable équilibre de la composition ainsi que les détails anatomiques – l’arrondi des épaules se prolongeant...

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30 Apr 2024
France, Paris
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