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LOT 55

Une sublime représentation monumentale fragmentaire... - Lot 55 - Ader

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Une sublime représentation monumentale fragmentaire de saint Georges terrassant le dragon pour sauver la princesse, et de la Vierge en maternité, Jésus en train de bénir, surmontés d’angelots tenant un voile au-dessus d’eux, saint Georges est suivi d’une armée, tous sont peints de face. Le royaume chrétien d’Éthiopie est l’héritier de l’ancien royaume d’Aksum, qui s’était développé sur les côtes africaines de la Mer Rouge au Ier siècle après J.-C., et dont les élites se sont converties au christianisme au IVe siècle. Les grands textes chrétiens sont alors traduits de l’arabe ou du grec en guèze (la langue éthiopienne ancienne), et l’église éthiopienne dépendra dès cette époque du patriarcat de l’église copte d’Alexandrie, et non de celui de Rome. Les peintures murales de la cathédrale d’Aksum sont déjà décrites comme des splendeurs dès le VIIe siècle par des exilés arabes, mais les plus anciennes peintures chrétiennes éthiopiennes ayant survécu, notamment aux importantes destructions et aux pillages (entre 1530 et 1543) lors du djiad lancé par les émirats musulmans du Sud-Est, remontent au XIIe siècle. Le siècle d’or de l’art chrétien éthiopien débuta au temps du roi Dawit et de sa descendance (aussi appelé David Ier, qui régna de 1378 à 1413), dont une des ambassades débarqua à Venise le 16 juillet 1402 pour ramener du matériel religieux et notamment des icônes et aussi faire venir des artisans italiens en Éthiopie. Mais les échanges commerciaux et les contacts avec le monde occidental qui se développent au XVIe siècle ne manquèrent pas de continuer d’enrichir et de renouveler la création artistique de ce qu’il est convenu d’appeler la peinture sacrée éthiopienne, qui se distingue par de nombreuses singularités, tant dans ses formes avec ses multiples et successives influences venant de l’extérieur mais aussi de l’intérieur du royaume, que dans ses usages proprement africains tels que ses caractères magiques ou thérapeutiques.Cette extraordinaire peinture monumentale est sans aucun doute un vrai chef-d’œuvre de la peinture sacrée éthiopienne, et de manière évidente nous pourrions juste affirmer simplement de la peinture dans l’histoire. Elle est en tout cas le chef-d’œuvre et l’œuvre centrale des peintures éthiopiennes de la collection Christiane et Antonin Besse, qui était à l’origine constituée de six peintures provenant des murs de différents sanctuaires (ou monastères), qui furent toutes re-marouflées sur toile et restaurées de la manière la plus remarquable dès la fin des années 1950 ; notamment si on les compare au fameux ensemble de peintures dé-marouflées des murs de l’église d’Abba Antonios par Marcel Griaule, que le clergé de Gondär autorisa à collecter pour le Musée de l’Homme lors de la mission Dakar-Djibouti en 1932, et qui furent exposées dès leur arrivée à Paris en 1933 ; aujourd’hui toujours visibles dans les collections permanentes au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac ; en partie heureusement restaurées et re-marouflées sur toile à l’époque, mais malheureusement aussi enduites de colle. Cette peinture devait à l’origine probablement revêtir le mur ouest extérieur du sanctuaire appelé Mäqdäs (de forme cubique) d’une église éthiopienne (souvent circulaire), et dont l’accès à l’intérieur est exclusivement réservé aux prêtres, créant ainsi un mystère. Le secret et la notion du « caché-montré » ayant comme souvent en Afrique un caractère magique renforçant la force du mythe, le Mäqdäs abritant le tabot, la plaque d’autel consacré symbolisant les Tables de la Loi. Encadrant à gauche et à droite la porte ouest du sanctuaire, saint Georges terrassant le dragon se trouvait du côté où se plaçaient les hommes et la Vierge du côté qu’occupaient les femmes, à l’emplacement le plus visible pour les fidèles, comme c’est le cas sur tous les ensembles muraux depuis le XVIIe siècle. Saint Georges est le saint protecteur de l’Église Éthiopienne, et l’association de saint Georges et de la Vierge à l’Enfant est récurrente dans l’art sacré éthiopien depuis le XVe siècle, car l’image masculine de saint Georges véhiculant les valeurs guerrières et protectrices et celle féminine de la Vierge, se complètent dans l’idéal social de l’aristocratie éthiopienne, et cette association sera toujours à la mode dans la société de cour jusqu’au XVIIIe siècle. Voir : pour une autre des six peintures éthiopiennes de la collection Besse offerte à leur ami Jean Sauvagnargues : Vente Artcurial du 29 avril 2021 lot 142. Voir : L’Art de l’Éthiopie des origines au Siècle d’or (330-1527), Éd. Place des Victoires, 2021, et Peintures sacrées d’Éthiopie – Collections de la Mission Dakar-Djibouti, Éd. Sépia, 2005. Éthiopie, XVIIe siècle (ou antérieur) Toile, re-marouflée sur châssis, pigments anciens, restauration, manques visibles, dans un superbe état de préservation. 262 x 244 cm Provenance : Collection Christiane et Antonin Besse depuis les années 1950, et transmis par descendance. Publication :

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Estimate
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Time, Location
01 Jun 2023
France, Paris
Auction House
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Une sublime représentation monumentale fragmentaire de saint Georges terrassant le dragon pour sauver la princesse, et de la Vierge en maternité, Jésus en train de bénir, surmontés d’angelots tenant un voile au-dessus d’eux, saint Georges est suivi d’une armée, tous sont peints de face. Le royaume chrétien d’Éthiopie est l’héritier de l’ancien royaume d’Aksum, qui s’était développé sur les côtes africaines de la Mer Rouge au Ier siècle après J.-C., et dont les élites se sont converties au christianisme au IVe siècle. Les grands textes chrétiens sont alors traduits de l’arabe ou du grec en guèze (la langue éthiopienne ancienne), et l’église éthiopienne dépendra dès cette époque du patriarcat de l’église copte d’Alexandrie, et non de celui de Rome. Les peintures murales de la cathédrale d’Aksum sont déjà décrites comme des splendeurs dès le VIIe siècle par des exilés arabes, mais les plus anciennes peintures chrétiennes éthiopiennes ayant survécu, notamment aux importantes destructions et aux pillages (entre 1530 et 1543) lors du djiad lancé par les émirats musulmans du Sud-Est, remontent au XIIe siècle. Le siècle d’or de l’art chrétien éthiopien débuta au temps du roi Dawit et de sa descendance (aussi appelé David Ier, qui régna de 1378 à 1413), dont une des ambassades débarqua à Venise le 16 juillet 1402 pour ramener du matériel religieux et notamment des icônes et aussi faire venir des artisans italiens en Éthiopie. Mais les échanges commerciaux et les contacts avec le monde occidental qui se développent au XVIe siècle ne manquèrent pas de continuer d’enrichir et de renouveler la création artistique de ce qu’il est convenu d’appeler la peinture sacrée éthiopienne, qui se distingue par de nombreuses singularités, tant dans ses formes avec ses multiples et successives influences venant de l’extérieur mais aussi de l’intérieur du royaume, que dans ses usages proprement africains tels que ses caractères magiques ou thérapeutiques.Cette extraordinaire peinture monumentale est sans aucun doute un vrai chef-d’œuvre de la peinture sacrée éthiopienne, et de manière évidente nous pourrions juste affirmer simplement de la peinture dans l’histoire. Elle est en tout cas le chef-d’œuvre et l’œuvre centrale des peintures éthiopiennes de la collection Christiane et Antonin Besse, qui était à l’origine constituée de six peintures provenant des murs de différents sanctuaires (ou monastères), qui furent toutes re-marouflées sur toile et restaurées de la manière la plus remarquable dès la fin des années 1950 ; notamment si on les compare au fameux ensemble de peintures dé-marouflées des murs de l’église d’Abba Antonios par Marcel Griaule, que le clergé de Gondär autorisa à collecter pour le Musée de l’Homme lors de la mission Dakar-Djibouti en 1932, et qui furent exposées dès leur arrivée à Paris en 1933 ; aujourd’hui toujours visibles dans les collections permanentes au Musée du Quai Branly – Jacques Chirac ; en partie heureusement restaurées et re-marouflées sur toile à l’époque, mais malheureusement aussi enduites de colle. Cette peinture devait à l’origine probablement revêtir le mur ouest extérieur du sanctuaire appelé Mäqdäs (de forme cubique) d’une église éthiopienne (souvent circulaire), et dont l’accès à l’intérieur est exclusivement réservé aux prêtres, créant ainsi un mystère. Le secret et la notion du « caché-montré » ayant comme souvent en Afrique un caractère magique renforçant la force du mythe, le Mäqdäs abritant le tabot, la plaque d’autel consacré symbolisant les Tables de la Loi. Encadrant à gauche et à droite la porte ouest du sanctuaire, saint Georges terrassant le dragon se trouvait du côté où se plaçaient les hommes et la Vierge du côté qu’occupaient les femmes, à l’emplacement le plus visible pour les fidèles, comme c’est le cas sur tous les ensembles muraux depuis le XVIIe siècle. Saint Georges est le saint protecteur de l’Église Éthiopienne, et l’association de saint Georges et de la Vierge à l’Enfant est récurrente dans l’art sacré éthiopien depuis le XVe siècle, car l’image masculine de saint Georges véhiculant les valeurs guerrières et protectrices et celle féminine de la Vierge, se complètent dans l’idéal social de l’aristocratie éthiopienne, et cette association sera toujours à la mode dans la société de cour jusqu’au XVIIIe siècle. Voir : pour une autre des six peintures éthiopiennes de la collection Besse offerte à leur ami Jean Sauvagnargues : Vente Artcurial du 29 avril 2021 lot 142. Voir : L’Art de l’Éthiopie des origines au Siècle d’or (330-1527), Éd. Place des Victoires, 2021, et Peintures sacrées d’Éthiopie – Collections de la Mission Dakar-Djibouti, Éd. Sépia, 2005. Éthiopie, XVIIe siècle (ou antérieur) Toile, re-marouflée sur châssis, pigments anciens, restauration, manques visibles, dans un superbe état de préservation. 262 x 244 cm Provenance : Collection Christiane et Antonin Besse depuis les années 1950, et transmis par descendance. Publication :

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01 Jun 2023
France, Paris
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