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Statue-portrait du roi Toukam, Royaume de Batoufam, Bamiléké, Cameroun | Batoufam Kingdom Portrait Figure of the King Toukam, Bamileke, Cameroon

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Statue-portrait du roi Toukam, Royaume de Batoufam, Bamiléké, Cameroun

haut. Height 87 cm ; 34 ¼in

Batoufam Kingdom Portrait Figure of the King Toukam, Bamileke, Cameroon

Catalogue Note:
Le Cameroun, nommé Grasland par les colonisateurs Allemands, et ensuite Grassfields par les Anglais en raison de la savane verdoyante qui s’étend entre les plateaux d’est en ouest de l’Adamawa au mont Cameroun, est le berceau des civilisations étatique dites « des montagnes » qui sont à l’origine de l’art que nous connaissons aujourd’hui. Ces sociétés politiques se sont constituées hypothétiquement à partir du XVIe siècle et au XIXe siècle pour former une dizaine de petits royaumes, dans lesquels le roi, le fon règne depuis son palais sur un groupement d’individus plus ou moins important. Le roi ou fon est l’héritier direct en ligne patrilinéaire (la plupart du temps) d’un fondateur qui s’est illustré par ces faits d’armes et de chasseur pour ensuite établir son autorité sur une communauté installée et prenant ampleur de génération en génération.

Le royaume de Batoufam est l’une de ces entités étatiques, à l’origine de la fondation duquel se trouve un personnage du nom de Nanfang. Ce chasseur d’éléphant avait été capturé par des guerriers Bamoun et vendu comme esclave par ceux-ci à « Falo sous-chef de Louogono, et vassal du fon des Bangwa orientaux. Le fonte se prit d’amitié pour cet étranger ; il en fit d’abord son tchinda, lui accorda sa liberté, puis son indépendance. Nanfang quitta aussitôt la sous-chefferie, s’installa dans la région de Toufam et y fonda son propre royaume. Depuis une alliance traditionnelle subsiste entre Batoufam et Bangwa. »[1]

Par ailleurs, comme l’avait souligné Pierre Harter, Batoufam est de notre point vue particulièrement réputé car c’est l’une des rares chefferies sinon la seule à avoir préservé les statues commémoratives de huit règnes successifs, visibles in situ en 1925 comme en témoignent les photographies de l’explorateur Frank Christol, mais vues également par Pierre Harter lui-même devant le palais du fon en 1957. Cette série de portraits royaux est incarnée par le couple du roi Pokam et de la reine Yugang de la Collection René et Odette Delenne vendue chez Sotheby’s le 02 décembre 2015 près d’un million et demi d’euros.

La statue-portrait de la Collection Michel Lequesne représente vraisemblablement le roi Toukam, septième fon du lignage de Nanfang. Sur la base de ses propres observations et les photos de Christol, Pierre Harter identifie en effet « les statues les plus extérieures [qui] commémoraient le 6e fon Nanfang II, fils de Kuinkam, lequel installa le palais à son emplacement présent. Puis, venait celle de Toukam, 7e fon, déjà très ravinée en 1925, mais montrant encore d’énormes joues gonflées, ainsi qu’un chapeau évasé rappelant la coiffure ten à plumes rouges. »[2] Cette description correspond à la statue de la collection Lequesne, qui est désormais plus rovinée encore qu’à l’époque de Christol ou plus tard Harter.

La statue-portrait du roi Toukam est un exemple unique et si rare de la culture et des traditions du royaume Batoufam du Cameroum. Il s’agit du chaînon manquant, ici remis au jour, de la plus longue séquence connue de portraits dynastiques dans l’histoire de l’art du Cameroun et probablement de l’art africain. Erigé en fleuron de l’art de cours batoufan, cette statue-portrait de Toukam comme les autres statues-portraits étaient réalisées par les artistes les plus talentueux et mis en scène de façon ostentatoire pour participer à l’affirmation du pouvoir du souverain régnant. Aujourd’hui marqué par le temps et les intempéries ce chefs-d’œuvre incarne avec force et vigueur l’histoire de cet art régalien Boutoufam et invoque la personnalité d’un de ses illustres gardiens, le roi Toukam.

Accueilli avec ferveur par les peintres expressionnistes allemands du groupe die Brücke au début du XXe siècle, l’art du Cameroun prend ici à nouveau toute son ampleur pour porter sur le devant de la scène un témoin universel passeur d’art et d’histoire, messager d’une civilisation passée et d’une culture en devenir au XXIe siècle.

[1] Harter Pierre, Arts anciens du Cameroun, 1986 : p. 298.

[2] Ibid. : p. 298.

Provenance:
Acquis in situ par Guy de Bruyne en 1968

Collection Comte Baudouin de Grunne (1917-2011), Bruxelles

Bernard Dulon, Paris

Collection Michel Lequesne, Paris, acquis en 2006

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Time, Location
05 Jun 2023
France, Paris
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Statue-portrait du roi Toukam, Royaume de Batoufam, Bamiléké, Cameroun

haut. Height 87 cm ; 34 ¼in

Batoufam Kingdom Portrait Figure of the King Toukam, Bamileke, Cameroon

Catalogue Note:
Le Cameroun, nommé Grasland par les colonisateurs Allemands, et ensuite Grassfields par les Anglais en raison de la savane verdoyante qui s’étend entre les plateaux d’est en ouest de l’Adamawa au mont Cameroun, est le berceau des civilisations étatique dites « des montagnes » qui sont à l’origine de l’art que nous connaissons aujourd’hui. Ces sociétés politiques se sont constituées hypothétiquement à partir du XVIe siècle et au XIXe siècle pour former une dizaine de petits royaumes, dans lesquels le roi, le fon règne depuis son palais sur un groupement d’individus plus ou moins important. Le roi ou fon est l’héritier direct en ligne patrilinéaire (la plupart du temps) d’un fondateur qui s’est illustré par ces faits d’armes et de chasseur pour ensuite établir son autorité sur une communauté installée et prenant ampleur de génération en génération.

Le royaume de Batoufam est l’une de ces entités étatiques, à l’origine de la fondation duquel se trouve un personnage du nom de Nanfang. Ce chasseur d’éléphant avait été capturé par des guerriers Bamoun et vendu comme esclave par ceux-ci à « Falo sous-chef de Louogono, et vassal du fon des Bangwa orientaux. Le fonte se prit d’amitié pour cet étranger ; il en fit d’abord son tchinda, lui accorda sa liberté, puis son indépendance. Nanfang quitta aussitôt la sous-chefferie, s’installa dans la région de Toufam et y fonda son propre royaume. Depuis une alliance traditionnelle subsiste entre Batoufam et Bangwa. »[1]

Par ailleurs, comme l’avait souligné Pierre Harter, Batoufam est de notre point vue particulièrement réputé car c’est l’une des rares chefferies sinon la seule à avoir préservé les statues commémoratives de huit règnes successifs, visibles in situ en 1925 comme en témoignent les photographies de l’explorateur Frank Christol, mais vues également par Pierre Harter lui-même devant le palais du fon en 1957. Cette série de portraits royaux est incarnée par le couple du roi Pokam et de la reine Yugang de la Collection René et Odette Delenne vendue chez Sotheby’s le 02 décembre 2015 près d’un million et demi d’euros.

La statue-portrait de la Collection Michel Lequesne représente vraisemblablement le roi Toukam, septième fon du lignage de Nanfang. Sur la base de ses propres observations et les photos de Christol, Pierre Harter identifie en effet « les statues les plus extérieures [qui] commémoraient le 6e fon Nanfang II, fils de Kuinkam, lequel installa le palais à son emplacement présent. Puis, venait celle de Toukam, 7e fon, déjà très ravinée en 1925, mais montrant encore d’énormes joues gonflées, ainsi qu’un chapeau évasé rappelant la coiffure ten à plumes rouges. »[2] Cette description correspond à la statue de la collection Lequesne, qui est désormais plus rovinée encore qu’à l’époque de Christol ou plus tard Harter.

La statue-portrait du roi Toukam est un exemple unique et si rare de la culture et des traditions du royaume Batoufam du Cameroum. Il s’agit du chaînon manquant, ici remis au jour, de la plus longue séquence connue de portraits dynastiques dans l’histoire de l’art du Cameroun et probablement de l’art africain. Erigé en fleuron de l’art de cours batoufan, cette statue-portrait de Toukam comme les autres statues-portraits étaient réalisées par les artistes les plus talentueux et mis en scène de façon ostentatoire pour participer à l’affirmation du pouvoir du souverain régnant. Aujourd’hui marqué par le temps et les intempéries ce chefs-d’œuvre incarne avec force et vigueur l’histoire de cet art régalien Boutoufam et invoque la personnalité d’un de ses illustres gardiens, le roi Toukam.

Accueilli avec ferveur par les peintres expressionnistes allemands du groupe die Brücke au début du XXe siècle, l’art du Cameroun prend ici à nouveau toute son ampleur pour porter sur le devant de la scène un témoin universel passeur d’art et d’histoire, messager d’une civilisation passée et d’une culture en devenir au XXIe siècle.

[1] Harter Pierre, Arts anciens du Cameroun, 1986 : p. 298.

[2] Ibid. : p. 298.

Provenance:
Acquis in situ par Guy de Bruyne en 1968

Collection Comte Baudouin de Grunne (1917-2011), Bruxelles

Bernard Dulon, Paris

Collection Michel Lequesne, Paris, acquis en 2006

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05 Jun 2023
France, Paris
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